[T] Panathénées, ou Dionysies ...?
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 [T] Panathénées, ou Dionysies ...?

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Diane Aphrodite.
Diane Aphrodite
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[T] Panathénées, ou Dionysies ...?  Vide
MessageSujet: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyDim 17 Avr - 21:08

Et vint le temps où les arrhéphores durent se retirer, après avoir comblé de leur don somptueux notre déesse Athéna. Je ne pose pas mes yeux sur les prêtresses qui m’entourent, sœurs qui ne sont pourtant que des impies, des rivales, des ennemies. Ces relations destructrices ne doivent pas empiéter sur les hommages que nous devons rendre aux dieux. Aucun mot, aucune parole ne doit être échangée qui ne puisse traduire ce ressentiment intolérable. Nous devions simuler l’union, ne serait-ce que pour ne point attirer l’attention de la foule d’Athéniens rassemblés ici. C’était l’heure pour moi, en tant que Grande Prêtresse, de déclamer le discours tant attendu par le peuple, destiné à ouvrir définitivement le banquet qui suivait irrémédiablement le sacrifice en l’honneur de Pallas. Malgré moi, mes iris clairs étaient à la recherche de Son visage. Celui de ce romain qui m’avait volé mon âme durant cette maudite heure qui nous avait rassemblé lui et moi. Le temple d’Aphrodite, les rues … tout cela était devenu confus dans mon esprit, et je ne vivais plus que dans la hantise de recroiser son chemin… tout comme l’inverse. Etait-il là, à me contempler de ce même regard fiévreux dont il avait couvert mon corps haletant ? Torturée, je mis fin à cet atermoiement, mon bras se levant en direction des dieux, comme pour attirer leur attention sur la foule de fidèles à leurs pieds. Comme pour attirer l’attention de mon auditoire. Les rumeurs qui enflaient toujours entre la fin de la procession, et l’hymne déclarée à la Cité et à la divinité, s’atténuèrent. Le jour extraordinaire des Panathénées, la chaleur qui survolait les rues et faisait luire mon front, l’atmosphère de transe qui s’emparaient aussitôt des serviteurs divins me frappaient de plein fouet … mais pas autant que l’odeur de l’encens. Plus puissant que les autres années, plus enivrant. J’étais dans les conditions idéales pour bannir tout ce qui n’était pas la déesse aux yeux pers. Et ma voix, forte, s’en ressentit :

« Athéniens ! Métèques ! Etrangers ! Femmes, enfants et esclaves ! Je chante en premier lieu Pallas Athéna, la glorieuse déesse aux yeux pers, à la grande intelligence, au cœur indomptable, vierge pure, vaillante souveraine de l’acropole, Tritogénie ; le prudent Zeus l’engendra seul, de sa tête vénérable, déjà revêtue des armes de la guerre, étincelantes d’or. A sa vue, tous les Immortels furent saisis d’étonnement : elle jaillit fougueusement de la tête immortelle, en brandissant un javelot aigu devant Zeus qui porte l’égide. Le vaste Olympe vibra sourdement sous le poids de la déesse aux yeux pers, la terre gémit d’un cri terrible, la mer fut bouleversée et enfla ses flots écumeux. Puis, soudain, les ondes s’immobilisèrent ; le fils radieux d’Hypérion arrêta longtemps ses rapides coursiers, jusqu’à ce que la vierge Pallas Athéna eut ôté de ses épaules immortelles les armes divines : alors le prudent Zeus se réjouit.
Ainsi, je te salue, fille de Zeus qui porte l’égide : et moi je te chanterai aussi dans un autre chant
. »

Je m’interrompis, attendant quelques secondes. Personne ne bougeait, même le léger souffle du vent s’était immobilisé. L’air lourd, suffoquant, pesait encore un peu plus sur nos êtres, engourdis par le temps et par ma voix. J’avais déjà atteint une première étape des transes qui m’envahissaient lors des cérémonies religieuses. Simplement, cette transe augmentait en teneur rapidement … très rapidement. J’inspirais profondément, inhalant l’encens comme pour en chasser l’impureté de mes pensées. Comme pour attirer en moi la volonté d’une Athéna chaste, qui avait toujours su repousser les assauts de ses nombreux prétendants.
Après avoir repris contenance, je m’élançai à nouveau, déclamant un verset de notre plus belle poésie à l’égard de la déesse
:

« Non seulement je chante, posé sur la cime des arbres, aux doux rayons du soleil qui m’échauffent, et me nourrissant des gouttes de la rosée féconde, musicienne improvisée, et sans frais réjouissant le voyageur qui passe ; mais tu peux me voir aussi sur la lance d’Athéna armée, car la cigale n’est pas moins chère à Athéna qu’aux Muses, car c’est de nous qu’elle s’est inspirée en inventant la flûte. »

J’entendais derrière moi mes sœurs prêtresses qui psalmodiaient dans des murmures obsédants, rendant à leur tour un hommage à notre protectrice. Sifflement incessant qui accrut mon trouble et mon bien-être. J’avais l’impression que des couches d’air elles-mêmes me portaient, que je flottais au-dessus d’une assemblée devenue fervente.

« Que les femmes se montrent aussi dignes et fidèles que la déesse. Tissez, priez et ne vous perdez point dans les méandres de la tentation ! Que les hommes montrent autant d’aptitude à témoigner d’intelligence dans le combat, plutôt que de toujours vouloir suivre la fièvre d’Arès ! Que les étrangers reconnaissent le culte de la déesse aux yeux pers et se soumettent à sa protection ! »

D’un geste, j’embrassai à nouveau la foule, un sourire venant effacer le sermon divin que je ne pouvais manquer de rappeler :

« Festoyez au nom de Pallas-Athéna , et gardez-vous des oliviers sacrés. »

Le banquet était ouvert. Lentement, le peuple se réveilla, les bruits de la vie revinrent, les voix s’élevèrent. Je demeurai un moment là où je me trouvais, mes mains jointes sur mon abdomen, tandis que je couvais d’un œil serein la masse prête à célébrer dignement et dans la convivialité notre vierge divine. Cependant, je sentis bien que les effets de ma transe se transformaient en autre chose. Je sentis une main me soutenir, tandis que ma tête se faisait lourde, qu’une légère douleur me transperçait le crâne. Puis plus rien. Je rassurai mes suivantes, mettant cette faiblesse sur le compte de la température qui faisait d’Athènes une cité plus étouffante que jamais. Quelque chose s’emparait de moi.

Je n’ignorais pas à quel point ce jour choisi pour son caractère pieux, de respect des traditions, allait virer en une abominable cérémonie …

Explication: Tout l'assemblée l'ignore. Elle fête en grande pompe la naissance d'Athéna sans se douter de ce qui les enivre. En effet, des âmes peu honnêtes ont remplacé les encens par des fumées bien plus dangereuses. Hallucinogènes, elles vont s'emparer de toutes les âmes pour faire d'elles ce qu'elles n'étaient pas auparavant. Que vous vous preniez pour un Dieu, que vous changiez de comportement ou que vous soyez un autre, tout est permis. Le but qu'ils se sont fixés est atteint: la nuit virera au cauchemar.
  • Il n'y a pas d'ordre de passage, les membres postent quand ils le veulent. Si vous vous engagez dans le RP, merci de le faire avancer.
  • Tous les personnages sont sujets à cette espèce de drogue. Vous pouvez néanmoins créer d'autres RPs dans le forum si vous préférez les petits comités.
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Daphnê Echo.
Daphnê Echo
Messages : 255
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyLun 18 Avr - 21:11


Panathénées, Panathénées… Le mot n’avait cessé de voler de bouches en oreilles au Temple d’Artémis depuis bientôt un mois. Les Panathénées, les plus grandes célébrations, qui faisait vibrer chaque année Athènes et ses habitants le temps d’un jour et d’une nuit – l’unique moment où Athéna ravissait à Poséidon ses pouvoirs d’ébranleur de cités pour agiter tout son peuple. Daphnê bailla un grand coup tandis que ses camarades s’affairaient précipitamment dans les vestiaires des thermes du Temple. Soit, elle comprenait que c’était une grande occasion. La jeune fille avait bien fait un effort minimum pour se rendre présentable ; elle avait enfilé la tunique de cérémonie immaculée imposée chez les prêtresses d’Artémis, natté ses cheveux châtains et enfilé le bracelet d’argent et de lapis-lazuli que Néo lui avait offert. Seulement, voilà, elle ne comprenait pas ce qui excitait autant ses congénères. Après tout, elle devait être la moins pressée de toutes à se rendre au Parthénon, et pourtant elle était la seule à avoir terminé de se préparer.
Daphnê jeta un coup d’œil vers Pénélope, une des prêtresses les plus âgées, pour l’apercevoir, la bouche béante, se faire tracer un épais trait de khôl sur les paupières par une autre femme aux poignets et aux chevilles chargés de bijoux. Elle ne comprenait vraiment pas ce qui les affairait autant. Les suivantes d’Artémis n’avaient pas rendez-vous avec des hommes, jusqu’à nouvel ordre. A moins qu’elles n’espéraient taper dans l’œil de Zeus, devenir l’une de ses ô combien nombreuses conquêtes mortelles, porter un de ses fils, et accessoirement recevoir en retour le courroux d’Héra. Daphnê sourit vaguement. Leurs atours ne pouvaient pas être en l’honneur d’Artémis non plus, à l’évidence. Pour quoi alors ? Pour le plaisir d’être admirées par la horde de citoyens qui seraient présents à la cérémonie ?... Non, vraiment, c’était presque une hérésie de se parer ainsi.

La grande prêtresse d’Artémis entra dans le vestiaire et pressa tout ce beau monde dehors, en direction du Parthénon. En trainant légèrement des pieds, Daphnê gravit la colline d’Athènes. Des heures de sermon à écouter sagement, en se tenant bien droite parmi ses semblables, jusqu’aux libations… Et puis, à nouveau ses devoirs de prêtresses à respecter devant toute la crème du peuple athénien. La jeune fille détestait au possible tous ces cérémoniaux, qui la condamnait à ne pas errer à son gré, et ce sans aucune échappatoire possible. Les adoratrices d’Artémis s’installèrent sur les marches du Parthénon aux côtés des prêtresses des autres sanctuaires, et le rituel commença. Tandis que la prêtresse d’Athéna, Diane, n’en finissait pas de réciter ses cantiques, Daphnê ne put refreiner un nouveau bâillement en suppliant intérieurement les Dieux d’accélérer ces Panathénées.
Elle avisa rapidement le buffet bien garni qui se trouvait près de l’assemblée des citoyens et déglutit avec envie ; une fois les prières terminées, elle devrait redescendre au temple avec les autres et n’aurait même pas le droit de goûter à ces mets. C’était à s’en damner. En jetant un nouveau regard à la table de banquet, elle aperçut un visage familier à gauche, perdu dans la masse populaire. Néo. Daphnê regarda autour d’elle les têtes uniformément tendues en direction de Diane, s’accroupit au milieu des prêtresses pour disparaitre au regard de tous, et se faufila en canard entre les tuniques de ses semblables jusqu’à l’extrémité gauche du groupe. A nouveau, elle se mit debout, nota la position de Néoptolème dans la foule, s’accroupit et marcha à pas précipité en sa direction. Ignorant les regards surpris que lui lançaient les gens qu’elle croisait et bousculait en se frayant un chemin, Daphnê arriva au niveau de son frère pour lui toquer sur l’épaule.

    « Néo ! Pssht, Néo ! »

Celui-ci se retourna et la dévisagea, visiblement surpris par son apparition. Son regard s’attarda sur sa tunique blanche partiellement maculée de poussière et ses sourcils se froncèrent. Avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Daphnê lui mit la paume contre la bouche et lui murmura :
    « Non, je ne suis pas censée être là, mais oui, je m’ennuyais à en mourir là-bas ; et puis je t’ai vu… »

La jeune fille ôta sa main des lèvres de son frère pour poursuivre :
    « … Je préfère passer cette célébration avec toi, en famille, plutôt qu’avec les autres du Temple. »

Elle savait que de tous les arguments qui justifieraient son comportement, celui de la famille serait celui qui ferait mouche chez Néoptolème. De toute façon, tant qu’elle était près de lui, il ne rechignerait pas trop à ce qu’elle désobéisse aux prêtresses. Daphnê d’agrippa au bras de son frère préféré. L’important, c’était qu’elle ait réussi à s’extirper du cérémonial religieux pour rejoindre le festoiement du peuple. Avec un soupir de soulagement, elle remercia Artémis de l’avoir laissée rejoindre Néo.
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Néoptolème Maxence.
Néoptolème Maxence
Messages : 467
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyMar 19 Avr - 13:20

    Pour beaucoup, les Panathénées sont une occasion festive, où les gens se réunissent en souriant, en remerciant la déesse condescendante qui leur accorde autant de bienfaits, à festoyer sans se soucier réellement du lendemain. Athènes baigne dans une atmosphère joyeuse, lumineuse même. Les gens n’attendent qu’une chose : de pouvoir exprimer leur gratitude envers Athéna.
    Le jeune Néoptolème étouffe un baillement en écoutant le discours de Diane. Il tente de faire bonne figure, parce qu’il se rappelle de tout ce qu’elle a fait pour lui, du pouvoir de ses simples mots. C’est ce qui l’a poussé à accepter de venir au lieu de se terrer dans son atelier, à ruminer de sombres pensées en essayant de s’améliorer dans l’art de l’amphore, qu’il est bien loin de maîtriser. Au lieu de cela, il a enfilé sa plus belle tenue, offerte par Stefanos, et accepté de le suivre au Parthénon. Mais pour être honnête, il s’ennuie à mourir. Il essaie juste de ne pas le montrer. Une autre raison le pousse : la raison du scandinave Yrian. A peine l’a-t-il vu que Néoptolème a sauté sur l’occasion pour se séparer de Stefanos. En outre, le Nordique avait l’air perdu, tout seul, et le jeune homme, qui l’apprécie, a eu envie de lui tenir compagnie. Il lui a déjà glissé quelques mots explicatifs, et s’il veut être attentif, c’est aussi pour pouvoir éclairer son compagnon si celui-ci lui pose une nouvelle question. N’empêche, il est dur de se concentrer sur un discours aussi barbant. Sans être un impie complet, Néoptolème a tendance à ne plus trop croire à ceux que disent les prêtres sur les Dieux ; et si Daphnê n’y trouvait pas son compte, il l’aurait retirée du temple d’Artémis. Il est en effet inconcevable pour lui que les Dieux aient envie de s’en prendre à quelqu’un qui n’a jamais été contre leurs édits et qui ne méritait pas d’être puni à la place de quelqu’un d’autre. Il a toujours l’impression – et sans doute est-ce vrai -, qu’il est le seul à souffrir de ce passé, de cet acte barbarie. Les autres connaissent l’oubli dans l’étreinte d’Hadès, et Daphnê a su tourner la page. Pas lui. Le jeune homme, totalement déconnecté du discours désormais, serre le poing en songeant à ces souvenirs douloureux. Il respire une bonne bouffée d’encens, inconscient du danger qu’il court. Impossible de se détendre, même pendant une fête.

      « Néo ! Pssht, Néo ! » : l’interpelle soudain une petite voix familière.

    Il sent sa main sur son épaule. Surpris, il se retourne et observe avec une incrédulité ravie le visage de sa sœur qui le regarde, tout sourire. Ainsi a-t-elle le droit de le voir ? La réponse lui vient quand il contemple sa tunique, un peu trop poussiéreuse pour une prêtresse. Ses sourcils se froncent. Elle n’a quand même pas osé désobéir ? Ah, sacrée Daphnê, tout de même, elle en fait toujours à sa tête. Néoptolème s’apprête à la gronder mais la main de Daphnê se pose sur sa bouche.

      « Non, je ne suis pas censée être là, avoue-t-elle, mais oui, je m’ennuyais à en mourir là-bas ; et puis je t’ai vu… »

    Malgré lui, Néoptolème sourit. Certes, cette jeune inconsciente ne devrait pas être ici, et il devrait la disputer pour cela, portant seul la responsabilité familiale. Mais comme d’habitude, charmé par son innocence et son amour purs, il laisse tomber et son regard s’adoucit.

      « … Je préfère passer cette célébration avec toi, en famille, plutôt qu’avec les autres du Temple. » : ajoute Daphnê.

