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Leandre Kyros & Pandora Nell

Ses paupières s'ouvrirent, laissant apparaitre ses beaux yeux bleus. Un sourire vint étirer ses fines lèvres rosées. Pandora se sentait bien là, et pour rien au monde elle n'aurait bougé. Elle était allongée aux milieux des folles herbes. Elle avait réussi à trouver un endroit dégagé où il n'y avait pas trop d'arbres, elle pouvait ainsi admirer le ciel bleu à sa guise. C'était sans aucune doute le passe temps préféré de la demoiselle. Elle trouvait cela tellement apaisant.. La demoiselle avait eut une journée plutôt chargée. Elle avait du vendre le gibier que son père avait rapporté au marché et à vrai dire, il y avait eu pas mal de monde. Heureusement, les affaires de son père marchait et c'était tant mieux pour eux. Sauf qu'avoir affaire à autant de personnes, c'était plutôt fatigant. Il fallait gérer les athéniens impatients et c'était une rude épreuve. Surtout qu'une fois que cela était fait, elle avait du rentrer chez elle et s'occuper de toutes les tâches ménagères, comme d'habitude. Mais bon, elle ne se plaignait pas, elle ne devait pas être la seule dans ce cas. Et puis, il y avait sans doute bien pire comme vie et Pandora n'était pas le genre de femme qui se plaignait. Enfin bref, il était temps pour elle de se détendre. Ce moment là de la journée était de toute évidence son préféré. Elle pouvait laisser son esprit vagabonder. La jeune femme s'imaginait, galopant sur un beau cheval blanc, visitant tous les pays et toutes les villes du Monde. Elle rêvait de voyager, de faire le Tour du Monde et ce depuis qu'elle était enfant. Seulement, elle n'avait encore jamais pu réaliser ce rêve, bien que c'était son plus grand souhait. Un jour, peut-être.. Du moins, elle l'espérait. Bref, Pandora était dans son élément, au milieu de toute cette végétation. La nature, les animaux.. Ça lui plaisait réellement. Elle se releva doucement, restant tout de même assise en tailleur, observant silencieusement ce qu'il se passait autour d'elle. Quelques oiseaux virevoltaient pas très loin d'elle, tandis qu'une biche gambadait. Elle était à la lisière de la forêt, ce qui était suffisamment proche pour que Pandora puisse la voir, mais nul doute qu'au moindre bruit, l'animal s'enfuirait rapidement. C'est pour cela que l'athénienne ne bougea pas d'un cil. Elle trouvait ce spectacle que lui offrait la nature tellement beau que pour rien au monde elle ne gâcherait ce moment. Elle tenta tout de même de remettre une de ses mèches de cheveux qui biquait en place, avant de finalement abandonner. De toute façon, vue l'état dans lequel elle se trouvait.. C'était peine perdue. Et puis de toute façon tant pis, son père, Fabian, avait désormais l'habitude de la voir rentrer décoiffée, les vêtements sales. Au début, il ne cessait de la gronder, lui disant qu'une demoiselle ne devait guère se comporter ainsi. Mais il avait finit par renoncer. De plus, il voyait bien le sourire qui était présent sur les lèvres de Pandora à chaque fois qu'elle rentrée dans cet état. Elle était heureuse, épanouie. Et en tant que bon père aimant, la voir aussi joyeuse, c'était ce qu'il souhaitait. Ainsi, il respectait les dernières volontés de son épouse, il prenait soin d'elle et à vrai dire, il s'en sortait bien, du moins, d'après Pandora. Alors, il avait finit par la laissait faire. Et c'est ainsi que depuis quelques années désormais, la jeune femme partait chaque jour dans les bois, à la recherche d'endroits lui permettant de contempler le ciel et de ne faire plus qu'un avec la nature..

Cela devait faire une heure que la jolie blonde était assise en tailleur. La biche qui gambadait quelques temps auparavant n'était plus là, seuls quelques oiseaux continuaient de voler pas très loin d'elle. C'est avec quelques regrets qu'elle se leva, brisant par ses mouvements le silence qui s'était petit à petit installé. Elle serait bien restée là plus longtemps, mais elle devait malheureusement partir. Pandora commença à marcher en souriant béatement. Elle était sur son nuage, comme d'habitude. Elle continuait sa marche, sans vraiment faire attention à ce qu'il se passait autour d'elle. A vrai dire, une troupe d'hoplite aurait pu passer juste à côte d'elle, elle ne l'aurait pas remarqué, trop occupé à rêvasser. Cependant, croiser une troupe d'hoplite ici était peu probable.. Quoi qu'il en soit, elle traversa une sorte de petite forêt et déboula sur un chemin de terre. Sans avoir fait exprès, évidemment, elle avait déboulé devant un jeune homme, l'arrêtant sans doute dans sa marche. Elle se contenta de le regarder, toujours en souriant, comme à son habitude. Au bout de quelques secondes à sourire béatement, elle eu la présence d'esprit de tout de même s'excuser, elle avait quand même interrompu cet homme dans sa ballade.

- Veuillez me pardonner, je ne voulais pas vous interrompre..