    C’est en tout cas suffisant pour que Néoptolème se rende à ses arguments. Il est vrai qu’une véritable fête ne peut se faire qu’avec des gens chers. Or ils n’ont plus que l’autre sur qui compter. Néoptolème lui désigne la place à côté de lui, la regarde s’asseoir en s’extasiant devant sa simplicité – il est fier d’être son frère, quand il la voit. Il remarque qu’Yrian, à sa droite, paraît reconnaître Daphnê. Une pointe de colère jaillit en lui, qui s’énerve de constater qu’un homme veut encore tourner autour de sa sœur. Et puis il s’apaise en constatant qu’Yrian ne semble pas accorder trop d’importance à Daphnê. Il l’a croisée, c’est indéniable, mais il n’a pas la même lueur d’intérêt désagréable que d’autres. Il semble complètement neutre, à vrai dire, et Néoptolème estime que cela prouve qu’on peut avoir confiance en lui.

      « Détrompe-toi, Daphnê, je suis enchanté de te revoir, assure-t-il en lui adressant un de ses rares sourires sincères. J’ai cru comprendre, ajoute-t-il en désignant le Scandinave, que vous vous êtes déjà vus ? Yrian, je te présente Daphnê, ma sœur. »

    A la manière dont Néoptolème l’annonce, d’une façon à la fois douce et menaçante, n’importe qui aurait compris qu’il tient beaucoup à elle et que le premier qui l’approche passera un mauvais quart d’heure. Somme toute, qu’il est un frère supra-protecteur. Et en contemplant Daphnê qui ne paraît pas s’en offusquer, on comprend aussi qu’elle ne se laisse pas faire.

      « Alors dîtes-moi, vous deux. Si vous me racontiez les circonstances de votre rencontre ? »

    Pour l’instant, l’encens trafiqué ne fait pas encore d’effet sur Néoptolème. Cependant, celui-ci constate qu’il se sent beaucoup plus libre. Il a un peu la tête qui tourne, à cause de l’hallucinogène ; il a l’impression de planer, comme si les barrières physiques se faisaient plus ténues et que bientôt il pourra tenter un voyage astral. Bah, songe-t-il, sans doute une impression. Il doit avoir envie de dormir, le discours de Diane étant très intéressant et très soporiphique.
    Alors qu’il écoute Yrian et Daphnê, il se rend compte que le festin a déjà commencé et qu’il ne s’en est pas rendu compte. Lançant un regard vague sur son assiette, trouvant que l’encens était un peu trop fort pour son esprit et son corps éreintés, il tend la main vers la nourriture, mais ne porte rien à ses lèvres.
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Invité.
Invité
[T] Panathénées, ou Dionysies ...?  Vide
MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyDim 24 Avr - 0:21

Les milliers de paires de sandales qui foulaient le sol nu de l’Acropole faisaient s’élever un nuage ocre autour de la populace athénienne. La poussière brûlait la gorge, les yeux de Maia et venait se coller à sa peau dorée mais moite, le soleil de plomb frappait le sommet de son crâne noir de jais, malgré tout la prêtresse demeurait hiératique et suivait ses sœurs dans la procession solennelle qui les menaient, et à leur suite les Athéniens, au pied du Parthénon.
La soif, la chaleur, la fatigue n’étaient pourtant rien en comparaison du sentiment d’humiliation qui brûlait ses veines. Pourquoi la haine, pourquoi la rage alors que toute la grande cité était en fête, unie dans la félicité de sa prospérité sans rivale ? La raison se trouvait en cette femme qui leva haut les bras vers le ciel, comme pour se rapprocher un peu plus du sommet de l’Olympe. Comme elle prenait la parole de sa voix claire, la mâchoire de la prêtresse se crispa. Il était heureux que les prêtresses tournent le dos à la multitude, nul de pouvait lire l’envie, l’orgueil dans les yeux de la pourtant si douce Maia Cleo. Nul ne pouvait voir comme l’unité si fièrement prêchée par les filles d’Athéna, par les archontes et les politiciens était une hypocrisie que chacun faisait mine de défendre, tout en lui portant chaque jour quelques coups sournois, un peu plus fatals.

Maia était bien loin de faire exception, car les revers de fortune qu’elle avait récemment connu dans le milieu très clos et secret du collège des prêtresses lui avaient forgés une armure aussi inviolable et solide que celle des hoplites. Rien dans son port de statue, dans son regard azur droit, dans le chant de ses psalmodies ne trahissait le calvaire qu’elle endurait de se trouver là, complaisante et obéissante, à une place qui n’aurait plus dû être la sienne depuis longtemps. Car oui, elle se voulait à la place de Diane Aphrodite. Farouchement. Férocement. Elle voulait prononcer les vers sacrés, sentir les frémissements de la foule courir dans son sang, toucher d’un peu plus près les cieux qui abritaient ces dieux qu’elle révérait tant.
Lentement, ses poings se serraient dans les plis de son vêtement. Ses ongles pénétraient la chair de ses paumes et les meurtrissaient. La vindicative Maia accueillait cette douleur comme une amie qui l’aidait à traverser cette épreuve proche de l’insupportable. D’ailleurs, impossible pour elle de se l’admettre, mais ce qui rendait ce moment si insupportable n’était pas tant le fait d’écouter sa rivale comme le vecteur privilégié entre la déesse protectrice et son peuple, mais c’était surtout d’écouter Diane et de ne trouver aucune faille dans ses gestes, ni dans son discours. Celle qui avait été choisie était capable et même tout à fait digne d’endosser le sacerdoce suprême. Et voilà bien ce qui était le plus douloureux. Maia lutta contre les larmes de la déception, de la rancune tenace.

Le banquet annoncé, Maia eut un imperceptible sourire ironique qui vint ourler le coin de ses lèvres. L'unité et la piété athénienne tellement vantée trouvait bien ici sa plus belle expression... Soudain, la Grande Prêtresse vacilla sur son piédestal. Par pur réflexe, Maia Cleo fut l’une des premières sœurs à se précipiter pour la soutenir. Comme le sang désertait le visage sans défaut de Diane, Maia se surprit à nourrir des pensées impies. Elle parvenait assez mal à ses oreilles à feindre l’inquiétude, trop satisfaite de constater que sa rivale pouvait faillir. Qui disait sens propre, pouvait tout aussi bien dire sens figuré…
Alors qu’elle commandait du vin pour hydrater la Grande Prêtresse et lui faire reprendre ses esprits, elle se sentit nauséeuse à son tour. Ses paupières battirent à plusieurs reprises. Chaque pensée devenait plus obscure et plus difficile. Et puis soudain, alors qu’elle retirait sa main du peplos de Diane, elle fit la moue au contact d’un liquide chaud et visqueux.

Le sang.

Le sang rouge, écarlate, envahit sa vision. Ses mains en étaient maculées. Emportée par une force mystique, son esprit ne lui appartenait plus. Son cri perçant, horrifié, déchira l’air et s’éleva au dessus la foule sous emprise.
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Dorian Fabius.
Dorian Fabius
Messages : 874
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyDim 24 Avr - 20:49

    Depuis combien de temps les journées et les nuits à Athènes n’avaient pas été aussi chaudes ? Le romain se le demandait. La sueur dégoulinait le long de ses tempes, glissant sous forme de petites perles jusqu’au creux de sa mâchoire. Il faisait si chaud qu’il sentait les gouttes d’eau rouler dans son dos et s’écraser sur ses reins. Il plissa les yeux un moment et déglutit difficilement. Sa langue était sèche et se frottait à son palais, essayant de chasser en vain l’envie de boire comme jamais. Il soupira et regarda Christos se préparer. Tout un rituel pour quelqu’un de peu croyant, c’était d’une telle ironie … Pourtant, le jeune esclave resta droit comme un piquet, observant du coin de l’œil son maitre s’habiller. Il attendit un geste de ce dernier pour l’aider mais, étrangement, Christos ne demanda rien. Le silence, aussi lourd que la chaleur qui pesait sur la ville, s’était de nouveau installé entre eux. Dorian ne savait plus ce qui était le plus horrible de leur relation ; le silence ou les questions dérangeantes mais qui donnaient l’illusion d’un échange humain ? Dorian soupira de nouveau en baissant la tête. Il avait tellement changé depuis quelques temps qu’il avait du mal à se reconnaitre lui-même. Et pourtant… Face au gymnète, c’était toujours la même rengaine. Il se mordit la lèvre, attendant patiemment que le maitre termine sa tâche.

    On ne peut pas dire que Dorian était quelqu’un d’hérétique. Au contraire. Lorsqu’il était à Rome, c’était l’un des premiers à rendre hommage à ses Dieux, à les célébrer comme il se doit et à les honorer. Mais là, l’esclave romain était totalement perdu. Les rituels athéniens – païens pour certains romains qu’il avait croisé dans Athènes et qui s’offusquaient à chaque célébration d’un Dieu – lui étaient totalement inconnus. Plusieurs fois, il avait voulu interroger Christos sur l’art et la manière des rituels athéniens, mais très vite, en croisant le regard froid de son maitre, il se ravisa, ravalant ses questions. Comme lorsque l’athénien s’habillait, le trajet jusqu’au Parthénon fut d’un ennui et resta feutré dans le mutisme le plus absolu. Dorian, comme à son habitude, marchait sur l’ombre de Christos, relevant discrètement la tête pour garder un œil sur celui qui le dominait. La chaleur commençait réellement à devenir étouffante et les pas rapides du gymnète n’arrangeaient strictement rien. D’un revers de main, il essuya son front moite et accéléra lui aussi le pas. Ils ne seraient pas en retard, ça, c’était certain.

    En retard pour quoi ? Une fête que Christos ne devrait pas célébrer vu l’impie qu’il était et dont Dorian ignorait toutes les coutumes ? C’était carrément stupide. C’était du délire. Le romain regrettait déjà d’avoir suivi son maitre jusqu’ici. Pas de retour en arrière possible. Il était déjà trop tard. De toute façon, il était las de recevoir des coups pour des absurdités. Il se mordit la lèvre et leva les yeux au ciel, priant ses Dieux de le pardonner pour sa trahison. Lui qui ne pouvait pas célébrer ses propres Dieux « chez lui », il se retrouvait à faire la fête en l’honneur d’Athéna. Il frissonna d’horreur et encercla son corps de ses bras. Ce qu’il pouvait y avoir du monde pour une fête… Toute la ville devait être présente. Incroyable…

    Plusieurs fois, alors que les deux hommes tentaient de se frayer un chemin à travers la foule qui attendait les saintes paroles de la prêtresse, Dorian avait voulu attraper du bout des doigts la tunique de son maitre pour lui poser enfin toutes les questions qu’il avait dans la tête. Et pas uniquement sur les Panathénées… Les épaules du jeune romain bousculèrent un nombre incalculable de fois des athéniens qui rouspétèrent. Christos s’arrêta finalement alors que son esclave ne s’en rendit même pas compte. Sans le faire exprès, Dorian lui rentra dedans et s’empressa de faire tout un tas de courbettes en lui exprimant ses plus plates excuses.

    Le regard bleu de Dorian s’arrêta sur la grande prêtresse. Il ne savait pas son nom, il ne savait rien de cette athénienne dévouée à Athéna mais il savait que la beauté de cette femme, si elle n’avait pas dévoué son corps à l’abstinence, aurait été l’objet de bien des convoitises. Il se surprit lui-même à rougir devant cette femme. Il déglutit et dévia son regard vers l’assemblée toute ouïe. Et cette chaleur intense… Il passa sa langue sur ses lèvres pour les humidifier. Ses yeux bleus s’illuminèrent ; un buffet. Les esclaves n’avaient certainement pas le droit de s’y servir mais c’était tellement tentant… Du vin, des fruits, des légumes et même de la viande cuisinée. C’était vraiment trop beau pour être vrai. Peut-être que finalement, il aimait bien les fêtes païennes. Mais, alors que son regard se posa sur quelqu’un en particulier dans la foule, il serra le poing. Ce n’était pas étrange de le voir ici, bien au contraire, mais le voir se pavaner avec sa chère et tendre petite sœur alors que lui, lui… Lui il était bloqué là, avec cet idiot de Christos qui se foutait de son Athéna et qui venait juste se bourrer la gueule une énième fois. Dorian cligna des yeux plusieurs fois. Cela ne lui ressemblait pas de perdre son sang froid de la sorte et de mélanger ses pensées pour si peu. Il secoua la tête. De toute façon, c’était la faute de cet abruti de Néoptolème. Tout son être lui donnait la gerbe ; son visage de gamin qui croyait tout savoir, ses yeux clairs qui pensaient connaitre l’âme de chaque être qu’il croisait, son corps robuste et ses courbes parfaites… Si seulement il pouvait lui mettre son poing en pleine figure… Si seulement il pouvait s’avancer et le réduire en bouillie une bonne fois pour toute. Athènes serait débarrassée d’un enfoiré pourri gâté. Et la petite sœur… Pour une jeune prêtresse, elle semblait bien se faufiler entre les hommes. Dorian grimaça et fit la moue. Beurk. Répugnant. Non… Répugnants. Cette famille lui donnait envie de vomir. Et Christos aussi.

    Mince. Il n’avait même pas écouté le discours. Qu’est-ce que ça disait déjà ? L’amour, la paix, la Cité, la Politique, Zeus ? Non, peut être pas. Ou… Non. Et puis il faisait chaud, il avait une excuse pour ne pas écouter. Oh et ce foutu buffet qui l’appelait et lui hurlait de venir le dévorer… Le romain s’en léchait les babines. C’était de la torture pure et simple. Sans réaliser ce qui était en train de se produire, Dorian tira sur la tunique de Christos et se pencha sur lui, lui chuchotant :

    « - C’est quand qu’on peut ENFIN accéder au buffet ? Je commence à n’en plus pouvoir et il fait SUPER chaud. ».

    L’esclave s’éventa d’une main alors qu’il insistait à tirer sur le péplos de son maitre. Il n’avait même pas remarqué le cri de apeuré de l’une des prêtresses. En réalité, il s’en foutait royalement. Hmmm… En fait, la soirée semblait bien sympathique en perspective. La chaleur allait être vite occultée.
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Christos Anthony.
Christos Anthony
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyDim 24 Avr - 22:04

    Les Panathénées n'étaient qu'une vaste plaisanterie pour Christos. Il y eut un temps où il attendait cette célébration en trépignant d'impatience, avide de fêter la naissance d'Athéna, sa déesse bien-aimée et protectrice. Mais aujourd'hui ? Il doutait chaque jour de sa foi envers les dieux qui étaient censés le guider. Il n'accordait plus confiance à ces hommes et femmes au statut divin. S'il revenait d'une bataille – sans doute déclenchée par Arès – en vie, il le devait à sa bravoure et à sa résistance. Il n'avait aucun compte à rendre. Cependant, ces fêtes grandiloquentes étaient une énième raison de festoyer en compagnie de ses amis, de profiter du vin et de la nourriture, gracieusement offerts par la cité. Tout en se préparant, l'athénien jetait de temps à autre quelques oeillades discrètes à son esclave, ce faible et fidèle Dorian, sans pour autant rompre le lourd silence qui s'était imposé entre eux. Et ce depuis longtemps. Depuis la querelle du marché, une histoire remontant à bien des semaines. Il se sentait gêné face à son larbin, il avait l'impression que cette aventure, partagée sur un même pied d'égalité, avait ouvert des portes qui se devaient de rester fermées. Christos ne voulait pas remettre en question la place de Dorian sous son toit : il avait été acheté pour servir. Servir et obéir. Quoiqu'il arrive. Il n'était ni un confident, ni un compagnon, et encore moins un ami. Afin de lui rappeler son véritable statut, le gymnète n'hésitait pas à le darder de regards hautains et méprisants à chaque fois qu'il en avait l'occasion. Il ne prit pas la peine de lui expliquer où ils se rendaient, ne le sachant plus lui-même. Les Panathénées... qu'aurait-il pu dire ? Il s'en moquait tellement. Ce n'était pas demain la veille que la pieuse foi qui l'étreignait il y a quelques années ne se réveillât enfin. Gratifiant son esclave d'une tape contre la nuque pour l'obliger à avancer, Christos quitta sa modeste demeure en direction du Parthénon.

    La chaleur athénienne était intenable, mais pas exceptionnelle. Pour avoir vécu dans la cité depuis sa naissance, le jeune soldat avait déjà fait face aux colères d'Hélios. Il essuya le film de sueur qui recouvrait son front et, indifférent aux difficultés de Dorian, pressait l'allure. Dans les campagnes de guerre, il avait marché sous bien pire. Souvent, il poussait des soupirs agacés en entendant son esclave trottiner derrière lui et manifestait sans vergogne son impatience. Par tous les dieux, quel était cet être qui peinait à suivre ses pas ? Chaque jour, il ne cessait de repenser au prix que lui avait coûté ce romain et chaque nuit, il rêvait d'avoir conclu meilleure affaire. Les lèvres pincées, il se fraya un chemin parmi la foule amassée à l'entrée du temple sacré pour écouter – ou lorgner sur le buffet plutôt – le discours de la prêtresse. Des sourires moqueurs apparurent plusieurs fois sur son visage glacial, un rire discret jaillit même de sa bouche vers la fin de ces paroles jetées à la foule. Si les serviteurs des dieux savaient pourquoi il était ici, à tendre une oreille ennuyée à ces sermons inutiles, nul doute qu'ils l'auraient renvoyé sans ménagement dans sa masure insignifiante. Les bras croisés, il attendait que cette introduction orale s'achève pour goûter aux fruits juteux étalés non loin devant lui. Dans cette foule dense, il avait croisé quelques visages connus, notamment ceux de ses compagnons de guerre, avec qui il ferait autre chose que prier et louer la naissance d'Athéna.

    Alors qu'il était absorbé par des rêveries autres que religieuses, Christos sentit une pression sur son exomide. Il se retourna, les sourcils froncés, vers son larbin. Ce dernier... s'impatientait ?! Etait-ce une vision ? Etait-ce Dorian, si humble, si insignifiant ? Choqué par ce qu'il venait d'entendre et étrangement nauséeux, le gymnète secoua la tête et repoussa brutalement son esclave, une veine palpitante au niveau de sa tempe. Il se sentait mal. Très mal. Une force inconnue l'étourdissait... Ses brûlures, vestiges de l'incendie de son enfance, l'élançaient furieusement. « N'as-tu pas honte de réclamer ? As-tu oublié ton statut, esclave ? Que je ne te voie pas t'approcher des mets. Ils ne te sont pas destinés. Et si tu souffres de la chaleur, rentre, je ne te retiens pas. » Cracha-t-il à la figure de Dorian. Ses vieilles blessures embrasaient chaque parcelle de sa peau. Il leva un regard terrifié vers le visage intransigeant d'Athéna, ignorant le hurlement déchirant qui venait d'agiter l'assemblée. Il avait pourtant cicatrisé, depuis des années... Pourquoi ces douleurs se réveillaient-elles aujourd'hui ? Sa souffrance – seulement intérieure, et non pas extérieure comme il le croyait – rendait ses yeux fous. Il voulait l'exorciser. Ses mains semblaient s'enflammer sous ses yeux ahuris. Il ne comprenait pas ce qui se passait, il lui fallait juste de l'eau pour éteindre ce brasier naissant... Du moins, le pensait-il. « Ne reste pas là imbécile, murmura-t-il à l'adresse de Dorian, apporte-moi de l'eau ! »
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Orion Attis.
Orion Attis
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyMar 26 Avr - 9:33

La porte en bois de la maisonnée habituellement claquée se referma avec douceur. Une main posée dans l’encadrement, elle ne fit aucun bruit et n’émit aucun grincement. A peine fut-elle refermée que le destin de l’homme fut scellé. Il ne pouvait plus y échapper. Se retournant pour considérer un instant la foule agitée qui se dirigeait vers le Parthénon, Orion le maitre d’armes sentit une goutte de sueur perler le long de sa nuque jusqu’à son dos. D’un geste nerveux, il remit en place les quelques mèches qui en avait profité pour se faufiler devant son regard bleu azur. Aujourd’hui était un grand jour et pourtant, il avait l’impression que jamais il ne surmonterait cette journée. Daphné avait déjà sûrement rejoint l’assemblée qui s’était formée près du temple et il osait espérer la trouver rapidement là-bas pour ne pas avoir à la chercher dans tout Athènes une nouvelle fois. Intérieurement, il la maudissait une nouvelle fois pour ce qu’elle lui avait forcé à faire. Cette pensée douloureuse lui arracha une grimace alors qu’il baissait son regard jusqu’à son torse. Une toge. Il avait mis une toge ! Qui avait bien pu donc avoir l’idée de lui offrir ce vêtement infâme exprès pour l’occasion ? Nul doute que c’était l’œuvre de sa cadette et en citoyen respectable, il avait du délaisser son plastron réconfortant et s’astreindre aux traditions. L’exomide immaculée qu’il portait sur le dos était sujet au moindre courant d’air et déjà à plusieurs reprises, il avait frissonné face à la petite brise qui occupait les rues. Son épaule bronzée et découverte contrastait fortement avec la netteté du tissu et la ceinture qu’il fut obligé de mettre à sa taille l’empêchait déjà de pouvoir se mouvoir comme il le souhaitait. Si cette soirée ne fut pas sacrée, il aurait maudit jour et nuit Athéna d’avoir exigé le meilleur de ses citoyens en ce jour ! C’est donc avec appréhension et malaise qu’Orion suivit le mouvement jusqu’à la place tant attendue. Plus il marchait et plus de doux fumets et autres arômes appétissants excitaient ses narines d’une soudaine gourmandise. L’avantage avec les fêtes religieuses c’est que les réjouissances étaient fastueuses et duraient toute la nuit. Passé le remerciement divin, l’estomac d’Orion pourrait le remercier pour l’appétit qu’il avait.

Il fut enfin parvenu à destination. Les voix s’élevaient de chaque côté et déjà il sentait le mal de crâne le guetter. Tout le monde était heureux et enthousiaste, même les étrangers s’étaient joints à eux dans l’espoir de pouvoir gouter à la luxure athénienne. Ils allaient être servis : les Panathénées étaient certainement l’une des plus grandes célébrations au sein de la cité. Elles remerciaient la Grande Athéna, déesse de la sagesse, de la bravoure et surtout la mère maitresse de la cité. Sans doute ne serait-il plus là s’ils avaient provoqué son courroux… Soudain, tout le monde se tut alors que la grande Prêtresse Diane s’avança vers la foule, de la prestance et de l’élégance qui la caractérisait en tout temps. Elle remplissait parfaitement son rôle et chaque parole qu’elle prononçait semblait transpercer chaque Athénien d’une nouvelle piété. Les hérétiques se pointeraient plus tard, pour l’heure, il n’y avait que les gens honnêtes sur cette place, Orion osait l’espérer. Il n’était pas d’humeur à voir le moindre conflit se profiler et vu la tête des quelques soldats chargés de la surveillance, ils n’étaient guère prêts non plus. Lorsque Diane acheva le discours dédié à Athéna, Orion eut un faible sourire à son intention. Personne d’autre n’était capable de remplir son rôle comme elle le faisait. Les divinités devaient être satisfaites. Alors qu’un mouvement soudain venu de nulle part se dirigeait soudainement vers les longs banquets établis pour l’occasion, le maitre d’armes en profita pour scruter la foule à la recherche de quelques têtes connues. Si tout Athènes devait être réunis, les plus riches comptaient certainement se pavaner et montrer de leurs riches ornements plus tard dans la soirée. Ses yeux bleus s’arrêtèrent sur une tête brune connue. Sa chère Daphnê, amie de sa cadette et ancienne camarade très proche. Lui adressant un sourire, il allait s’élancer jusqu’à elle quand il remarqua qu’elle rejoignait son frère Néo. Bien qu’il ne le détestât pas, il se résigna néanmoins à les rejoindre. Il ne le savait que trop : lors de ses réunions spéciales, la paranoïa d’un frère était vite éveillée. Sans doute aurait-il le temps de les saluer plus tard. Il s’avança alors vers Diane qui semblait défaillir pendant quelques instants. Sous cette chaleur écrasante et étouffante du crépuscule, ce n’était pas étonnant. Se frayant un chemin parmi la foule, il bouscula involontairement un homme qui venait d’ordonner à son esclave de quoi se rafraichir. Cette voix autoritaire et froide lui glaça le sang alors qu’il en reconnut l’auteur. Le visage d’Orion se contrit en une expression hautaine alors qu’il se contenta d’un vague : « Bien le bonsoir, Christos Anthony. » Nul besoin de s’attarder aux côtés de cet homme qu’il appréciait peu, sa cadette non plus n’était pas forcée de demeurer à ses côtés, il allait y veiller personnellement. Avec un peu plus de considération, il jeta un coup d’œil à l’esclave qui semblait pris du même mal. Il se contenta d’un mouvement de tête en guise de salut puis il rejoint la horde de prêtresses.

Comme des femmes affairées qui prenaient soin de leur plus précieux des trésors, elles s’étaient précipitées jusqu’à Diane pour la retenir en cas d’évanouissement. La venue d’un homme dans cette secte purement féminine n’était pas la meilleure des idées mais la prêtresse n’avait jamais vu aucune menace en Orion, du moins pas depuis de longues années… Se retournant, il piqua avec vivacité une coupe à un habitant qui lui jeta un regard noir avant de filer se resservir. Il suffit de la humer quelques secondes pour en reconnaitre l’odeur du vin frais et gouteux. Qu’importe la boisson, il fallait la rafraichir. « Tenez Diane, buvez ceci. » Il lui tendit la coupe puis l’aida à se redresser complètement. Mais alors que tout semblait rentrer dans l’ordre, juste à côté de lui, un cri perçant déchira la foule occupée. Orion reconnut sans mal Maia qui hurlait ses poumons tout en fixant, effrayée, ses mains qui demeuraient pourtant parfaitement normales. Il se précipita jusqu’à elle et la fit taire d’une main sur la bouche sans ménagement. Prêtresse ou pas, il avait toujours du mal à considérer Maia comme telle. « Es-tu folle ? » Lui murmura-t-il alors qu’il la libérait enfin. Anxieux, il frotta ses mains quelques instants pour vérifier qu’elles n’avaient rien puis il agrippa son poignet pour l’éloigner des autres qui la regardaient d’un air plutôt perplexe. Cela faisait de longs mois qu’ils ne s’étaient pas revus et la rencontre était plutôt singulière, comme à leur habitude. Il s'arrêta un instant pour saluer Diane à nouveau. « J'ose espérer vous revoir au cours de la soirée, prêtresse. » Puis il repartit. Au fur et à mesure des pas, l’odeur délicieuse des encens allumés l’enivra peu à peu. Il adorait l’encens et s’il n’était pas capable d’en faire brûler sans prendre le risque de mettre le feu à la maisonnée, il s’en délectait sans ménagement lors des célébrations. Ceux-ci était si forts qu’il lui fit tourner la tête quelques secondes, lui provoquant une nausée éphémère mais dérangeante, puis il secoua la tête alors qu’il parvenait à s’extirper de la foule en compagnie de Maia. « Comptes-tu faire des frasques et gâcher la soirée ? » Tout deux savaient de quoi ils parlaient et ils tenaient mettre les choses au clair, avant qu’il ne puisse profiter de ces mets délicieux. L’arôme de l’encens lui piquait légèrement les yeux mais il résistait, essuyant de temps en temps son front d’un léger film de sueur anormale.
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Diane Aphrodite.
Diane Aphrodite
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyMar 26 Avr - 20:49

Je n’eus pas besoin de tourner mon visage vers elle pour savoir que celle qui se trouvait si proche de moi, me soutenant de sa poigne n’était autre que Maia. Pourquoi ? Pourquoi ne m’avait-elle pas laissé m’échoir sur le sol ? Je connaissais suffisamment bien sa rancune à mon égard pour qu’elle en soit capable. A moins que la cérémonie, et que la multitude de témoins l’aient empêché de s’abaisser à une mesquinerie aussi fourbe. Ou peut-être ne serait-ce que la dignité, qu’en tant que prêtresse on lui avait inculquée. J’avais beau ne pas la porter dans mon cœur, je ne pouvais nier les qualités qu’elle possédait. Et encore … dans mon état, je n’étais réellement guère persuadée de sa sincérité. Faire bonne figure auprès des autres et du peuple, voilà tout ce qui importait. Je me sentais déjà mieux, et pourtant un vague tournis persistait, troublant ma vue et me faisant battre des paupières trois fois plus qu’il ne m’était nécessaire en temps normal. Jamais une transe ne m’avait plongé dans une telle situation. D’ordinaire, une sensation de force m’imprégnait, me rendait capable de transcender chaque chose, dotée d’une force qui me paraissait inébranlable. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, la puissance d’Athéna me désertait, à mon grand désespoir. Malgré mon éducation, mon esprit doué de raison et la philosophie qui était la mienne, mon instinct pieux me rendit terrifiée pendant un court instant : et si la déesse aux yeux pers avait lue en moi celui qui me rongeait lentement mais sûrement, celui dont le regard m’avait pétrifié avec autant de grâce que ma volonté tendue vers la déesse ? Si elle ne tolérait aucune autre forme d’adoration, limitée à ses parents et à elle-même seulement ? Ce sentiment, éphémère, s’évapora aussi rapidement qu’il m’était apparu.
Me laissant plus désemparée encore. J’entendis vaguement qu’on appelait du vin pour moi, ce dont je me réjouis. Je priai pour que le vin réveille mes sensations devenues inertes, accroissant ce flottement étrange et presque désagréable qui s’était emparée de moi. J’entendis qu’on me conseillait de respirer autant qu’il était possible à cause de la moiteur de l’air. Docile, et écoutant la voix d’une des prêtresses qui n’était pas Maia, je m’exécutai sans difficulté. Le conseil se révéla judicieux, et je laissai mes poumons s’emplir. Apaisement bienheureux. Soulagement bienvenu.

C’est alors que j’entendis la voix d’un homme. Ce simple son me fit vibrer avec une telle violence que je manquai d’en suffoquer. Je me retournai, sachant néanmoins qu’il ne s’agissait pas d’Antonin. Je me retrouvai face au dénommé Orion, dont j’avais maintes fois entendu parler par le passé. Jamais encore je ne l’avais approché d’aussi près, et l’entendre me parler muni de ce ton si prévenant eut de quoi me faire rougir et sourire à la fois.


« Merci… »

Ma voix, elle, avait pris un air chaloupé, vaguement langoureux que je ne me connaissais pas. Je devais me reprendre, découvrant au fil des secondes que je n’étais plus moi-même. Ramenant d’une main mon péplos sur moi comme une protection, je trempai mes lèvres dans le vin frais, véritable délice sucré. Lorsque je me sentis redressée, de nouveau soutenue, c’était par des bras masculins que je savais être ceux de cet interlocuteur surprenant. Mon regard sur lui se fit pénétrant. Il me plaisait de pouvoir le regarder de plus près, d’autant plus qu’il m’apparaissait comme très charismatique … une aura folle se dégageait de lui et menaçait de m’entourer fermement. Oui, décidemment … un fort bel homme.
Au moment où je m’apprêtai réellement à rassurer définitivement mes compagnes un cri strident me vrilla les oreilles, et je pivotai aussitôt vers Maia qui semblait horrifiée par quelque chose que personne ne pouvait voir hormis elle. Je regardai les autres, toutes aussi surprises que moi : la jeune femme tenait sa main ouverte, la main crispée telle des serres, la fixant comme si une force terrible la lui broyait. Je fronçai les sourcils, prête à intervenir pour faire stopper cette mascarade. Maia n’agissait pas ainsi afin de ramener l’attention sur elle, tout de même ? Je sentais une sourde colère grimper, de celle qui envahit les femmes jalouses auxquelles on est en train d’enlever leur bien. Un sentiment qu’une déesse comme Aphrodite pouvait ressentir. Je ne compris pas ce qui m’arrivait. Il suffisait d’interrompre Maia et tout rentrerait dans l’ordre. C’était comme si je ne maîtrisais plus vraiment le flux de mes émotions.
Pourtant, ce fut Orion qui calma la jeune femme, tâche que je lui abandonnai volontiers. Maia m’excédait au plus haut point. N’aurions-nous pas été en public … Afin de modérer mes élans d’humeur, je bus une nouvelle gorgée de vin, savourant la vision de la foule d’Athéniens prêt à se réunir autour du banquet, déjà prisé. Un mouvement sur ma droite attira mon attention, et mon sauveur improvisé m’adressa une dernière fois la parole. Le même frisson qui m’avait parcouru traversa de nouveau mon échine, et j’inclinai la tête en sa direction, charmée par la déférence dont il faisait preuve à mon égard.