Leandre se promenait dans la campagne d'Athènes. Il n'avait pas eu à vivre dans la misère et en dehors de la cité grâce aux revenus de son père. Cependant, il prenait toujours un malin plaisir à s'y promener. Ici au moins, il était tranquille. L'agitation d'Athènes était loin, on pouvait réfléchir tranquillement et profiter de la solitude. C'est dans le but de trouver des réponses à ses questions que le jeune hoplite s'était isolé en dehors de la ville. Depuis son retour, il avait l'esprit un peu embrouillé. Il ne se sentait pas à sa place à Athènes. La sienne était auprès de ses hommes, au milieu d'un combat. Il ne put s'empêcher de se demander ce qu'ils faisaient à ce moment même. Il valait mieux pour tout le monde qu'ils éloignent les perses de la côte grecque. Ils y arriveraient, Leandre croyait en eux. Bien que nombreux, les perses étaient possibles à battre. Personne n'était invincible. Il adressa une prière à Arès, lui demandant de protéger sa troupe. Si il perdait des hommes alors qu'il était ici à se tourner les pouces, il s'en voudrait terriblement. Déjà quand temps normal, il annonçait personnellement la perte d'un soldat à la famille. Les capitaines qui le faisaient étaient rares. Lui trouvait cela pure justice. Chacun de ses hommes étaient sous sa responsabilité. Si il était incapable de les garder en vie, il se devait d'assumer les conséquences. C'était toujours un moment pénible à vivre, voir la détresse sur ces visages, la tristesse qui se mêlait aux larmes. C'était un spectacle déchirant. Les premières fois étaient les plus dures. Mais plus il apprenait à connaître ses soldats et plus il lui était difficile de l'annoncer. Il faisait son deuil en même temps que les familles déchirées. Le jeune homme s'arrêta pour prendre un petit caillou qui trainait parmi d'autres sur la route. Cette même route qu'empruntaient de nombreuses familles afin d'aller vendre leurs produits à Athènes ou que les voyageurs prenaient pour voyager dans le monde entier. Qu'y avait-il en dehors des territoires qu'il avait déjà visité ? Probablement la même chose. De l'herbe, un ciel bleu, du soleil, des animaux, des personnes. Le monde était partout pareil. Si celui-ci était vaste, on pouvait comprendre pourquoi les dieux n'exauçaient pas toujours les prières de leurs fidèles. Ils devaient avoir bien à faire ailleurs. Leandre formula une nouvelle prière, cette fois-ci dirigée vers Athèna pour qu'elle protège elle aussi son armée. Arès et Athéna étaient tout deux des dieux de la guerre. Il les priait bien plus que les autres car sa troupe lui tenait à cœur et qu'il voulait que la Grèce reste telle qu'elle était. Il se mit à jouer avec son caillou, le passant d'une main à l'autre en le lançant en l'air.

Sur le chemin terreux, Leandre fut contraint de s'arrêter pour ne pas foncer sur la boule d'énergie qui venait de passer devant lui. Un petit air de folie dans le regard, elle semblait sortir d'un champ d'herbes. La terre souillait ses vêtements mais elle ne semblait pas s'y intéresser. Le regard du jeune homme était hypnotisé par les yeux clairs de la jeune femme. Ils se fixèrent quelques secondes dans le blanc des yeux sans qu'aucun ne parle. Il avait rarement vu une personne aussi souriante. Il crut un instant que c'était une messagère que les dieux lui avaient envoyé afin de répondre à ses interrogations. Ce fut elle qui ouvrit la bouche afin de s'excuser. Un sourire franc étira les lèvres de l'hoplite.

« Je vous en prie. »

Elle dégageait une bonne humeur qui fit oublier à Leandre ses questions mais fit en apparaître de nouvelles. Qui pouvait bien être cette inconnue aux cheveux blonds ? Il ne l'avait jamais vu dans le quartier Quartier sud où résidait la caste supérieur. Elle ne devait donc pas être riche. Ce qui expliquait pourquoi elle se fichait de la propreté de ses tenues. Les jeunes femmes riches étaient superficielles à un point que ça l'agaçait. Il ne voyait pas beaucoup de femmes appartenaient à cette classe se promener avec des habits salis et de la terre sous les ongles. Elles étaient toujours impeccables et osaient regarder les moins riches de haut comme si elles étaient mieux que quiconque. Même les hommes de la classe supérieure y avaient le droit. Cette jeune femme semblait au-dessus de cela. Elle était tout simplement heureuse. Un constat qui faisait plaisir. Dans ce monde, il y avait quelqu'un qui s'y plaisait. Curieux de connaître cette femme, Leandre la questionna sur son prénom, toujours le même sourire sur les lèvres.

« Je suis Leandre, fils de Kasen. Puis-je connaître votre prénom ? »

Comme on le lui avait appris il y a bien des années, il se présenta avant de demander l'identité de son interlocuteur. Il n'avait rien oublié de ce qu'on lui avait enseigné quinze ans plus tôt. Toutes ces formes de politesse et de respect qu'il utilisait encore aujourd'hui. Surtout que face à une femme, il fallait être encore plus respectueux. Il se replongea dans les belles prunelles de son interlocutrice en attendant qu'elle lui réponde. Lui qui pensait passer quelques heures à réfléchir était bien partis pour discuter avec cette inconnue. Comme quoi, la vie nous réserve bien des surprises.