« Je l’espère aussi… »
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Circée Calypso.
Circée Calypso
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyMer 27 Avr - 15:21

    Athéna. Son nom en lui-même était magnifique. Et les représentations qu’on pouvait faire d’elle était à l’image de sa splendeur et de sa prestance. Comme beaucoup d’autres, Circée lui vouait une admiration qui se voulait fidèle et intense. A la différence des autres jeunes filles parmi lesquelles elle avait grandi, il ne lui était jamais venu l’idée de rendre fière sa mère. Non pas qu’elle n’aimait guère celle qui lui avait donné la vie, simplement qu’elle souhaitait plus que tout autre chose obtenir la fierté de celle qui lui avait toujours insufflé l’espoir et la force. Jamais elle n’avait douté de sa déesse, et depuis qu’elle était petite, la cadette Paris souhaitait ressembler à son modèle. Les années passées et son adoration envers Athéna perdurait. Lorsqu’elle n’avait personne à qui pouvoir se confier, pas même les membres de sa famille ou ses ami(e)s, parce qu’elle trouvait ses aveux trop personnels, il y avait toujours sa déesse. Bien plus qu’une confidente … tellement plus. Et en ayant ce désir profond de vouloir lui ressembler, elle était devenue protectrice, sage et courageuse sans même s’en rendre compte, à moins que ce ne fût sa destinée. Quoi qu’il en soit, pour Circée, la célébration de la naissance d’Athéna était une occasion qu’elle ne raterait pour rien au monde. Mais il en fallut peu pour ne pas qu’elle la manque, à cause de son cher et tendre frère du nom de Paris.

    «Nous allons être en retard, tu n’es même pas encore vêtu ? Mais qu’as-tu fait jusqu’à maintenant si ce n’est … te perdre dans tes pensées ?» lui demanda t’elle. Il fut surpris, ne s’attendant pas à la voir surgir de nulle part pour l’extirper de ses songes et le ramener à la réalité. Ce qu’elle remarqua avec facilité. «Tu pensais à une fille n’est-ce pas ?». Elle ne s’attendait guère à recevoir une réponse, mais plutôt à l’obliger de se dépêcher car Priam n’avait certainement pas envie de commencer une telle discussion avec sa sœur, aussi attentive puisse t’elle être, il ne ressentait réellement pas le désir de parler de cela. Et se levant aussi tôt du sol sur lequel il était assis comme un pauvre mendiant priant l’un de ses Dieux favoris, il s’activa à vive allure. Avec l’aide de Circée ils purent finir dans les temps, c'est-à-dire arriver au moment même où Diane, la grande prêtresse finissait son discours. Diantre, la cadette Paris n’avait pas eu la chance d’entendre le début, ce qui la chiffonna suffisamment pour lancer un regard froid à son cher frère qui fit mine de ne pas le voir. Enfin, l’heure était aux festivités, inutile d’être contrariée pour si peu se dit-elle. Et alors que son regard parcourait la pièce, reconnaissant de multiples visages, l’un d’eux la frappa de surprise, ou plutôt la tenue d’un des invités. Orion … avec une toge. Elle ne put se retenir de sourire en ne cachant que trop mal son envie de rire. Pas par moquerie envers lui. Juste parce qu’elle s’imaginait déjà la réaction qu’il avait du avoir en voyant cet habit sur lui. Très original pour un guerrier si fier de l’être. Et certainement pas très viril à ses yeux. Personnellement, Circée trouvait que cela lui allait à ravir, et un peu de changement ne pouvait que lui faire du bien. D’un pas décisif, elle avança vers lui mais fut stoppée net dans son élan par un cri … de l’une des prêtresses, Maia. Une de ses plus proches amies, à qui elle portait une affection certaine et une admiration loyale. Elle avait toujours été réceptive à sa beauté, sa grâce et sa prestance. Comment ne pas l’être, Maia était vraiment une femme magnifique, autant intérieurement qu’extérieurement. Et la cadette Paris, l’appréciant énormément, ne put s’empêcher de s’inquiétant face au comportement brusque et inhabituel de son amie, que lui arrivait-elle ?

    Observant alors Orion attrapait le poignet de Maia et s’éloignait avec la jeune fille, Circée fut curieuse de savoir comment ces deux personnages avaient bien pu se rencontrer, et surtout pourquoi la prêtresse ne lui avait jamais parlé du guerrier, ce n’était pas comme si Attis était un banal homme, et ce n’était pas comme si Cleo était insensible au charme du sexe opposé. Ce qu’ignorait la fille Paris, était en effet la liaison qui liait il fut un temps, Orion et Maia. Cette dernière lui ayant simplement confié qu’elle avait eu une aventure, sans prendre la peine de lui révéler le nom de son compagnon. La découverte risquait de surprendre Circée, elle qui ne pouvait s’empêcher de contempler des yeux le guerrier dès qu’il se trouvait dans son champ de vision. Cependant, il n’était pas question pour le moment de faire passer en avant ses intérêts, il était de son devoir d’aller s’assurer que Maia se portait bien et elle s'en alla à vive allure la rejoindre. Elle n’eût pas la chance d’entendre les propos d’Orion, ayant simplement aperçu ses lèvres se fermer. De son sourire le plus chaleureux elle le salua -même si elle aurait préféré le charrier sur sa tenue- avant de s’empresser d’attraper la main de son amie, et de s’exprimer sur un ton des plus gentils qu’on lui connaissait : « Maia est-ce que ça va ? Que t’arrive-t-il ?»


Dernière édition par Circée Calypso le Dim 22 Mai - 19:07, édité 1 fois
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Yrian Lykke.
Yrian Lykke
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyMer 27 Avr - 19:28

Depuis le temps qu'il était à Athènes, Yrian n'avait jamais vraiment pris la peine d'assister aux Panathénées. Pourquoi l'aurait-il fait ? Ce n'était pas dans sa tradition que de fêter des dieux grecs. Il ne comprenait pas grand chose à cette cérémonie. Il se trouvait là, au beau milieu de la foule athénienne absorbée par les honneurs aux dieux, et il regrettait déjà d'être venu. Il avait bien sûr vaguement entendu parler d'Athéna, mais il avait du mal à se rappeler qui étaient exactement les autres dieux. Il était certain d'avoir déjà entendu leur nom dans la bouche des habitants ou au théâtre, mais il n'avait jamais de rapprochement entre eux et ses propres dieux. Il savait qu'Athéna était la protectrice de la cité ; c'était pour lui quelque chose de simple à assimiler. Mais d'autres termes le laissaient plus perplexe : Tritogénie, Hypérion, l'égide, les Muses... était-ce propre à la mythologie grecque ? Yrian ne participait pas à l'allégresse générale, et cela le mettait mal à l'aise. Il n'aurait pour sa part pas accepté qu'un homme soit aussi peu expressif à une célébration religieuse scandinave, mais c'était exactement ce qu'il faisait.

Un visage connu fit son apparition. Néoptolème l'avait repéré de loin, apparemment, puisqu'il se dirigeait vers lui d'un pas dirigé. Yrian n'avait jamais vraiment su si le jeune homme l'appréciait ou non. Pour l'heure, il aurait très bien pu venir pour lui dire bonjour comme pour le gronder d'être présent à une célébration grecque. Il fut rassuré quand il apprit que Néoptolème était venu lui tenir compagnie. Il apprécia grandement les remarques du jeune Grec. Il avait presque l'impression de suivre la cérémonie, et de s'intégrer à une population étrangère. Puisque personne ne faisait attention à lui, c'était encore mieux qu'au théâtre.

Il ne remarqua pas tout de suite l'arrivée de la jeune Daphnê. Il entendit qu'à un moment, Néoptolème s'était détourné de lui pour discuter avec une jeune femme. Yrian ne s'en était pas fâché : il ne tenait pas à monopoliser son attention. Pourtant, l'effet fut immédiat. Il eut beau vouloir s'intéresser aux paroles de la Grande Prêtresse, il ne comprenait de nouveau plus grand chose à son discours. C'était dommage. Lorsqu'il se rendit compte qu'il était incapable de suivre sans l'aide de Néoptolème, il arrêta ses efforts. À quoi bon, d'ailleurs ? Il comprendrait sans doute s'il ratait une partie du discours mais que Néoptolème lui explique le reste, plutôt que de s'efforcer de tout comprendre et de perdre le fil de la discussion. Il se tourna alors vers la jeune femme et eut la surprise de découvrir Daphnê, la fille qui l'avait perdu à Athènes. Il fut étonné pendant un instant, puis remarqua l'air de Néoptolème. Le jeune homme voyait d'un mauvais œil le fait qu'il connaisse déjà Daphnê. C'était mauvais signe. Yrian eut un faible sourire. Il ne voulait pas de mal à sa sœur. Il est vrai qu'il avait parfois un peu de ressentiment envers elle parce qu'elle l'avait fait tourné en bourrique, mais ça s'arrêtait là. Il la trouvait sympathique, il est vrai. Mais il la fréquentait trop peu pour que Néoptolème le considère comme une menace. Qui était donc cette fille pour que le jeune homme lui donne autant d'importance ?

Yrian soupira quand Néoptolème abandonna sa posture défensive. Il semblait enfin penser qu'Yrian n'était pas une menace. Le Scandinave en fut soulagé. Il avait réussi à avoir de bon rapports avec Néoptolème, bien qu'il n'était jamais sûr de ce que ressentait le jeune homme. Il n'avait pas envie de tout gâcher pour une sombre histoire de jalousie... si c'en était. Mais le jeune Grec mit fin à son attente en lui présentant la jeune fille.

« J'ai cru comprendre que vous vous êtes déjà vus ? Yrian, je te présente Daphnê, sa sœur. »

Voilà qui expliquait tout. Yrian aimait autant cette issue-là. Il considérait lui-même que la famille était sacrée. Que Néoptolème soit autant attaché à Daphnê paraissait alors évident : il voulait simplement la protéger. Mais pour quelle raison alors étaient-ils seuls ? Y avait-il un problème dans la famille ? Yrian n'osa pas demandé. Son père s'occupait de protéger ses sœurs et sa mère, mais Yrian savait qu'en son absence, c'était à lui que revenait cette responsabilité. Les parents étaient-ils donc absents eux aussi ? Compte tenu du sombre caractère de Néoptolème, il n'osa pas lui poser la question. Cela pourrait parfaitement expliquer ses réactions. Daphnê aurait alors peut-être refoulé ses sentiments, et Yrian n'avait pas envie d'être celui qui les ferait ressurgir : il se ferait alors littéralement massacrer par le frère. Yrian salua brièvement la jeune fille :

« Bonjour, Daphnê. Je suis ravi de te voir. »

Il se demanda si Néoptolème allait faire une remarque. Ça ne tarda pas :

« Alors dîtes-moi, vous deux. Si vous me racontiez les circonstances de votre rencontre ? »

La question était en apparence désintéressée. Yrian comprenait l'objectif de Néoptolème : lancer la conversation, glaner quelques informations sur sa relation avec Daphnê. Il allait être déçu : il n'y avait que très peu à dire. Yrian jugea plus prudent de répondre :

« Tu sais, je crois que j'ai une faculté phénoménale pour me perdre... C'est assez incroyable, quand on y pense, je suis là depuis quelques années, je devrais être capable de me repérer... Eh bien, un jour, je suis tombé sur ta sœur. Elle m'a entrainée quelque part, ou plutôt, elle voulait m'amener quelque part, mais tel que je suis, je ne lui ai pas facilité la tâche. Nous nous sommes donc perdus. Elle est gentille, mais son enthousiasme est parfois trop grand : j'ai dû mal à la suivre... »

Il marqua une pause avant d'ajouter :

« Un peu comme ce que dit la prêtresse. »

L'encens commençait à faire son effet : il disait tout haut ce qu'il disait tout bas. Cela gêna profondément le jeune homme qui préféra se rendre au buffet. Il avait honte d'avoir avoué qu'il se perdait souvent. Il n'était pourtant pas difficile de se repérer dans une cité comme Athènes alors qu'il la parcourait depuis plusieurs années ! Où était donc son fameux don d'observation, celui qui lui avait permis de repérer les moindres détails en pleine nature ? Décidément, la Grèce ramollissait Yrian : il n'était plus bon à rien. Tout en s'adressant mentalement ses reproches, Yrian se rendit au buffet et se servit généreusement en mets grecs étranges. Il s'agissait de spécialités qu'il avait rarement eu l'occasion de goûter et dont il ignorait le nom. Il était contrarié : pourquoi agissait-il aussi bêtement ? L'encens paralysait peu à peu ses sens sans qu'il s'en rende compte. Pour lutter contre l'impression d'impuissance, il observa les gens autour de lui. La Grande Prêtresse était entourée de plusieurs personnes qu'il ne connaissait pas, mais même si ça avait été le cas, il n'aurait plus été capable de les reconnaître, désormais. Quelques fêtards avaient commencé à danser. Un homme pauvrement vêtu titubait sous les effets de l'alcool, il se cogna à une jeune femme richement parée qui parut enchantée de le voir. Se connaissaient-ils ? Il remarqua le regard d'un esclave vers Néoptolème : il y lisait de la haine, la même sorte de haine auquel le jeune Yrian avait été confronté lorsqu'il n'avait pas eu de barbe. Des souvenirs douloureux remontèrent, le rendant plus lucide. Il devait prévenir le jeune Grec, mais le chemin jusqu'à lui était si... long... trop lointain... Il se répétait son objectif, mais il perdait progressivement pied. L'encens était trop fort parce qu'Yrian était incapable de détecter son effet sur lui. Subitement, il tomba à terre.

Il trembla quelque peu, puis se figea en posture tordue. Le sommeil le gagnait... Le sommeil ? Comment pouvait-il tomber endormi ? Le discours de la Grande Prêtresse lui avait peut-être semblé ennuyeux, mais il avait quand même réussi à le suivre grâce à Néoptolème. Non, l'ennui n'en était pas la cause. Lui, l'éclaireur scandinave, habitué à veiller des heures entière dans le froid, à lutter contre l'engourdissement de ses membres et contre la fatigue, le voilà qui voulait dormir alors qu'il n'avait même pas sommeil deux secondes plus tôt ? C'était insensé, mais peu à peu, il oublia qu'il avait cet éclaireur ; il n'était plus qu'un homme fatigué recherchant le confort d'un sommeil réparateur. Il se laissa partir alors qu'autour de lui, la fête battait son plein.
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyMer 27 Avr - 22:22

    N'importe quel athénien, voir même n'importe quel personnage l'ayant côtoyé suffisamment longtemps pour la connaître - sans s'être fait arracher la tête ou tout simplement tuer, savait que la présence de cette guerrière farouche parmi les invités était plus que surprenante. À vrai dire, elle n'avait jamais songé prendre part à une réception pour une quelconque divinité. Elle n'était pas pratiquante et surtout, elle haissait profondément tous les dieux de l'olympe. Par ailleurs, même si elle ne le criait pas haut et fort, on se doutait bien qu'une femme comme elle n'appréciait probablement pas ce genre de fête. Pourtant, elle était bel et bien, faite de chair et d'os, à écouter avec grande attention les paroles de la prêtresse. Les Athéniens - car notre romaine ne s'incluait pas de ce basin de population, rendraient honneur à la déesse Athéna, grande protectrice de la Cité. Cassandre avait suffisamment de jugement pour reconnaître que la véritable sécurité qui régnait dans la ville n'était pas dû aux prouesses de cette déesse, mais bien à ses hommes qui offraient leur vie au service de la ville. Elle pensa un instant à Léandre Kyros, cet hoplite qu'elle avait croisé à l'occasion. Elle songea ensuite à cet homme, debout un peu plus loin dans l'Assemblée, qu'elle connaissait sous le nom d'Orion, le maitre d'armes. La guerrière ne doutait pas un instant qu'un homme tel que lui ne reculerait pas face au danger ou aux menaces contre Athènes... Tous ces braves gens protégeaient leur ville et Athéna n'y était pour rien...

    Une moue presque sarcastique dessinée sur son visage, alors que ses bras croisés sous sa poitrine lui donnait un air faussement sérieux, elle écoutait toujours lancées par la prêtresse trop fière, songeant un instant qu'elle quitterait cette cérémonie avant la fin du discours... Finalement, les festivités ont rapidement reprit, l'étrangère avait été distraite un instant, mais cela avait été suffisant pour que ses pensées - car Cassandre ne prie pas, soient exaucées. La grande prêtresse s'était arrêtée, les athéniens et les athéniennes reprenaient mouvements.
    Songeant qu'elle pourrait s'éterniser un peu longtemps avant de retrouver Arthémas et sa fille adoptive, Ephiny, elle alla de l'avant, s'enfonçant un peu dans la foule de monde. Ses grands yeux clairs ont balayés la place, comme si elle cherchait quelque chose ou quelqu'un en particulier. Elle reconnue le doux visage de la petite Daphnê. Chargée de sa protection, elle s'avoua cependant que ce soir, elle ne courrait aucun danger et que son frère, Néoptolème, ne serait pas bien loin. Et comme de fait, il se joignit très rapidement au petit portrait de famille, ce qui arracha un autre sourire à la grande guerrière.