Leandre se présenta aussi naturellement que si il respirait. Mais il se mit à douter lorsqu'elle ne répondit pas immédiatement. Elle ne voulait peut-être pas lui parler ou elle craignait qu'il lui fasse du mal. Après tout, ils étaient en pleine campagne, sur une colline où il n'y avait personne. Il était légitime qu'elle ait peur. Il s'apprêtait à s'excuser lorsqu'elle se présenta à son tour. Elle souriait toujours d'un sourire franc. Cela faisait du bien d'être face à une personne qui n'était pas hypocrite. Elle n'avait pas la tête d'une personne capable de mentir. Elle paraissait innocente et joyeuse. Leandre se revit au marché quelques jours plus tôt, en compagnie de Corban qui voulait acheter une amphore... horrible. Oui, elle était laide. Les finitions n'étaient pas travaillées, l'objet avait juste la forme de l'amphore avec des sortes de gribouillis dessus. Un enfant aurait fait mieux. Le sourire du marchand quand il avait compris que le poète allait acheter l'amphore n'avait pas échappé à Leandre. Les commerçants étaient souvent des gens scrupuleux et qui profitaient de la naïveté des gens pour les arnaquer. La jeune femme qui était devant lui ne semblait pas entrer dans cette catégorie. Elle serait plutôt l'arnaquée. Pandora, fille de Fabian. Pandora, un joli prénom. Il n'avait jamais entendu le prénom de son père. Ce qui voulait sûrement dire qu'elle n'était pas une femme issue de la caste supérieure. Cela expliquerait la tenue sale qu'elle avait. Alors que ça aurait dérangé de nombreuses personnes de parler avec plus modeste que soi, Leandre s'en fichait. Il ne comprenait pas l'aversion qu'avaient les riches pour les modestes. Tous les humains, quelle que soit la richesse, étaient pareilles. D'ailleurs, les riches étaient souvent les plus perfides. Tandis que les moins aisés étaient plus humains et plus généreux. Allez chercher la logique dans tout ça. L'athénien était peut-être de la caste supérieur, il n'en restait pas moins gentil, courtois et généreux avec tout le monde, sans aucune distinction. Il préférait même côtoyer des gens qui n'avaient pas autant d'argent que lui. Cependant, Pandora n'était peut-être pas aussi pauvre qu'il ne le pensait. Après tout, il ne connaissait pas le prénom de tous les hommes du Quartier Sud. Bien au contraire. Son apparence était sûrement trompeuse. En tout cas, ce n'était pas une question à laquelle il était important de répondre.

« Enchanté Pandora. »

Les craintes de Leandre s'envolèrent. Elle n'était pas offusquée qu'il lui ait demandé son prénom, ni effrayée d'être abordée par un homme en pleine campagne. Elle demandait même à l'accompagner. Il accèderait avec plaisir à sa requête. Elle l'empêcherait de sombrer dans le noir, de se noyer dans ses questions sans réponse. Ce qui était étrange c'était qu'elle n'était pas inquiète à l'idée de se promener avec un inconnu. En particulier un homme armé. Leandre ne savait pas trop quelle impression il faisait aux gens quand il les croisait dans la rue mais un homme armé était toujours craint ou respecté. Pandora, elle, semblait au-dessus de ça. Elle s'en fichait. Mais la jeune femme n'était pas la seule à devoir se faire du soucis. Il ne savait pas trop d'où elle sortait. Ses cheveux emmêlés et décoiffés lui faisaient penser à une femme au réveil. Il n'aurait peut-être pas dû faire confiance à une inconnue. Les femmes étaient les plus touchées par les agressions mais les hommes n'étaient pas épargnés. Combien de femmes étaient parvenus à faire ce qu'elles voulaient d'un homme ? Se promener avec une inconnue n'était pas raisonnable. Elle avait déboulé comme ça, par magie, d'entre les arbres. Quelqu'un de paranoïaque se serait méfié. Les chances pour qu'ils se croisent étaient faibles. Néanmoins, lui, il lui faisait confiance. Elle n'avait pas la tête d'une arnaqueuse. Avant de se mettre en marche, il avait tout de même quelque chose à faire.

« Avec plaisir mais avant, vous allez m'expliquer... Pandora, d'où vous venez pour avoir de l'herbe dans les cheveux ? » Il approcha sa main du visage de la jeune femme mais suspendit son geste. Son regard plongea dans les prunelles de la jeune femme. « Vous permettez ? »

Un sourire éclaira son visage. Il n'attendit pas plus d'une seconde pour poursuivre son geste, allant chercher l'herbe entre les mèches blondes. Des cheveux, il retira un brin d'herbe qui s'était perdu dans la blondeur de Pandora. Victorieux, il montra l'herbe à la jeune femme. Il ne savait pas où elle était allée trainer, il le saurait bientôt d'ailleurs si elle lui répondait, mais elle avait dû se coucher dans un champ d'herbes pour en avoir sur elle. Il laissa le brin tomber jusqu'à toucher le sol. Une descente au ralentie. Il releva les yeux sur l'athénienne. Il était temps de reprendre cette balade et d'en apprendre davantage sur elle. Leandre jeta le caillou qu'il tenait dans sa main dans l'herbe alentours puis se mit à marcher. Ce caillou ne lui serait plus d'aucune utilité pour occuper ses pensées. Il avait une diversion humaine à sa portée.