    La brune a poursuis son observation pour apercevoir une tête qu'elle connaissait trop bien. Il s'agissait de Dorian, ce garçon qui lui attirait tant de sympathie. Et pour des raisons qui lui étaient toujours inconnues, elle continuait de surveiller ce jeune homme, protectrice. Comme il ne l'avait pas aperçu, même si elle dépassait d'une tête la majorité des autres, elle leva un bras et elle cria son nom. Sa joie a disparu de son visage lorsqu'elle reconnue l'homme qui se tenait près de lui. Elle le connaissait, mais pas lui. Il s'agissait du maître de Dorian. Elle soupira intérieurement en avouant encore que ce jeune homme ne quitterait jamais ce statu d'esclave. Elle s'avança un peu plus dans leur direction et elle parvint à entendre une part de leur conversation. C'était étrange, sa tête tournait légèrement. Elle secoua sa tête, songeant qu'il s'agissait probablement d'un malaise occasionné par la grande quantité de monde présent à la fête et à la chaleur qui baignait l'air.

    Ce riche personnage manquait très clairement de respect face à l'esclave. Et comme par le passé, Cassandre était tentée de se joindre à la scène et donner une correction à cet impertinent. Sauf qu'elle connaissait les motifs qui gardaient Dorian réduit au titre d'esclave, elle ne devait pas nuire à sa quête personnelle et au devoir qu'il s'était attribué.
    Néanmoins, elle s'avançant vers eux, pour finalement les rejoindre. Elle salua Dorian en souriant, ses mains vinrent se poser sur ses épaules : « Je suis contente de te voir Dorian ». Plus polie, elle salua ensuite son maitre d'un signe de tête puis relâcha sa prise. Sa tête tournait toujours autant, mais elle essayait de ne pas y accorder trop d'importance et surtout, de rien laisser paraître.
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Thaïs Gaia.
Thaïs Gaia
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyJeu 28 Avr - 4:13

    Thaïs se demandait encore pourquoi elle avait accepté. Évidemment, elle ne prenait pas toujours de bonnes décisions, en fait elle prenait rarement de bonnes décisions. Sa vie était ponctuée de mauvais choix et de rendez-vous manqués, parce qu’elle avait tourné à droite au lieu de tourner à gauche, parce qu’elle avait dit oui quand elle aurait dû dire non. Elle aurait du dire non, définitivement non. Elle aurait refuser quelques jours auparavant, mais depuis son altercation avec Dorian, l’esclave sur la colline des nymphes, elle n’était plus tout à fait sûre de ce qu’elle voulait.

    C’était certainement la raison pour laquelle elle avait accepté l’invitation survenue le matin même alors qu’elle se rendait au marché. Sirius était un homme charmant et gentil avec une situation respectable et surtout il appréciait Thaïs sans se soucier de ses origines. Il avait toujours était poli et serviable avec elle. Il était plus âgé et n’avait pas peur des ragots qui circulaient à son sujet. À vrai dire, Thaïs se demandait parfois pourquoi il n’était pas encore marié avec une jolie Athénienne. Elle n’allait certainement pas se plaindre, mais il était beau garçon et son célibat restait à ses yeux un mystère. Il habitait sur le port et travaillait sur le bateau de son père puis venait vendre ses poissons sur le marché, pas très loin de l’endroit où Thaïs lavait son linge. Cela faisait plusieurs fois qu’il lui proposait de l’accompagner lors des célébrations, elle avait toujours réussi, avec plus ou moins d’adresse, à repousser ses avances. Elle ne comprenait pas vraiment ce que le pécheur pouvait lui trouver, mais elle avait fini par accepter. Et maintenant, elle s’en mordait les doigts et se demander ce qui, par tous les dieux de l’Olympe, lui était passé par la tête.

    Les femmes de la maison étaient en pleine préparation, les célébrations étaient bonnes pour les affaires. L’alcool et l’ambiance festive aidant, les hommes étaient plus à même de se laisser tenter par les femmes. Si la déesse avait décidé de rester pure, ce n’était pas le cas de tous ses adorateurs.

    « Je ne saurais même pas quoi lui dire ! »

    La grande femme brune qui s’attelait à nouer les cheveux de Thaïs dans une longue natte poussa un soupir d’exaspération.

    « Quand une femme cherche un mari, elle n’a pas besoin de parler, ce n’est pas de la conversation qu’il attend de toi. Contente-toi d’être gentille et docile et tout se passera bien. »

    Thaïs fit la moue. Elle n’était pas tout à fait sûre de vouloir épouser le gentil pécheur d’â côté. Mais elle devait se rendre à l’évidence, c’était peut-être sa seule chance de sortir d’ici. Les paroles échangées avec Dorian quelques jours auparavant lui revenaient parfois en tête. Il était clair de l’esclave avait raison sur bien des points, elle était trop jeune, trop pauvre et trop bête pour espérer autre chose que la vie avec Sirius. Elle ferma les yeux quelques instants pour chasser les pensées douloureuses qui l’assaillaient. Si elle devait faire sa vie au côté d’un homme, autant que cela soit avec lui. Une fois prête, elle soupira et après une courte hésitation, elle partit rejoindre le jeune pêcheur.

    Il l’attendait près de la nouvelle statue de Poséidon. Le dieu des mers dardait son domaine avec des yeux encore plus menaçants qu’autrefois, ou peut-être l’imagination de Thaïs lui jouait des tours depuis les événements qui avaient frappé le port quelques semaines auparavant. Elle savait que son rendez-vous avait perdu beaucoup lors de ce jour maudit. Son cœur ce sera à la vue de l’homme si petit au pied de cette statue si grande. Et elle se décida à faire un effort pour rendre sa soirée agréable. Elle tenta de lui adresser un sourire réconfortant malgré son malaise et saisit son bras pour qu’ils marchent ensemble, échangeant quelques mots timides.

    À force de côtoyer les riches athéniens lorsqu’elle lavait leurs linges, elle s’était rendu compte d’une chose qui la laissait sans cesse pantoise. Ils parlaient, trop beaucoup trop. Tout n’était que commérage et messe basse, un bruit constant et assourdissant qui lui donnait la migraine et la forçait à s’allonger dans le noir après sa journée de travail. Marcher silencieusement à ses côtés avait quelque chose de fondamentalement reposant. Elle était persuadée qu’il n’était pas un grand bavard, et cela pourrait lui convenir, elle était fatiguée d’entendre parler.

    Les jours précédant avaient été chauds, brûlant encore un peu plus l’herbe des collines alentour. Lorsqu’ils arrivèrent sur l’acropole, le soleil était déjà bien bas dans le ciel et le crépuscule commençait à engloutir la ville. Le discours de la grande prêtresse était déjà fini et le banquet semblait déjà ouvert. Cela aurait pu passer pour une hérésie d’arriver en retard à une célébration si importante, mais Thaïs ne savait que trop bien en quoi consistait les prières à force d’avoir trop trainé aux alentours du temple, même lorsque cela lui avait été interdit.

    La foule compacte l’empêchait de voir ce qu’il se passait au loin. Elle se mit sur la pointe des pieds et tenta d’apercevoir son amie d’enfance, Maia, dont la vie était dévouée à Athéna. Elle ne put que voir Diane chanceler quelques instants et fronça les sourcils. Ce n’était pas le genre de femme à montrer ses faiblesses en public. Parfois, les gens vous surprennent. Elle reposa ses talons sur le sol et balaya du regard la foule alentours tout en buvant une coupe de vin. Des esclaves et des maitres, des femmes et des hommes, des riches et des pauvres, tout Athènes était là pour festoyer. Mais pourtant quelque chose n’allait pas. Le vin était âpre et ses sens commençait à s’engourdir, elle agrippa le bras de Sirius qui était devenue soudainement très pâle. Quelqu’un avait-il mis quelque chose dans son vin ?

    « Je crois que… j’ai besoin de prendre l’air. »

    Elle abandonna son cavalier et tenta de trouver un chemin vers l’air pur, titubant, incertaine. Il faisait chaud, beaucoup trop chaud. Bousculant au passage plusieurs personnes elle finit par percuter violemment quelqu’un et fit tomber sa coupe de vin qui tacha son péplos et rebondit sur le sol dans un bruit sourd qui résonna plusieurs secondes dans son crâne. Elle tenta de rattraper le verre qui roulait sur le sol, mais fut incapable de faire un geste, sa vision se flouta et elle eut la soudaine impression que son corps de lui obéissait plus. Tentant de reprendre ses esprits, elle rampa presque jusqu'à un mur auquel elle put s’adosser. Que ce passait il ici ? Elle s’appuya contre la pierre et se releva doucement. Sa tête était douloureuse et le bout de ses membres engourdit, sa tête tourna un instant et un violent haut-le-cœur la saisit. Elle vomit le vin qu’elle avait ingurgité un peu plus tôt. Elle se sentir un petit peu mieux et eut enfin la force de bouger.

    Elle aperçut Maia et voulu lui faire un signe pour l’interpeller, mais accompagné d’un homme que Thaïs n’eut pas le temps d’identifier, elle passa devant elle sans même la voir.

    D’un pas incertain elle tenta de rejoindre Sirius là où elle l’avait abandonné, mais ne le trouva pas. Peut-être était-il parti à sa recherche ? Le mieux était encore de l’attendre ici. Peut-être que la chaleur lui eût joué des tours, peut-être avait elle passé trop de temps au soleil cet après-midi, mais une chose est sûre, elle n’était certainement pas la seule à connaitre des maux étranges. Une légère panique avait saisit l'assemblée, une vague d'agitation secouait les Panathénées. Encore une fois, elle se demanda si elle n'était pas en train de divaguer. On lui avait toujours dit qu'a force de passer trop de temps à rêver on finis par imaginer des choses qui ne sont pas réelle. Elle secoua la tête et passa une main sur son front. Ses mains étaient glacée et son visage brulant. Oui, certainement la fièvre qui lui faisait imaginer toute ces choses. Elle se rinça la bouche et décida que manger était la meilleure chose à faire dans son état. Portant un fruit à sa bouche, le sucre lui fit du bien et elle se sentait enfin revenir à elle.

    Elle passa quelques minutes à profiter de l'opulent buffet et peu à peu elle se sentit emporter par la fête. La sensation étrange qui commençait à se répandre en elle était assez agréable en fin de compte et elle se surprit à rire sans raison apparente. Revigorer par le vin et la nourriture, elle délaissa le buffet pour s’engouffrer dans la foule bruyante, manquant de s’écrouler au passage sur un jeune homme brun qui s’était endormi sur le sol . Cela provoqua chez elle une hilarité incontrôlable qu'elle n'arrivait pas à réprouver. Elle tenta de le réveiller en le secouant doucement; sans grand résultat et se résigna à laisser l’inconnu à ses songes.

    Elle avait aperçu au loin un visage familier. Peut-être que la fête l’avait engaillardi, peut-être que le vin l’avait rendu courageuse, ou peut-être que sa bêtise avait dépassé les limites. Elle sautilla presque jusqu'à Dorian, mais ralentit sa course lorsqu’elle aperçut Christos à ses côtés. Bien sûr comment avait-elle pu penser que l’esclave irait sans le maitre. Une magnifique brune les avait rejoints, posant ses mains sur les épaules de Dorian. C’était une information nouvelle qu’elle mit un temps fou à réaliser. Dorian lui aurait-il caché quelque chose lors de leurs échanges ? Était-il aussi seul qu’il le prétendait ? Elle aurait du renoncé à aller vers eux ce n'était pas ses affaires, elle n'était, après tout, même pas son amie. Pourtant, là où elle aurait rougi furieusement, et aurait certainement reculé en temps normal, elle n’hésita pas un instant et alla à leurs rencontres. Les regards autour d’elle se firent suspicieux, mais qu’importe, elle avait l’habitude. Cela n’avait pas d’importance. Elle était bien, trop bien. Elle se sentait capable de tout faire, n’importe quoi, elle pouvait défier les dieux, à cet instant, elle était certaine de gagner la bataille.

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Dorian Fabius.
Dorian Fabius
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyJeu 28 Avr - 18:19

    Le regard perdu dans le vague, Dorian ne se rendait même plus compte qu’il tirait le péplos de Christos. Comme un jeu auquel il n’avait pas joué lorsqu’il était enfant ; ennuyer son prochain avec insistance. Un léger sourire survint sur ses lèvres. Une ambiance étrange planait sur la grande Cité et il adorait ça. C’était comme découvrir de nouvelles sensations, de nouvelles émotions. Tout cela naissait si rapidement ! Même si ce n’était pas lui, même si ce n’était pas les autres, qu’importe si ce n’était les Dieux, il s’en moquait. C’était excitant, intriguant, palpitant… Depuis combien d’années n’avait-il pas ressentit ça ? Peut-être même ne l’avait-il jamais ressentit. Comme un enfant, fébrile mais heureux d’être là, enjoué et prêt à n’importe quoi. Aucunes limites. Il avait de nouveaux yeux, de nouvelles mains, de nouveaux sens. Il voulait les expérimenter. Son maitre le sortit de sa rêverie en le repoussant. Pourquoi l’avait-il repoussé, ce malade ? Il ne faisait que s’amuser ! Dorian lui adressa un regard de mépris. Comment osait-il ? Il n’était pas plus important que lui, après tout. Ce n’était qu’une infime poussière dans l’univers, une fourmi que ses Dieux chéris pouvaient écraser. N’y avait-il pas pensé une seule seconde, ce misérable gymnète ? N’avait-il pas pensé un instant que lui aussi, il pouvait être méprisé par les autres, battus, violentés comme s’il n’était qu’un vulgaire cafard ? L’esclave poussa un petit grognement alors qu’il arrangeait ses haillons. Les pieds de Dorian vacillèrent un instant alors qu’il eut envie de se jeter sur celui qui l’avait acheté comme une marchandise. Lui arracher ses vêtements, lui ôter ce qu’il avait de plus que le romain, lui prouver qu’il n’était rien. Nus, ils n’étaient ni plus ni moins que des hommes. De pauvres hommes. Le jeune homme cligna plusieurs fois des yeux et resta bouche bée. Que se passait-il ici ? Ses pensées… Elles étaient bel et bien les siennes, mais jamais il n’aurait osé les montrer ne serait-ce qu’un petit peu à son maitre. Ce regard qu’il venait de lui jeter trahissait des mois et des mois de travail sur lui-même.

    Bien sur que non. Rien ne le retenait ici. Alors pourquoi avait-il envie de rester et de festoyer comme s’il était un athénien ? Rapidement, Dorian fit une légère courbette alors que ses membres s’engourdissaient :

    « - Je suis désolé, Maitre. ».

    Bien sur que non, il n’avait pas oublié son statut. C’était ça le plus triste. Il ne l’oublierait jamais. En esclave il était né, en esclave il mourrait. C’était son Destin. Et aujourd’hui, plus que jamais, il le comprit. Dorian se mordit la lèvre en inspirant profondément. Cette odeur… Et Christos qui s’énervait encore pour un rien. Ne pouvait-il pas aller se chercher de l’eau tout seul ? Le buffet était à quelques pas de lui. Quel fainéant. Bon à rien. Totalement. Moins de quelques secondes après s’être excusé platement, Dorian eut envie de lui cracher dessus. A quoi était due cette bipolarité soudaine ? Peu importe. Dorian croisa les bras sur sa poitrine et ne bougea pas d’un pouce.

    Les gens défilaient à côté d’eux, la fête battait son plein. Danser avec les femmes, boire jusqu’à s’enivrer les veines d’un doux alcool, manger à en vomir. Il regardait avec envie tous ces hommes s’amuser alors que lui, il ne le pourrait jamais. Si seulement il avait été mieux vêtu, se faufiler à travers la populace aurait été tellement facile. Se mélanger et ne faire plus qu’un avec les athéniens. Cela aurait été tellement bon. Heureusement pour le pauvre petit esclave qu’il était, pas tout le monde ne lui jetait les regards qu’il méritait. Le maitre d’armes – dont il ne connaissait absolument pas le nom, seulement le visage – salua presque avec dégout le gymnète. Un petit signe de tête envers Dorian. Il n’en fallut pas plus au romain pour avoir de nouveau confiance en lui et obtenir une certaine prestance qu’il n’avait jamais eu. Dorian se sentait l’âme d’un guerrier, incapable d’être arrêté. Il se surprit lui-même à pointer son index vers Christos, les pupilles dilatés, le bleu de ses yeux complètement oublié :

    « - Tu n’as qu’à aller te chercher de l’eau tout seul, imbécile. ».