« Il vous arrive souvent de vous promener comme ça et d'aborder des inconnus ? »

Il était curieux de savoir si elle avait l'habitude d'agir ainsi. Si cela se trouvait, il n'était pas un cas isolé. Si elle tentait quelque chose, il serait capable de se défendre mais il ne voulait pas croire qu'elle l'attaquerait. Étrangement, il avait confiance en elle. Pas une confiance aveugle, mais une confiance. Il ne restait plus qu'à voir si il avait tort ou raison.

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Leandre Kyros & Pandora Nell

- Avec plaisir mais avant, vous allez m'expliquer... Pandora, d'où vous venez pour avoir de l'herbe dans les cheveux ? Dit-il en avançant lentement sa main vers le visage de Pandora et en plongeant son regard bleuté dans le sien. Vous permettez ?

Pandora se contenta d'acquiescer, un sourire amusé étirant ses lèvres. Elle avait l'habitude qu'on lui pose ce genre de question. Après tout, c'était tout de même surprenant de voir une jeune femme se balader avec des habits sales, décoiffée et avec de l'herbe dans les cheveux. Il fallait connaître Pandora pour comprendre que c'était naturel chez elle, qu'elle se fichait totalement de l'apparence qu'elle pouvait avoir. Bon, elle n'était pas non plus du genre à se négliger, au contraire, elle prenait soin d'elle en temps normal, mais disons juste que lorsqu'elle vient de passer une heure à rêvasser, elle se fiche bien de savoir si elle est présentable ou pas. C'était secondaire pour elle. Et puis, en général, elle rentrait directement chez elle après avoir passé du temps dans l'herbe, alors peu de personne pouvait la voir dans cet état. Ce jour ci était une exception, puisqu'elle rencontra Leandre. D'ailleurs, celui ci alla chercher quelques brins d'herbes qui se trouvaient dans les cheveux de la demoiselle avant de le lui montrer, comme si il s'agissait d'une sorte de trophée. Alors que le jeune homme lâcha le fameux brin d'herbe, Pandora reporta son attention sur lui, s'apprêtant à lui répondre.

- Et bien.. J'étais tranquillement allongée dans un champ d'herbe. J'admirais la beauté de la nature qui nous entoure, rêvassant paisiblement.. Cela ne vous arrive jamais ? De vous détendre, en vous allongeant, afin d'observer les nuages. C'est tellement apaisant, c'est un moyen de s'évader un peu du quotidien..

La jolie blonde laissa son esprit s'égarer de nouveau. Elle repensait à toute cette nature qui l'entourait, au chant des oiseaux le matin, au bruits des pattes de la biche lorsque celle ci se mettait à courir, effrayée au moindre bruit. En parlant de bruit, elle entendit celui des pas de Leandre, ce qui la réveilla, elle l'accompagna donc, se mettant à ses côtés. C'était plutôt rare qu'elle se promène avec quelqu'un d'autre, Pandora était toujours seule en générale. Pourquoi ? Par choix sans doute. Si elle était seule, elle pouvait être dans ses songes, alors que si elle est accompagnée, elle ne pouvait pas vraiment faire ça. Évidemment, elle aimait avoir de la compagnie, mais parfois, elle préférait être seule. Comme tout le monde. Ce jour ci, elle ignorait pourquoi, mais elle avait eut envie de se balader avec Leandre, alors qu'elle ne le connaissait pas. Peut-être était-ce seulement parce qu'il lui inspirait de la sympathie. Certes, il était armé, mais ça n'effrayait pas la demoiselle. Il n'avait pas l'air d'être dangereux, du moins, c'était l'impression que Pandora avait de lui. Peut-être se trompait-elle. Bien qu'elle espérait que ça ne soit le cas, on ne pouvait exclure cette hypothèse. Il pouvait très bien avoir l'air d'être une bonne personne, sans pour autant l'être. Seulement, la jeune athénienne faisait toujours confiance aux personnes qu'elle rencontrait. C'était peut-être un défaut, cela pouvait s'avérer dangereux pour elle, mais elle avait toujours été comme ça..

- Il vous arrive souvent de vous promener comme ça et d'aborder des inconnus ?

- Très souvent. Si vous voulez la vérité, je les aborde et ensuite.. je fais d'eux ce que je veux ! J'ai une nouvelle victime chaque jour, et il semble qu'aujourd'hui, ça ne soit vous que les Dieux ont mit sur mon chemin, vous désignant comme étant la prochaine victime sur la liste, dit-elle en rigolant.

Évidemment, c'était faux, elle plaisantait. Pandora ne ferait pas de mal à une mouche, alors à un humain, encore moins. D'ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi certaines personnes étaient aussi violentes avec leurs semblables. A quoi cela servait-il de faire autant de mal autour de soit ? A rien sans doute. Mais bon, certaines personnes étaient comme ça, sans aucune raisons apparentes. Elle continua de marcher à côté de Leandre, qui devait sans doute se poser des questions. Elle décida donc de lui dire la vérité. Certes, elle plaisantait, mais si jamais le jeune homme n'avait pas remarqué qu'elle ne faisait que rigoler, peut-être prendrait-il cela mal. Elle ne voulait pas qu'il ne la prenne pour une de ces personnes qui agressaient les inconnus qu'elles rencontraient, sans aucune raisons, surtout que c'était loin d'être le cas.

- A vrai dire, cela ne m'arrive presque jamais. Et vous cela vous arrive-t-il souvent de vous balader armé et de vous laisser aborder par une inconnue ?

A vrai dire, Leandre ne s'attendait pas du tout à ce genre de réponse. Il pensait que Pandora avait travaillé la terre pendant des heures et qu'elle avait fini de l'herbe dans les cheveux. En réalité, elle s'était seulement prélassée dans un champ d'herbes. Existait-il d'autres personnes qui profitaient du temps ? Leandre n'en connaissait aucune. Jusqu'à aujourd'hui en tout cas. Tout ceux qu'il connaissait étaient toujours en activité. Les plus riches allaient ici et là et parlaient politique pendant que les plus modestes travaillaient durement pour subvenir aux besoins d'une famille. Il était surpris qu'elle ait le temps de s'assoir pour admirer ce que les dieux leur offraient. C'était tellement rare. On avait beau être croyant, on n'était pas pour autant admiratif. Il était honteux d'avouer qu'il ne s'était jamais posé deux secondes ne serait-ce que pour écouter le silence. Surtout quand on connaissait les heures passées à prier chaque dieu. Cependant, il passait bien plus de temps dans la Cité où le bruit dominait pour vouloir en profiter. Là où la nature avait été modifié pour construire des maisons, où on avait investi les lieux afin de pouvoir y vivre. Ils s'étaient appropriés l'endroit et l'avaient modifié à leur image tout en remerciant les dieux de ce cadeau inestimable. Il esquissa un sourire. Il voulait bien croire que se retrouver seul au milieu de la nature devait être apaisant. Peut-être qu'il devrait prendre davantage de temps pour se ressourcer quand il était de retour à Athènes, outre se promener dans la campagne. Se serait une manière de remercier ces divinités de ce que lui offrait la vie. Il tourna légèrement la tête vers Pandora afin de lui répondre.

« J'avoue n'avoir jamais songé à m'arrêter et à profiter du cadeau des dieux. »

Le silence retomba entre les deux athéniens mais il n'avait rien de dérangeant. Au contraire. Leandre laissait couler son regard sur le paysage. Il avait fallu qu'il rencontre Pandora pour qu'il réalise à quel point le monde était merveilleux, recelant de nombreux mystères. Après quelques secondes de marche, le jeune hoplite questionna de nouveau Pandora. Il allait finir par l'ennuyer avec ses questions. Mais pour le moment, elle ne semblait pas agacer alors il ne se gênait pas. Elle lui répondit de bon cœur, sans même hésiter. Lorsqu'il entendit ce qu'elle lui avoua, il fut surpris qu'elle dise la vérité. Cependant, le ton qu'elle employa lui fit comprendre qu'elle se moquait de lui. Au lieu d'en être vexé, il fut plutôt amusé. Il était prêt à jouer les fausses victimes effrayées quand elle se reprit pour lui donner enfin la vérité. Elle confirmait ainsi qu'elle était totalement innocente. Elle n'oserait pas lui sauter dessus en pleine campagne pour l'agresser. Leandre était davantage rassuré.

« Je dois vous avouer que c'est la première fois. »

La première fois qu'il se faisait interpeller de cette manière et la première fois qu'il se promenait avec une inconnue. Son travail lui avait appris à être méfiant mais un peu d'audace ne faisait pas de mal. Et comme elle l'avait si bien dit, elle n'avait pas l'habitude de se promener avec des inconnus. Il n'avait donc aucune raison d'avoir peur. Leandre attrapa son glaive et le brandit devant lui afin qu'ils puissent le voir correctement. Pandora avait remarqué qu'il était armé, elle lui avait même demandé si il se promenait souvent armé. Elle devait sûrement s'inquiéter pour sa vie. Son but était de lui montrer qu'elle n'avait pas à se faire du souci. Certes, brandir le glaive n'était peut-être pas la meilleure façon de la rassurer mais c'était déjà un début. Il regarda la lame avec un air songeur tout en continuant à avancer.

« La raison pour laquelle je porte cette arme est seulement professionnelle. Je ne cherche pas à me protéger d'un danger quelconque. »

Il fit un moulinet avec le glaive avant de le remettre dans le fourreau accroché à sa hanche. Il n'allait pas étaler sa vie à une parfaite inconnue. Il ne savait pas si cela l'intéressait et quand bien même se serait le cas, il n'irait pas jusqu'à se confesser. Lui donner son métier n'était pas une information dangereuse. Il ne craignait pas de le lui révéler. En réalité, si il ne voulait pas parler de sa vie, c'était surtout par éducation. Ses parents lui avaient enseigné de ne jamais discuter de sa vie avec des personnes qu'il ne connaissait pas. Il craignait également de l'ennuyer avec son histoire. Elle avait tellement l'air ailleurs que la saouler avec sa vie n'était pas ce qu'elle souhaitait. Le silence retomba, encore une fois. L'un et l'autre semblaient s'en satisfaire. A quoi bon briser une silence qui leur était agréable ? Leandre profitait de ce moment, pensant qu'il ne reverrait pas cette femme une fois la promenade terminée.