    Les mots avaient déferlé dans sa bouche comme une tempête. Son bras retomba lourdement contre son flanc alors qu’il fixait Christos avec insistance. Non il n’oublierait pas son statut mais il ne manquerait pas de rappeler à Christos quel était le sien.

    Deux mains chaudes vinrent s’abattre sur ses épaules, ce qui le fit sursauter. Après ce qu’il venait de dire, il ne pensait pas une seule seconde que quelqu’un viendrait le toucher. Apeuré, il tourna la tête vers la personne qui l’affublait de tendresse. Soulagé en voyant la grande amazone, il soupira. Plus belle que jamais. Ce sourire qui le rassurait tant. Sans même s’en rendre compte, il avait pivoté sur lui-même se retrouvant face à Cassandre Pryus. Plus grande que lui, il dût se hisser sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur le coin des lèvres. Il se recula ensuite et la regarda d’un air charmeur :

    « - Moi aussi je suis ravie de te voir, Cassandre. ».

    L’esclave ne savait même pas pourquoi il avait agit ainsi mais, qu’importe. Il souriait, regardant du coin de l’œil son maitre. Cet imbécile allait voir ce qu’il ratait. Dorian se tourna vers Cassandre et lui sourit de plus belle, entrelaçant ses doigts avec les siens :

    « - Alors ! Que fais-tu ici ? Tu profites aussi des festivités ? Tu as bu, mangé ? Et si on allait danser ? La lyre, les flûtes… ».


    Ses yeux bleus plongés dans les siens, il voulait l’entrainer plus loin, sur une piste de danse fictive, s’accrocher à elle, l’enlacer et coller son corps contre le sien. Penser cela d’elle alors qu’elle était comme une sœur… C’était trop étrange… Mais c’était une femme et sa beauté resplendissait face à Athéna. Elle aussi était une guerrière, sûrement plus forte que la Déesse. Dorian crachait sur la protectrice d’Athènes. Malgré ce que la mythologie disait, il était persuadé que cette garce s’était faite engrosser et avait donné naissance à une monstruosité.

    Alors que Dorian insistait désormais auprès de Cassandre, en oubliant son maitre qui semblait prit d’un malaise, ses yeux se perdirent de nouveau dans la foule. Il avait oublié Néoptolème Maxence et sa jolie petite sœur chérie. La vengeance est un plat qui se mange froid et il se pourrait que sa patience ait eu raison de lui. Il eut envie de s’inviter à cette petite réunion de famille, s’imposer face à Néoptolème et le défier publiquement, lui montrait quel incapable il était. Mais le feu surgit dans le Temple. Dorian plissa les yeux alors que Thaïs Gaia fit son entrée, sautillant comme l’enfant qu’elle était jusqu’à lui. Mais elle s’arrêta et ses cheveux forcèrent l’esclave à plisser de nouveau les yeux. Etait-ce seulement ses cheveux ? N’y avait-il pas de torches allumées qui pouvaient faire cet effet ? Lentement, il lâcha Cassandre et s’approcha de Thaïs, une main en visière à cause de l’intensité de la lumière. Pâteux, beaucoup plus nauséeux que quelques instants plutôt, il lança un regard à la jeune femme et lui adressa la parole alors qu’il se sentit perdre pieds :

    « - Qu’est-ce… Qu’est-ce tu fais là ? C’est stupide de demander en fait… Et tes cheveux me brûlent. ».

    Une main toujours en visière, il se pencha et déposa ses lèvres sur l’une des joues de la jeune apatride. Après cela, il colla ses lèvres contre son oreille et lui chuchota :

    « - Tu vaux tellement mieux que cet homme stupide et colérique… A moins que tu ne veuilles toujours finir entre ses cuisses, je peux tout arranger tu sais. ».

    Doucement, il la bouscula en riant. Pourtant, il n’aurait jamais voulu dire de telles atrocités.
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Néoptolème Maxence.
Néoptolème Maxence
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyVen 29 Avr - 15:17

    Néoptolème a la tête en feu. Il a l’impression de brûler de l’intérieur, le malaise s’installe en lui progressivement. Il n’a jamais fait une telle réaction à l’encens, mais là… cette fois, il est véritablement insupportable ! Le jeune homme ne comprend pas trop ce qui lui arrive. D’habitude, même quand l’odeur est un peu trop entêtante à son goût, elle ne le rend pas malade. Alors que lui arrive-t-il donc ? Il en a même perdu l’appétit. Il repose ce qu’il avait dans la main sans y avoir touché. Il a l’impression que s’il mange, il va vomir. Et il se sent déjà suffisamment mal pour en rajouter. Déjà qu’il trouve cela honteux, de se trouver dérangé par de l’encens, alors que personne autour de lui ne semble en souffrir comme lui, à croire que les autres n’ont même pas remarqué l’odeur. De quoi se sentir suffisamment honteux pour ne pas l’ouvrir et faire comme si il n’en est pas incommodé. Décidément, plus le temps passe et plus il se rend compte de sa fragilité. Un autre coup du Destin et il se cassera comme une brindille.
    Il fait un effort pour se concentrer sur ce dit Yrian. Pourtant, il est passionné par ce que le Scandinave lui raconte, il est réellement intéressé par l’histoire de sa rencontre avec Daphnê. Les mots lui parviennent de loin, comme s’il n’en entendait qu’un écho affaibli. Néoptolème ne veut pas se frotter les yeux pour ne pas les alerter, mais l’envie en est trop tentante. Il est mal et il a mal, en somme, mais cela doit rester secret.

      « Tu sais, je crois que j'ai une faculté phénoménale pour me perdre... C'est assez incroyable, quand on y pense, je suis là depuis quelques années, je devrais être capable de me repérer... »

    Néoptolème acquiesce vaguement. Il est vrai qu’Yrian et le sens de l’orientation… ce n’est pas un des meilleurs mélanges. Et, au vu de sa propre expérience, il sait à quel point il est facile de perdre ses repères. Une ville que vous connaissiez parfaitement un jour vous apparaît comme étrangère. Parce que les gens, à vos yeux, ont changé. Vous avez perdu votre confiance innocente au profit d’une méfiance lourde à porter à l’égard des inconnus, qui vous étouffe progressivement car vous ne pouvez vous en défaire… Et vous finissez comme Néoptolème, au bord du gouffre sans pour autant y tomber, espérant la chute et rêvant d’un passé où vous vous en sortiez. Et vous ne comptez plus que sur ceux que vous aimez, si tant est qu’ils sont encore là pour vous. Mais lorsque vous revenez chez vous, vous ne pouvez vous empêcher de trouver qu’avant, tout était… différent ? mieux, peut-être ?

      « Eh bien, un jour, je suis tombé sur ta sœur. Elle m'a entrainée quelque part, ou plutôt, elle voulait m'amener quelque part, mais tel que je suis, je ne lui ai pas facilité la tâche. Nous nous sommes donc perdus. Elle est gentille, mais son enthousiasme est parfois trop grand : j'ai dû mal à la suivre... Un peu comme ce que dit la prêtresse. »

    Néoptolème ne peut qu’être d’accord concernant Daphnê. Son enthousiasme, ajouté à sa curiosité, a tendance à la faire commettre bêtise sur bêtise. Il est le premier à en souffrir d’ailleurs, vu qu’à chaque fois c’est à lui de ramasser les pots cassés. Mais cela lui fait du bien d’entendre que ce n’est pas lui qui se fait des histoires, que d’autres ont aussi remarqué le caractère enjoué de sa sœur. Après, sur le plan religieux, le jeune Athénien évite de se prononcer. Mais il est évident pour lui que le discours de Diane ne parle pas à son cœur blessé. Trop d’amertume et de colère surgissent en lui quand ils pensent aux dieux, qui l’ont lâchement laissé tomber et qui lui ont fait subir une trop grande injustice. Désillusionné, le jeune homme ne se reconnaît plus dans la foi. Néoptolème lâche :

      « Tu n’as pas tort, Yrian. Aussi sympathique qu’elle est, ma sœur fait beaucoup de bêtises. »

    Néoptolème ensuite se désintéresse de la conversation. Ses yeux de glace traînent un peu sur la foule, avant de s’arrêter sur le visage honni de Dorian. Sans s’en rendre compte, il sert les poings et le foudroie du regard. Le voir ravive sa blessure intérieure. Que ne donnerait-il pour que celui-ci disparaisse à tout jamais d’Athènes ! Cette haine, mêlée aux drogues, fait sombrer Néoptolème dans la folie. Il ne remarque pas qu’Yrian vient de partir en direction du buffet. Il reste là, à contempler son ennemi avec dégoût. Qu’il est ridicule, quand même, cet esclave ; comment peut-il lui faire autant de mal alors qu’il est si faible ? C’est quelque chose d’incompréhensible pour Néoptolème. Le jeune homme se retourne vers sa sœur et la découvre sous un autre jour.
    De Daphnê, il ne perçoit pas la voix rieuse, le sourire sincère, la beauté enfantine. Il ne la voit pas comme la personne à laquelle il tient le plus au monde, comme celle pour qui il donnerait sa vie, comme une jeune fille qui constitue désormais sa seule famille. Non, il remarque d’autres choses. Il aperçoit la veine qui palpite à son cou, se déformant lorsque le cœur bat et envoie le sang s’écraser contre ses parois. Il a l’impression de contempler une inconnue, trop innocente pour être honnête. Il sent… il sent qu’il est tout à coup investi d’une mission sacrée. Il se croit important. Il se croit à sa place.
    Il a envie de tuer sa sœur.
    Daphnê ne remarque pas le brusque changement d’attitude de son frère. Encore heureux, sinon il ne se le serait jamais pardonné. Mais lui, par contre, voit bien que quelque chose ne va pas. Il n’a pas d’armes, rien qui ne puisse être utile au forfait qu’il envisage. L’étrangler à mains nues, c’est hors de question. Dans son esprit, son corps est comme déformé : il ne voit plus ses muscles bien dessinés et son corps athlétique, contemplant à la place une carcasse décharnée, dont les os saillent et bien trop faible pour résister à la force d’une jeune fille de seize ans et demie. La vue de ce corps le dégoûtait. Il n’y a pourtant jamais prêté attention, le voyant comme un outil qui a son utilité, ne remarquant pas à quel point il est bien fait et plait. Mais Néoptolème n’est plus lui-même ; il rêve de la perfection physique, et cela ne correspond guère à ses attentes. Puisque donc il est faible et qu’il ne peut l’attaquer à mains nues, il cherche des yeux de quoi faire une arme. Il n’en trouve pas, a envie de crier de frustration mais se retient, conscient que cela ne le rendra qu’encore plus pitoyable. Là encore, il regarde l’esclave, avec cette fois un mépris indifférent.
    Et c’est ce fait, relativement choquant pour l’Athénien, qui lui rend la raison. Il se rend bien compte de l’absurdité de la chose. Un mépris indifférent envers Dorian ? Non, c’est impossible. Ce constat lui fait prendre conscience que celle qu’il s’apprête à tuer est sa sœur adorée. Néoptolème ouvre des yeux ronds et la regarde. Maintenant, il la reconnaît. Comment a-t-il pu sombrer dans une telle folie ? L’encens le rend mentalement malade, ou quoi ? Le jeune homme tente de cacher son trouble et se lèvre brusquement. Il est aussi très étonné de voir que son corps n’est pas l’épave qu’il pensait percevoir, mais est jeune et robuste. Il est même surpris de constater qu’il est même mieux bâti que ce qu’il a toujours cru. Encore un peu vacillant, il avance lentement jusqu’au buffet, sans se soucier de savoir si Daphnê lui a parlé pendant tout le temps où il a sombré, ou même si elle le suit. Il manque de trébucher sur Yrian. Néoptolème fronce les sourcils. Que fait-il par terre ? En y regardant de plus près, on dirait que le Scandinave s’est endormi. Le discours à la gloire d’Athéna l’a donc ennuyé à ce point ? Certes, ce ne doit pas être très intéressant pour un Scandinave, mais aller jusqu’à s’endormir… Néoptolème s’agenouille et tente de le réveiller. Il le secoue violemment puis, atteint subitement de nausée à force de l’agiter, il se relève péniblement. Des points dansent devant ses yeux, et Néoptolème se sert en vitesse un verre. Il ignore ce qu’il y a dedans mais l’avale d’un trait. Tout de suite, le liquide, qui a un goût bizarre, le revigore. Il le jette à terre, ne se rendant pas compte qu’il l’envoie en plein sur Yrian, réveillant le Scandinave. Le remarquant, Néoptolème sourit.

      « Ah, Yrian, l’interpelle-t-il d’une voix un peu tremblante. Toi aussi, l’encens te fait souffrir, ou c’est juste l’ennui qui t’a guetté ? »

    Pendant que celui-ci lui répond, Néoptolème le soulève, passe le bras d’Yrian au dessus de ses épaules et le soutient. L’homme est encore un peu groggy, apparemment. Néoptolème avance alors en aveugle, jusqu’à heurter un homme qu’il n’a encore jamais vu.

      « Oh, pardon. » : lance-t-il machinalement à l’inconnu.

    Il contemple ensuite la scène qui s’offre à lui. Dorian fait face à deux femmes. La première, Néoptolème la reconnaît, c’est Cassandre. Apparemment, elle a fait un effort pour ce jour particulier, puisqu’elle est venue sans armes – du moins, sans armes apparentes. L’autre, Néoptolème ne la connaît pas, mais cela n’a pas d’importance. Il se poste à côté de l’homme qu’il vient de bousculer, se rendant compte qu’en réalité il l’a déjà vu. Ce doit être Christos, le maître de Dorian.

      « Et tu le laisses faire ? » : rétorque-t-il abruptement.

    Un tel spectacle lui donne la nausée. Ou c’est l’encens. Qu’importe, Néoptolème jette un coup d’œil du côté des prêtresses. Apparemment, Diane a fait un malaise, ou quelque chose dans le genre. Ressentant pour la jeune femme une certaine admiration, le jeune homme s’inquiète. Mais ses questions s’effacent de son esprit lorsqu’il aperçoit Orion, en compagnie de deux femmes qu’il n’a jamais vues. Ah, celui-là, toujours là où il y a des problèmes… sa sœur ne doit pas être très loin.
    A propos de sœur… Néoptolème se rend compte avec effroi qu’il a oublié Daphnê, et jette un regard affolé aux alentours.

      « Yrian, tu as vu ma sœur ? »

    La honte s’empare de nouveau de lui. Il a OUBLIÉ sa sœur…

Spoiler:
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyDim 1 Mai - 8:34

L’air hagard, les pupilles dilatées, Maia ne pouvait détacher son regard de ses mains qu’elle voyait ensanglantées. Son esprit embrumé ne discernait plus le vrai du faux, le réel de l’irréel, il ne comprenait pas non plus comment elle en était arrivée là. L’avait-elle fait ? Il était vrai qu’elle rêvait souvent du jour où Diane Aphrodite serait définitivement écartée de son chemin, elle se disait même prête à tout… Prête à tout, cela signifiait-il aller jusque… « là »…
La prêtresse qui sentait les larmes sur le point d’inonder ses yeux clairs eut le souffle coupé lorsqu’une main imposante vint s’écraser sur ses lèvres. Tremblante, elle entendit une voix familière s’adresser à elle. A cet instant, la vision d’Orion Attis lui fut réconfortante, ce n’était pas toujours le cas. A vrai dire, ça l’était rarement en temps normal. C’était le prélude à des mots durs, blessants, fourbes, même s’il n’en avait pas toujours était ainsi. A sa question sèche qui n’appelait sans doute aucune réponse, le menton de Maia se mit pourtant à trembler comme celui d’une enfant et elle répondit d’une voix pâle :


- Est-ce vraiment moi qui aie fait cela ? Je ne le voulais pas, par Athéna, je te le jure !

Lorsqu’il passa ses mains sur les siennes, le sang disparut du champ de vision de la prêtresse qui en perdait son latin _ ou en l’occurrence, son grec_ d’autant qu’aussitôt, elle vit la Grande Prêtresse se relever, l’air étourdi, mais en parfaite santé. Malgré tout son ressentiment envers cette femme, Maia s’en trouva soulagée, entre autres pour la simple et bonne raison qu’elle ne se verrait pas maudite par les Dieux pour le reste de son existence.
L’emprise d’Orion sur son poignet sembla la ramener un instant à la réalité mais impossible pour elle de s’en dégager et c’est à contrecœur qu’elle se laissa attirer à l’écart de la foule qui festoyait et dont les images tourbillonnaient autour de Maia. Irritée par l’attitude du maître d’arme, autant que par ses accusations, la prêtresse planta son regard azur dans le sien et se retira brutalement de son emprise :


- Tu me fais mal, Orion Attis ! Oublies-tu qui je suis pour me traîner de la sorte ? Et tiens tes paroles !