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Leandre Kyros & Pandora Nell

- J'avoue n'avoir jamais songé à m'arrêter et à profiter du cadeau des dieux.

Pandora était étonnée. Cela ne lui était donc jamais arrivé de profiter de ce que lui offrait les Dieux ? Le monde qui nous entourait était prodigieux, pourquoi ne pas en profiter ? Peut-être n'avait-il pas le temps. Ou alors, il n'y avait jamais pensé, ce qui était fort probable. Après tout, qui pouvait bien avoir l'idée de faire ce genre de chose ? Des personnes comme Pandora. Des personnes qui cherchaient un moyen de s'évader du quotidien ou tout simplement, des individus qui adoraient le spectacle splendide que la nature pouvait offrir. Et puis, quoi de mieux pour se détendre ? Mais bon, tout le monde n'était pas comme la jeune femme. Certaines personnes haïssaient faire ça, haïssaient la nature même. C'était pourtant quelque chose de fabuleux ! Il suffisait de poser son regard n'importe où pour constater que tout cette végétation ne pouvait qu'être bénéfique. Cependant, chacun à son point de vue et Pandora respectait ça.
Apparemment, se faire aborder par une personne inconnue de la sorte, était une première pour Leandre aussi. Il faut dire que c'était peu commun comme façon de se rencontrer. Mais bon, ce n'était pas bien méchant, ce n'était pas comme si Pandora l'avait agressé. Elle lui était juste rentrée dedans. Soudain, sans crier gare, Leandre brandit son glaive, ce qui surprit la demoiselle. Elle s'arrêta net. Qu'avait-il donc l'intention de faire ?! Elle n'avait pas peur cependant.. Ce n'était guère rassurant à vrai dire. Enfin, elle savait qu'il ne lui ferait rien. Pourquoi ? Parce que si il aurait voulue lui faire quelque chose, il aurait sans doute fait cela depuis longtemps. Et puis, elle avait confiance. Certes, elle le connaissait à peine mais c'était suffisant pour elle, elle avait toujours fait confiance assez rapidement aux gens, ce qui était parfois un gros défaut. Elle espérait avoir eut raison, de toute façon, au plus profond d'elle même, elle savait que l'homme qui se tenait en face d'elle n'avait aucune intentions néfastes.

- La raison pour laquelle je porte cette arme est seulement professionnelle. Je ne cherche pas à me protéger d'un danger quelconque.

L'athénienne sourit, soulagée, avant de se remettre aux côtés de son compagnon de marche. Ainsi, il était armé pour des raisons professionnels. Était-il un hoplite ? Il avait tout ce qu'il fallait pour en tout cas. Par exemple, sa carrure impressionnante. A côté de lui, Pandora avait l'air d'une.. D'une "brindille". Bref, elle ignorait si il était un hoplite mais quoi qu'il en soit, ça ne la regardait pas. Et là, de nouveau, un silence agréable et apaisant s'installa. C'était loin d'être un de ces silences gênés où personne ne savait quoi dire. Ils étaient juste.. Bien. Soudain, une idée traversa l'esprit de la jolie blonde. Elle voulait partager avec Leandre un de ces moments où elle était totalement ailleurs, c'est à dire, lorsqu'elle était allongée dans un champ d'herbe et qu'elle contemplait ce que la nature et les Dieux offraient. Cela pouvait paraitre stupide mais bon.. Elle ne pouvait pas laisser Leandre en sachant qu'il n'avait encore jamais fait ça. Certes, elle le connaissait depuis à peines quelques minutes, mais pour elle, c'était assez pour voir si une personne était bonne ou pas. Il suffisait parfois d'un seul regard pour comprendre quelqu'un, pour savoir si cette personne avait de bonnes intentions ou pas. Elle se tourna vers Leandre, le regard brillant, un sourire aux lèvres.

- J'aimerais vous montrer quelque chose. Face à son hésitation qui était tout à fait compréhensible, après tout il ne savait pas où elle comptait l'amener, elle se mit à rire. Venez, je ne vais pas vous faire de mal voyons ! Dit-elle en continuant de rire.

Et avant qu'il ne lui ait répondu quoi que ce soit, Pandora revint finalement sur ses pas et emprunta le même chemin que celui qu'elle avait prit un peu plus tôt dans la journée, celui qui menait au champ dans lequel elle s'était prélassée quelques instants plus tôt. Elle y arriva au bout de quelques minutes, tandis qu'un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres. Elle se sentait bien ici, elle était épanouie, dans son élément. Dès que Pandora était entourée de végétation, d'animaux.. elle était à l'aise. Il n'y avait rien de plus revigorant pour elle.

Il n'avait pas réalisé qu'il l'avait effrayé en dégainant son glaive. Leandre avait l'habitude de le sortir et de le brandir comme si il s'agissait d'un geste normal. Mais pour une athénienne normale comme Pandora, se devait être un geste irréfléchi et dangereux. Il ne remarqua pas qu'elle s'était arrêtée dans sa marche, trop absorbé par sa lame. Il continua d'avancer sans se retourner et sans voir qu'elle ne le suivait plus. Lorsqu'il rengaina son arme, elle était de nouveau à ses côtés. Elle ne lui posa aucune question. Elle se contenta d'avancer. Leandre en faisait de même. Le silence se réinstalla doucement. A croire qu'ils baignaient dedans et qu'ils ne pouvaient rien faire contre. Quoi qu'ils fassent, il y aurait toujours du silence. Bien que ce silence ne soit dérangeant, le hoplite aurait aimé en apprendre davantage sur cette jeune femme. Elle annonça soudainement qu'elle voulait lui montrer quelque chose. Leandre s'arrêta pour la dévisager. Quelque chose ? Cela lui permettrait peut-être de mieux la connaître mais il hésitait. Se promener avec une inconnue n'était pas bien grave mais suivre cette inconnue sur un terrain tout aussi inconnu ne lui disait pas grand chose. Le rire de Pandora eut le don de lui faire oublier son hésitation. Après tout, n'avait-il pas confiance en elle ? Il pouvait la suivre. C'était lui, l'homme armé dans l'histoire. Et elle, l'amoureuse de la nature. Tout ce qu'il risquait était de se faire attaque par un animal ou de mettre le pied dans de la boue. Autrement dit, rien de bien grave. Avant qu'il n'ait eu le temps de se décider, elle était déjà partie. Il ne perdit pas plus de temps à réfléchir si oui ou non il devait la suivre, il lui emboita le pas. Enchainant quelques foulées pour pouvoir la rattraper, Leandre retourna sur ses pas pour suivre la même route qu'elle. Lorsqu'il la rejoignit, Pandora venait de s'arrêter.

Un champ d'herbes ? C'était ça qu'elle voulait lui montrer ? Leandre s'arrêta et balaya l'endroit du regard. Qu'y avait-il de particulier ? Une question qui restait en suspend, en attente d'une réponse qui ne semblait pas venir. Il ne voyait rien de particulier, rien qui pourrait justifier qu'elle l'ait emmené ici. Il se tourna vers la jeune athénienne sans cacher sa perplexité. Il n'y avait aucun intérêt à venir ici. Pourtant, elle paraissait fière de lui montrer cet endroit. Un nouvel éclat brillait dans son regard. Celui de la liberté, peut-être. Ne souhaitant pas la vexer, Leandre reposa son regard sur le champ et lâcha un commentaire qu'il souhaitait sincère.

« C'est un très joli champ. »

Mais même à travers con compliment, il laissa percevoir son interrogation. Que fichaient-ils ici, pardi ? Avait-il eu raison de se méfier d'elle au tout début de leur rencontre ? Ou voulait-elle lui faire profiter d'un trésor invisible. Toujours est-il qu'il ne comprenait pas l'importance de sa présence à cet endroit. Il avait remarqué qu'ils reprenaient le même chemin qu'ils avaient fait quelques minutes plus tôt et qu'ils obliquaient là où ils s'étaient croisés. En faisant fonctionner son cerveau, Leandre comprit qu'elle l'avait mené dans le champ d'herbes dont elle avait parlé tout à l'heure. Elle lui faisait découvrir son petit jardin secret. Son champ à elle. Il pénétrait dans un terrain personnel. Pour cela, il devait se montrer respectueux. Prenant sa pose habituelle quand il était à l'arrêt, Leandre referma sa main sur le pommeau de son arme. Il s'imagina Pandora allongée au milieu de cette verdure. Elle se fondait probablement de le décor, pouvant ainsi découvrir milles merveilles. Elle en avait de la chance. Une chance qu'elle lui faisait partager. Combien de personnes faisaient ce genre de chose ? Il esquissa un sourire avant de s'adresser à la jeune femme.

« Je vous remercie de me faire partager cet endroit. »

Il ne voulait pas qu'elle regrette son geste. Une personne aussi généreuse et chanceuse qu'elle ne devait pas renoncer à ce qu'elle était. Elle devait continuer à être généreuse car à notre époque, peu l'étaient. Voulant faire honneur à Pandora et à son cadeau, Leandre se défit de son arme et s'installa par terre, posant le glaive à ses côtés. Il était curieux de découvrir ce que voyait sa nouvelle connaissance quand elle était là. S'assoir au milieu d'un champ était loin de ses habitudes. Lui qui était habituellement debout, à bouger constamment. Aujourd'hui, il se posait pour discuter tranquillement. Une grande première pour cet hoplite. Rester assis était presque insupportable pour le jeune homme. Comme les enfants, il ressentait le besoin de marcher, courir, s'activer pour ne pas s'endormir sur une chaise. Cependant, étant un grand patient, Leandre savait compenser son dynamisme par sa patience. Ce qui faisait un bon contre-poids. Il leva le visage vers Pandora, attendant une quelconque réaction de sa part.

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Leandre Kyros & Pandora Nell

- C'est un très joli champ.