C’était de l’orgueil pur, car en réalité elle s’était bien plus meurtrie en se dégageant qu’en étant tenue par lui. Revoir Orion après de nombreux mois rendait en réalité son cœur bien plus heureux qu’elle ne le montrerait jamais. Mais comme bien des choses qu’elle ressentait à l’égard de l’homme, elle s’interdisait de les admettre, de les dire et même encore de les penser. Le regard dur, le ton sec, cela elle maîtrisait et c’était bien comme ça.
Une main douce vient briser l’échange houleux, il fallut quelques secondes à la prêtresse pour s’en rendre compte. Une voix et une présence qu’elle savait amicale et familière et qui fit retomber doucement la colère de Maia. Elle se retourna pour saluer celle qui s’inquiétait de son état de la sorte et en la voyant sentit son souffle se couper et son cœur rater un bond. Une radiance divine voilait son regard mais elle la reconnaissait bien, elle l’aurait reconnu entre tous. L’air abasourdi elle se retourna à nouveau vers Orion pour être bien certaine de ne pas être la seule à l’avoir vue, mais son esprit lui joua à nouveau un tour et la même lumière émanait de la silhouette qui se tenait alors à la place du guerrier.
C’en fut trop pour Maia qui eut un mouvement de recul instinctif autant de crainte que de surprise. Elle finit par choir sur ses genoux et se prosterna en signe de grande dévotion, front et bras rencontrant le sol. Son souffle était court et sa voix émue du grand honneur qui lui était fait de cette visite divine. Un honneur bien au-delà de son mérite.


- Très illustres enfants de Zeus, je suis votre plus humble servante.

Athéna et Arès. Voilà qui elle voyait en lieu et place de la fille de Pâris et du fils d’Icare. Une hallucination très certainement guidée par ce qu’elle savait de leurs dévotions personnelles. Un blasphème, en réalité, mais bien contre sa volonté ou sa conscience.
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Christos Anthony.
Christos Anthony
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyDim 1 Mai - 19:51

    Lorsqu'Orion passa près de lui, Christos le darda d'un regard hautain en lui retournant froidement une salutation furtive. Il ne portait pas le maître d'armes dans son cœur – en même temps, qui aimait-il au fond ? – bien que sa sœur, la bien jolie Daphné, ne laissait pas indifférent le séducteur qui sommeillait en lui. Cependant, charmer n'était pas dans ses priorités, tant cette douleur impromptue l'étourdissait. Les cicatrices de sa jeunesse apparaissaient sur ses bras, rougissantes et brûlantes, ces flagrants témoignages d'un accident qu'il souhaitait oublier... L'athénien avait l'impression que toute la cité avait les yeux posés sur ses marques étranges, apparues par quelque enchantement. La chaleur, déjà étouffante, lui était maintenant insupportable. Sa tête ne tarderait pas à exploser s'il ne trouvait pas de l'eau... Titubant, il parvint à rester le plus droit possible, comme indifférent à ce mal qui le rongeait. Était-il le seul, dans cette assemblée, à être atteint d'hallucinations ? À moins que les traces de ses brûlures soient bel et bien apparentes... Troublé et effrayé, il tenta de reprendre ses esprits et la voix de Dorian s'employa à le sortir de ses songes. De ses mots, le gymnète entendit simplement « imbécile » se détacher du reste. Abasourdi par cette rébellion soudaine et n'ayant cure de déclencher un scandale, Christos s'apprêta à infliger une correction du plus bel effet à son impertinent larbin, quand une femme, sortie de nulle part, salua le romain. Une femme trop belle pour lui, d'ailleurs. Que lui trouvait-elle d'intéressant ? Et d'où se connaissaient-ils ? Se voyaient-ils régulièrement ? Malgré son impassibilité, le gymnète sentait sa curiosité s'attiser. S'armant d'un demi-sourire, il suspendit un instant ses gestes, et répondit poliment à cette inconnue, visiblement amie de son esclave. Le vaurien lui donnait des sueurs froides. Ses mains le démangeaient : il voulait lui faire regretter ses paroles. Et cette fois-ci, il n'hésiterait pas à l'abandonner à demi-mourant dans leur rue. Blessé dans son orgueil, le soldat ne pouvait rien faire devant cette jeune femme... Cassandre, entendit-il.

    Dorian n'était décidément pas dans son état normal, à moins que ce soit l’œuvre de ses fréquentations... Après tout, Christos n'était pas le plus aimé ni le plus populaire de la cité, et nombre de ses ennemis souhaitaient le voir disparaître. Les ivrognes lui servant d'amis n'avaient pas plus de crédibilité que lui. Peut-être que de mauvaises influences avaient poussé son esclave à lui désobéir, à l'insulter et pire encore. Il n'était pas au bout de ses surprises. L'athénien se sentait animé d'un élan de peur, mêlée à une méfiance avoisinant la paranoïa. La souffrance continuait toujours. Elle dévorait ses bras, ses jambes et sa tête... il devait l'exorciser. Et Dorian commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Et cette foule aussi. Et pourquoi n'y avait-il pas d'eau, par tous les dieux ? Son esclave avait recommencé à parler. Qu'il se taise. Qu'il se taise et redevienne cet être faible qu'il avait acheté... Que disait-il à Thaïs Gaïa, du reste ? La jeune fille, à la chevelure flamboyante, venait d'apparaître devant lui, animée par une gaieté dont elle ne se séparait jamais. Sous ce soleil brûlant, elle était magnifique. Les pensées confuses, Christos secoua la tête. « Laisse-la tranquille. » Lança-t-il à cet intrépide larbin qu'il ne reconnaissait plus, bien que ce dernier se soit déjà éloigné après quelques paroles murmurées aux innocentes oreilles de Thaïs. « Que t'a-t-il dit ? » Demanda le gymnète, en posant des yeux suspicieux sur la frêle jeune fille. Elle ne repartirait pas. Oh non. Quelqu'un le bouscula alors, touchant par conséquent ce corps brûlant et douloureux. Une grimace apparut sur le visage de Christos, avant qu'il ne jette un coup d’œil arrogant vers ce nouveau venu... C'était un jeune homme, dont il avait un vague souvenir. Sans doute croisé dans les rues. Son sang ne fit qu'un tour après la remarque de ce gamin. « Oui, répondit-il lentement en se tournant vers lui, il est trop heureux, trop étrange. Les menaces le feront rire et les coups le chatouilleront. J'attends un peu. Et après, je lui réglerais son compte. Comme à toi si tu fais un autre commentaire. » Siffla-t-il d'un ton féroce, à l'opposé de sa froideur habituelle. Par « régler son compte », Christos pesait ses mots. Il le battrait jusqu'au sang. Il lui ferait regretter d'être né, d'avoir souillé la terre de sa chair, d'être un faible. Son cœur battait et l'adrénaline le gagnait, sous sa peau embrasée par une force divine. Des fourmillements lui donnaient envie de rattraper son esclave, de lui enfoncer la tête dans la poussière d'Athènes et le livrer à la honte. Quoique... Dorian n'était pas le seul imbécile qui l'excédait. Il réservait ce sort à n'importe qui.

    Les encens étaient plus lourds que la chaleur, mais ils n'empêchèrent pas Christos de poser une main baladeuse sur la taille fine de Thaïs. Au contraire, ils l'y poussèrent, comme ils le poussaient à se persuader de cette fausse douleur, de cette fausse paranoïa... Tout se mélangeait dans sa tête d'illettré. « Faudra qu'on aille se baigner, j'ai chaud. » Souffla le jeune homme dans l'oreille de la rouquine. Étrange de parler de baignade lorsqu'on savait que le soldat était un piètre nageur... Tandis qu'il balayait la foule du regard, il crut reconnaître le visage souriant de Néphélie, sa sœur disparue, échappée du monde d'Hadès. Captivé par cette apparition soudaine, il fixa cette dernière avec un sourire béat accroché aux lèvres. Une joie sans précédent s'empara de son corps, chassant la douleur des blessures et la violence de ses pensées. Il eut envie de la suivre, d'attraper cette silhouette qui lui manquait tant... Sa chevelure brune battait doucement ses joues, et son sourire en coin le tentait de venir vers elle. « Mais tu es morte, » lâcha-t-il, les yeux fous, sans prêter attention aux personnes autour de lui. Très vite, la colère dissipée s'empara de nouveau de son être. Il était furieux contre cette foule. Il était furieux contre l'Olympe. Qui étaient-ils, tous, pour lui jouer cette mauvaise farce ? Il resserra ses doigts sur la taille de Thaïs, hors de lui. Ils lui en voulaient, tous. Sa tête était si lourde... et son corps si brûlant. Le feu semblait toujours le consumer, comme dans ses cauchemars. Et il devait trouver sa sœur.
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Orion Attis.
Orion Attis
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyMer 4 Mai - 16:57

Le discours de la grande Prêtresse d’Athéna venait à peine d’être achevé et déjà, les pérégrinations et autres incidents typique des fastes soirées athéniennes faisaient leur entrée. Ils avaient choisi une entrée plutôt théâtrale cette fois-ci avec le cri horrifié d’une des compagnes de Diane mais pour l’heure, nul ne semblait plus concentré que sur le plus riche et réputé des vins qui avait été sorti pour l’occasion. Tant mieux. Orion ne supporterait pas longtemps que des regards intrigués se posent sur son accoutrement dans lequel il se sentait on ne peut plus déguisé. Avec un peu de chance, l’ivresse générale le sortirait de toute remarque malséante. Maia avait beau lui supplier qu’elle n’y était pour rien –mais dans quelle affaire d’ailleurs ?-, le maitre d’armes poursuivait sa route à la recherche d’un endroit un peu plus isolé que les autres. Douce illusion quand on fêtait Athéna. Au gré de ses pas, il en profitait pour jeter un coup d’œil circulaire à la foule d’un air inquiet tandis que les cheveux aux reflets caramel de Daphné lui demeuraient absents. Son cœur manqua un battement l’ombre d’un instant. Ou s’était-elle fourrée ? Rien n’était moins sûr dans ces moments-là. Fallait-il encore qu’elle ait préservé ses réflexes si toutefois un homme un peu trop entreprenant envisageait de lui faire la cour. Ses yeux d’ordinaire d’un bleu éclatant s’en retrouvaient légèrement ternis par l’aspect rougi que son œil avait pris. En effet, les doux fumets de l’encens attaquaient ses yeux et parfois, il sentait que ses pas n’étaient pas aussi certains et déterminés qu’il ne l’aurait souhaité. Une fois de plus, les religieux avaient mis le paquet en ce qui concernait les préparatifs, peut-être avait-il un peu trop dosé les encens cette fois-ci. L’air frais de la soirée qui frappa son visage à l’écart des autres ne parvenait même pas à apaiser la chaleur qui s’était emparé de son corps. Il avait chaud mais Orion préférait encore mettre ça sur le compte de l’adrénaline. Des retrouvailles avec Maia, voilà ce qui était parfaitement en mesure de le mettre dans tous ses états. D’ailleurs celle-ci eut le mérite de le tirer de ses pensées. Avec indignation, elle se dégagea de lui. Il eut le temps de croiser son regard pour y retrouver tous les sentiments amers avec lesquels ils s’étaient quittés. Au fond, rien n’avait changé et il en était réconforté au fond. Elle allait égayer sa soirée.

« Oh pardon chère prêtresse, dois-je me prosterner à vos genoux pour acquérir enfin une attention digne de ce nom ? » Son ton se faisait sarcastique et moqueur pour dissimuler le malaise qui s’était installé. On ne parlait pas toujours à une femme qui vous haïssait autant qu’elle vous avait apprécié, à l’époque où elle partageait encore vos journées. L’orgueil d’un homme se gonflait à chacun des reproches qui pouvaient fuser à son égard mais les regrets de l’ancien amant et ami demeuraient toujours. L’heure n’était pas à la nostalgie mais bel et bien aux festivités. Peut-être aurait-il la chance de s’amuser à son tour, une fois qu’il aurait réglé le problème superbement vêtu qui se dressait devant lui. « Je doute que crier à la mort alors que la prêtresse Diane vient d’achever ses adresses respectueuses à l’encontre de la Grande soit un des meilleurs comportements que l’on puisse espérer de ta part. Espérais-tu vraiment gâcher la soi… ? » Une nouvelle fois, Orion fut interrompu par un nouvel événement et non des moindres. L’arrivée impromptue d’une des filles Pâris : Circée. Sans savoir si ce fut elle ou l’atmosphère ardente et étouffante mais sa tête lui tourna soudainement. Posant une poigne à la fois fébrile et puissante sur l’épaule de chacune des deux femmes, il ferma les yeux pour tenter de reprendre ses esprits. Un étau sorti de nulle part écrasait son crâne dans une douleur des plus oppressantes. Puis une nausée. Violente et enveloppante. Orion se féliciterait plus tard de ne pas y avoir cédé sur les pieds des femmes d’un tel rang. Son esprit s’embrouillait une nouvelle fois mais enfin l’évidence le frappa. Tout s’apaisait en lui. Seul demeurait le feu ardent qui occupait ses entrailles et qui illuminait son regard d’une lueur indécelable. Il rouvrit les yeux et se sentit peu à peu gonfler d’une force inconnue. Il se sentait puissant, comme invincible. Et alors qu’une jeune femme dans une robe immaculée se laissa tomber à genoux devant lui, il comprit.

Passant sa main dans ses cheveux d’une manière assurée et presque élégante –chose qui ne lui ressemblait pas-, Orion éclata alors d’un rire à la fois maitrisé et spontané. Arborant un air songeur et approbateur, sa main tomba en arrière nonchalamment comme de ces hommes riches et précieux dont on doutait de la sexualité. Tout de suite la toge le seyait davantage. Il n’était plus lui-même, il était devenu bien plus. Par on ne sait quelle aide divine, quoiqu’il en soit, cette soirée était merveilleuse, fantastique. Elle lui inspirait des mots, des citations, des paroles dont il n’aurait été capable auparavant. Tout semblait possible. S’inclinant jusqu’à Maia avec une nouvelle grâce, il saisit sa main pour la redresser : « Allons douce nymphe, point d’allégeance cette nuit. Délectez vous de ces mets et prenez mon escorte pour acquis. » Il lui adressa un sourire sincère alors que quelques minutes avant, il s’exhortait presque à la faire quitter le festin. Autour de lui, la foule semblait éprise de la même euphorie. Il ne voyait en eux que de simples âmes humaines, des êtres faibles qui ne lui rappelait que la force lueur dorée qu’il dégageait de lui-même. Il se prenait pour un Dieu pour sûr et pas n’importe lequel. Maia pouvait se méprendre mais aux yeux d’Orion il était devenu Apollon, le dieu Soleil, maitre des arts et luminescent de manières. Si les esprits auraient été clairs, il était unanime qu’Arès aurait été plus propice à représenter la personnalité d’Orion mais cet encens ne reflétait-il pas finalement quelques faiblesses dissimulées ? Se tournant jusqu’à Circée, il effectua une petite courbette avant d’ajouter à son intention, la main toujours agitée en l’air : « Eclatante déesse Athéna, fruit de la tête de notre Père, vous brillez par votre beauté. Le bouclier et la chouette qui jadis vous accompagnaient vous aurait-il délaissée ? »

Complètement distrait, il leur tourna le dos pour contempler la masse d’athéniens. Il souriait au hasard, croyait reconnaitre ici et là d’autres divinités qui n’y étaient pour rien : Diane respirait la prestance d’Aphrodite. Pourquoi diable Hermès, fin et agile parlait-il avec un homme fraichement réveillé ? Venait-il de mentionner le nom de sa sœur Daphnê qui, plus loin, prenait les traits de Déméter, aussi fraiche et luxueuse qu’un champ de blé. Une femme brune et musclée autrefois romaine, n’avait-elle pas ce visage maternel et rassurant d’Hestia ? Pourquoi venait-elle de poser une main puissante sur les épaules d’Héphaïstos, le dieu discret et pourtant si troublé ? De toute évidence, ce dernier venait d’être querellé par le méchant Hadès qui s’octroyait souvent les pouvoirs d’un maitre sur ses esclaves. Et la rousseur flamboyante de cette femme était-elle réelle ou bien une illusion provoquée par les nymphes sensuelles ? Ou était son ami Eros ? Et sa sœur chérie Artémis ? Retrouvant un étourdissement désagréable, il reporta son attention vers les deux jeunes femmes et se mit à s’éventer avec sa propre main pour gagner quelque fraicheur.
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Leandre Kyros.
Leandre Kyros
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyDim 8 Mai - 14:39

« Mon fils ! » Kasen n'avait jamais été démonstratif de ses sentiments, à part avec sa femme, mais aujourd'hui, il était heureux et il le montrait. Son fils ainé, précédemment blessé, rentrait sain et sauf au pays. Cette nouvelle ne pouvait que réjouir les parents de l'hoplite. De plus, leur fils unique rentrait le jour même des Panathénées, n'était-ce pas un signe ? Ce soir, ils fêteraient Athéna, déesse de la guerre. Ce ne pouvait qu'être un signe. Leandre enlaça sa mère qui l'avait tant manqué ces dernières semaines. Il avait reçu chacune de ses lettres, toutes angoissées de savoir si il était toujours en vie. Alors pour la rassurer, il prenait toujours quelques minutes pour lui répondre même si il n'écrivait que quelques phrases. La moindre des choses quand votre mère passait ses journées dans les Temples dédiés aux Dieux afin de protéger son enfant. L'Athénien de retour au pays enlaça successivement ses parents. Les retrouver était un vrai plaisir ! Il n'était plus le gamin qui avait quitté ses géniteurs quelques années plus tôt pour faire son service militaire mais il était toujours soulagé de les revoir. Leur visage rayonnait de bonheur, de fierté et de santé mettait du baume au cœur. Après toutes les horreurs qu'il voyait sur le champ de bataille, Leandre ne pouvait qu'apprécier ce bonheur. D'autant plus qu'il était sincère puisqu'il venait de ses parents. « Viens, Leandre, nous allons te préparer. » Telle une mère pour son garçon de cinq ans, elle le prit par la main et l'entraina jusqu'à sa demeure. Comme à l'accoutumée pour ce genre de célébration, les hoplites étaient invités à défiler et à faire partie de la procession. Leandre n'y couperait pas. C'était un honneur qu'on ne refusait pas. Il en serait ainsi pendant encore de nombreuses années. Ses rares affaires enfermées dans un baluchon, il suivit sa mère qui s'était mise à détailler toutes les préparations qu'elle avait faites pour ce jour si spécial. Le retour à la vie normale était agréable. La Cité lui paraissait encore plus belle que lorsqu'il était parti. Peut-être était-ce à cause de toutes ces décorations en l'honneur d'Athèna ou simplement à l'amour qu'il portait pour sa ville natale. En tout cas, l'effervescence avait gagné tous les Athéniens et les étrangers présents. La preuve qu'une fête religieuse pouvait réunir plusieurs peuples. Il se sentait bien, il était de retour. Un sourire se dessina sur les lèvres du soldat. Qu'il était bon de rentrer chez soi !

• • • •

La nuit commençait à tombée et les festivités se poursuivaient avec une petite fête où Athéniens et étrangers avaient la possibilité d'échanger, de manger et de boire en l'honneur des divinités qui veillaient sur eux. C'était un moment où tout le monde pouvait oublier ses soucis pour se vider l'esprit et profiter de la soirée. Ce soir les Dieux étaient à l'honneur. Les jours suivants ne pourraient qu'être agréable grâce à cette journée. Leandre était accoudé à une table en bois, un verre de vin à la main. Tout le monde s'amusait ici. Un constat fort agréable après les journées passées à voir des gens périr les uns après les autres. En fait, il s'agissait d'un grand changement dans ses habitudes. Quelques jours plus tôt, il était les pieds dans la boue, vivait dans des conditions précaires et personne ne riait à part quand l'adversaire venait d'essuyer une défaite cuisante contre eux. Ce soir, tout était le contraire. Il n'y avait aucune misère. Riches et pauvres étaient logés à la même enseigne. Chacun avait le droit de boire, de manger autant que les autres. Il n'y avait aucune boue. Le sol avait été soigneusement nettoyé à l'occasion des Panathénées. L'endroit était décoré avec délicatesse et réussite. D'ailleurs, rien que le lieu était réussi. Il inspirait énormément de respect. Mais ce soir encore plus. Et puis, ici, tout le monde riait, chantait, parlait, dansait. La joie à l'état pur. Comment ne pas être transporté de bonheur avec pareille ambiance ? Cependant, il manquait quelque chose. Il y avait trop de retenue. Trop peur d'amour. Posant son menton dans sa main, Leandre poussa un soupir. Que faire pour décoincé toutes ces personnes ? Ce manque évident d'amour et de passion lui minait le moral. Il voulait des baisers, des mots doux, des folles embrassades ! Il voulait de la passion ! Et il n'avait rien pour propager cet amour. Il était démuni. Quoique... Et si il poussait cette femme vers cet homme ? Et si il renversait du vin sur ce vieil homme et qu'il demandait à cette belle Athénienne de venir l'aider ? Et si ce petit garçon brun arrêtait de regarder cette jolie fillette blonde et qu'il se lançait enfin ? L'amour était partout mais voilé ! Il fallait faire quelque chose ! Cela devenait urgent.

[c'est court mais j'ai enfin posté -_-]
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Circée Calypso.
Circée Calypso
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[T] Panathénées, ou Dionysies ...?  Vide
MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyLun 6 Juin - 18:30

    La folie. Ancrée dans chaque être humain que les dieux avaient fait, elle était tapie au plus profond de leur être et parfois venait à sortir de l’ombre. Certains la côtoyaient plus rapidement que d’autres, et quelques-uns ne verraient jamais la lueur de son existence. En cette douce soirée à l’honneur d’Athéna, la plus grande déesse que le ciel ait jamais vu, il semblait que la folie avait décidé de s’inviter. Ce fut tout du moins la pensée floue mais tout de même cohérente de Circée. D’abord surprise par le comportement inhabituel de sa chère amie Maia, elle avait été incapable d’expliquer ses propos. Jamais une prêtresse ne se sentirait le devoir d’être servante d’un citoyen, qu’importe le statut social de ce dernier, il n’y avait que les Dieux à qui elle se dévouait. Or, à sa connaissance, la fille Paris était loin d’être une déesse ou même d’en représenter l’image. Ensuite il y eut l’attitude d’Orion, vraiment surprenante. Cet homme qui combattait chaque jour et ne voyait défiler sous ses yeux que des armes en majorité, venait d’adopter les manières propres d’un riche assez hautain et très décontracté. Ce qui amusa au plus haut point Circée. Cette scène était vraiment divertissante bien que complètement dérisoire pour un guerrier tel que le fils d’Icare. Finalement, elle se rendit au compte au vue des paroles d’Orion, de ce qui se passait réellement. La folie était en train d’atteindre tout le monde. Comment ? C’était une bonne question. La nourriture ? La boisson ? Les décorations du lieu ? Qu’est-ce qui pouvait bien provoquer cela ?

    En toute sincérité, une part d’elle-même ne voulait pas le découvrir, les évènements qui se déroulaient lui plaisaient bien trop pour désirer les arrêter ou empêcher qu’ils perdurent durant la soirée. Sans le savoir, elle commençait petit à petit à succomber à cette folie, entrant à son tour dans le délire, mais à petit pas. Et alors que la demoiselle suivait du regard le fils d’Icare qui semblait avoir perdu complètement l’esprit à en juger son visage empli d’une certaine incompréhension, elle repéra soudainement Leandre. Son meilleur ami semblait dans un meilleur état que les personnes qui les entouraient. En effet, des rires plus forts les uns que les autres se faisaient entendre, se succédant dans un fracas impressionnant. L’ambiance était en train de devenir tout à fait intéressante. Et comme si Circée s’était prise au jeu de cette soirée folle, elle se retourna vers Maia, en lui disant sur un ton grave et autoritaire : «Qu’attends-tu pour me chercher mon bouclier et ma chouette ?». Sans attendre la réponse de celle qui se prétendait être sa servante en cette nuit, la fille Paris attrapa brusquement par le bras un homme d’un certain âge qu’elle n’avait encore jamais vu, où peut-être ne se rappelait-elle tout simplement pas de son visage. Puis soudainement, adressant un regard fier à Maia, elle reprit la parole pour dire : «Voilà mon bouclier». Propos vraiment incohérents, puisque ce n’était en aucun cas un bouclier mais bel et bien une personne humaine.

    Et si la situation n’était pas assez ridicule, elle allait le devenir encore plus, avec une touche dramatique. La vue de Circée ne semblait pas floue pourtant elle avait l’impression de tenir une brebis par l’une des cornes, or elle avait toujours en main le bras de cet homme. Elle s’écria alors : «Une offrande, que le sacrifie soit fait». Si certains avaient des délires plus raisonnables, et n’étaient pas tombés dans une folie totalement incompréhensible, la fille Paris ne faisaient pas partis d’eux. On aurait dit que plus les secondes s’écoulaient, et plus son esprit lui jouait des tours. Même si la vision d’une brebis à ses côtés avait l’air de la satisfaire, elle, grand déesse du nom d’Athéna. A force d’avoir entendu Maia et Orion la nommer ainsi, elle ne s'était pas contentée de se prendre au jeu, elle s’était faîte prendre par le jeu. Son cerveau était certain d’être cohérent. Si seulement il savait. Si seulement la demoiselle savait.
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Yrian Lykke.
Yrian Lykke
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MessageSujet: Re: [T] Panathénées, ou Dionysies ...?    [T] Panathénées, ou Dionysies ...?  EmptyJeu 23 Juin - 16:02

C'est nul, mais bon, je voulais RP.

Quelques minutes venaient de s'écouler depuis qu'Yrian s'était effondré, pourtant, lorsqu'il reprit conscience, c'était comme s'il venait juste de fermer les yeux sur la Grèce pour les ouvrir sur un autre monde, beaucoup plus familier. Le jeune homme aperçut tout d'abord le bleu du ciel au dessus de lui. Il était immaculé. Aucun nuage ne venait troubler sa tranquille pureté. Yrian regardait peu le ciel, préférant accorder son attention à la terre qui l'entourait. Mais un souvenir revint. Il était en Scandinavie, la veille de son vingtième anniversaire. Son père avait organisé un tournoi amical dans les steppes où il espérait que son fils aurait l'occasion de briller. Quelques jeunes hommes assez peu talentueux mais proches du style d'Yrian y participaient. Mais tout ne s'était pas passé comme prévu, et le jeune guerrier s'était écroulé, ayant reçu un coup sur le visage. Le ciel au dessus de sa tête le tentaient par sa masse bleue intense, mais la fraicheur du sol enneigé l'empêchait de partir dans l'inconscience. C'était la même sorte de sensation qu'il ressentait, si ce n'était que le sol lui semblait brûlant et le bleu moins attirant.
Il se rendit compte qu'il avait effectivement mal au nez. Mais le liquide qui s'y trouvait était trop liquide pour être du sang. Yrian sentit bientôt à ses côtés la masse froide d'un verre... Néoptolème venait de le lui jeter dessus par inadvertance, et paradoxalement, cela l'avait réveillé, alors que quelques minutes plus tôt, une inconnue avait elle-même tenté de le réveiller.

« Ah, Yrian... Toi aussi, l'encens te fait souffrir, ou c'est juste l'ennui qui t'a guetté ? »

Yrian lança un regard au jeune homme qui venait de lui parler. Il remarqua d'emblée son corps parfait, mis en valeur par les vêtements étranges qu'il portait. Le jeune homme n'avait pas de barbe et portait les cheveux plutôt court... Étrange tenue pour un Scandinave... Se pouvait-il qu'il soit un étranger ? Oui, cela paraissait crédible... Mais alors... comment connaissait-il son nom ? Yrian était persuadé de n'avoir jamais vu ce jeune homme, mais il attribua sa perte de mémoire à l'état de demi-sommeil dans lequel il se trouvait alors. Il préféra se concentrer sur ce que l'inconnu lui disait et renifla l'air autour de lui. Force était de constater que l'odeur était loin d'être agréable. Elle était lourde et entêtante, n'avait rien à voir avec l'air frais de son royaume d'origine... L'étranger avait-il ramené cet encens chez lui ? Yrian se crut devoir le lui reprocher.

« Cette odeur est proprement désagréable, seigneur. » se contenta-t-il de répondre.

Il se sentit alors soulevé par le jeune inconnu, puis soutenu. Une légère nausée le prit, l'obligeant à contempler le sol pour éviter de s'éblouir. Yrian se rendit subitement compte qu'il avait oublié ce qu'il faisait allongé sur le sol. Il n'avait pas d'armes avec lui justifiant un quelconque entrainement avec le jeune inconnu, il n'avait donc pas pu se blesser de la sorte. Le verre qui lui était tombé dessus le poussait à croire qu'il s'était évanoui à cause d'un abus d'alcool. Le résultat était que le Scandinave était incapable de se rappeler ce qui s'était passé avant qu'il s'endorme. Il se croyait de retour en Scandinavie, lors d'un banquet à l'honneur d'un grand guerrier, ou d'une grande bataille gagnée... Pourvu que son père n'apprenne pas qu'il se sentait si mal !
Mais non, cette solution ne semblait toujours pas correspondre à la situation. S'il s'était endormi lors d'un banquet martial, il ne se serait certainement pas fait abordé de la sorte par un étranger... Peut-être une fête scandinave, où on avait invité un groupe d'étrangers de passage sur les terres ? Cela paraissait plus probable, mais Yrian ne se rappelait d'aucune fête de ce genre. Il fut tiré de ses pensées par une question de l'inconnu, à laquelle il ne s'attendait pas.

« Yrian, tu as vu ma sœur ?
- Allons bon, voilà que les femmes s'en mêlent ! »

Tout cela était décidément étrange. Yrian releva la tête et faillit repartir dans le coma. Voir un étranger était déjà assez déroutant comme ça, mais se voir entourer d'étrangers étaient encore pire. Tous ces hommes, toutes ces femmes étaient habillés légèrement, à la même mode, qui plus est. Ils formaient donc un peuple, inversant ainsi les rapports de force : désormais, il était l'étranger. Le jeune homme qui le soutenait ne parut pas s'en rendre compte, inquiet qu'il était de retrouver sa sœur... La situation était cauchemardesque. Yrian se dégagea de la poigne de Néoptolème. Il se sentait subitement revigoré, comme si le fait de prendre connaissance d'un fait nouveau l'aidait à se sentir mieux. Puis il s'éloigna de nouveau dans la foule, observant les étranges êtres qui la composaient.
Il nota ainsi de nombreux conflits dans la foule. Des hommes et des femmes se battaient entre eux. D'autres avaient un comportement plus calmes, mais ne paraissaient pas plus sensés. Bien qu'Yrian comprenne la langue dans laquelle ils s'exprimaient, leurs paroles étaient dépourvues de sens. Ils parlaient de champs de coquelicots bleus, d'un lieu étrange sur la montagne nommée Olympe, de voisine qui jetait son bébé par la fenêtre ou encore de bateau qui volait... Quelques couples étaient très proches l'un de l'autre, effectuant une étrange action à mi-chemin entre la danse et l'étreinte. Puis le jeune homme sortit de la foule, se retrouvant alors face aux grands bâtiments clairs d'Athènes. Subitement, le tournis le reprit alors qu'il se rendait compte que le lieu où il se trouvait n'était pas la Scandinavie, mais la Grèce. Cela expliquait la présence ces étranges personnages aux vêtements dénudés ainsi que le fait qu'Yrian ait été incapable de reconnaître une fête scandinave.
Si cette découverte avait quelque chose de rassurant, l'éclaireur n'en menait pas large. S'il savait désormais où il se trouvait, il ne savait toujours pas pourquoi il était là... et comment il y était arrivé. Puisqu'il ne reconnaissait personne dans la population d'Athènes, il supposait que les personnes l'ayant amené ici – contre son gré, il fallait le préciser – n'étaient guère présentes. Elles l'y avaient sans doute abandonné après l'avoir enivré. Yrian se retourna vers la foule, essayant d'apercevoir quelques scandinaves. Il en remarqua quelques uns, mais il ne l'avait jamais vus. Étaient-ce eux, son bourreau ?
Brusquement, un cri s'échappa de la gorge du jeune homme. Il en était désormais certain : il était là sur ordre de son père. Finalement, il avait décidé de se débarrasser de son fils en l'envoyant dans un lieu inconnu et en s'arrangeant pour que le Scandinave oublie tout de la situation. Plus cette pensée envahissait l'esprit d'Yrian, plus il la trouvait cohérente. Il se demanda même comment il avait pu ne pas y songer plus tôt. Le cœur à vif, Yrian retourna dans la foule, bien décidé à se venger de ceux qui avaient obéi aux ordres de son père.
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