Leandre ne semblait pas réellement convaincue. Il devait se poser des questions. Il faut dire qu'à première vue, ce champ n'avait rien d'extraordinaire. Il pouvait même paraître banale et sans intérêt. Mais pour Pandora, il était bien plus qu'un champ d'herbe. Il s'agissait d'un havre de paix. Ici, il n'y avais jamais personne à part les quelques animaux qui se baladaient ici et là. Autant dire que cet endroit était calme. Trop calme peut-être pour certaines personnes qui préféraient le bruit et la folie de la vie quotidienne à Athènes. La jeune femme ne connaissait pas réellement Leandre alors elle ignorait si il était du genre à aimer le calme ou au contraire, si il préférait l'agitation de la vie de tous les jours. Si l'athénienne venait ici, c'était justement pour fuir cette agitation, pour s'évader un peu. Quoi qu'il en soit, si elle avait amené Leandre jusque ici, c'était justement pour lui montrer que rêvasser n'était pas nécessairement une perte de temps. Il devait sans doute être quelqu'un de bien trop occupé pour ce genre de chose, cependant, elle pensait qu'il devrait prendre du temps, ne serait-ce que pour admirer les merveilles de la nature l'espace de quelques instants. Peut-être que si elle lui faisait découvrir cela, il apprécierait davantage ce que nous offrait les Dieux, à l'avenir ? En tout cas pour elle, c'était loin d'être une perte de temps de lui faire découvrir cet endroit, et quand bien même si il n'appréciait pas cela, au moins, elle aurait essayé. Et puis, Pandora savait très bien que tout le monde ne pouvait pas être comme elle, que tous les athéniens n'appréciaient pas forcément la nature.

- Je vous remercie de me faire partager cet endroit.

Leandre semblait sincère. Pandora faisait ça avec plaisir. Certes, elle le connaissait depuis peu et pourtant, cela ne la gênait pas le moins du monde de lui faire découvrir un de ses jardins secrets. On pouvait sans doute la qualifier de fille trop naïve cependant, elle lui faisait confiance. Et de par ses remerciements, Leandre lui prouvait son respect. Celui ci se défit de son glaive avant de s'assoir dans l'herbe. La jeune femme remarqua tout de suite qu'il n'avait pas l'habitude, il ne semblait pas très à l'aise. Il regardait Pandora, comme si il attendait que celle ci lui dise quoi faire. Elle sourit de nouveau, avant de s'installer à côté de lui. Il ne regardait pas au bon endroit. Lorsque l'athénienne était ici, elle observait toujours les nuages. Les formes particulières de certains l'amuser parfois et lui permettait aussi de partir vers d'autre monde, du moins, dans son imagination évidemment. Le ciel l'avait toujours fait plonger dans ses songes. Elle même ne savait pas pourquoi. Seulement, elle se disait que la haut, on devait être loin de tous soucis, on devait y être insouciant. Enfin ça, personne ne pourra jamais le savoir. Bref, ce qui lui permettait de rêver, c'était les nuages. Et c'était encore mieux la nuit. Pandora aimait observer le ciel étoilé. Cependant, c'était bien rare que cela ne lui arrive. En effet, c'était peu sur pour une jeune femme de se balader seule la nuit. Elle n'était pas inconsciente à ce point. Et elle avait beau être assez courageuse, jamais elle n'oserait se balader seule le soir, lorsqu'il fait noir. Et puis, jamais son père ne l'autoriserait à faire ça. Déjà qu'il tolérait ses balades quotidiennes dans les champs, elle n'allait pas en plus lui demander ça. Bref, elle reporta son attention sur le jeune homme.

- Vous n'avez pas à me remercier, je fais cela avec plaisir. Cependant, vous ne regardez pas au bon endroit, dit-elle, souriante.

Et après ces quelques paroles, elle s'allongea et observa le ciel. Bien qu'elle l'avait fait quelques minutes plus tôt, elle ne s'en lassait pas pour autant. A vrai dire, elle ne s'en lasserait sans doute jamais. Déjà petite, son père pensait que ça lui passerait, qu'en grandissant elle évoluerait et arrêterait donc de perdre son temps dans divers songes et illusions qui ne lui servaient à rien. Et pourtant, en grandissant, rien ne changea. Certes, elle passait désormais beaucoup moins de temps à rêvasser, étant donné que maintenant, elle devait travailler afin d'aider son père, mais elle réussissait toujours à trouver un moment où elle pouvait rêver, même si ce n'était que l'espace de quelques minutes. Bref, au bout de quelques instants, elle tourna son visage vers Leandre.

- C'est apaisant, n'est-ce pas ?

Du moins, cela l'était pour elle. Peut-être que le jeune homme n'avait pas le même point de vue qu'elle et trouvait cela ennuyeux.

Qui aurait pu imaginer ce soldat assit au milieu d'un champ ? Son élément était plutôt la foule. Il avait l'habitude de l'atmosphère étouffante des grandes rues et des champs de bataille. La tranquillité, le silence, il ne connaissait pas. Il ne prenait jamais le temps d'admirer les choses comme elles étaient. Si Corban avait été là, il aurait aimé cette jeune femme. Il y avait quelque chose dans leur manière de penser qui était commun. Corban imaginait le monde plus beau qu'il ne l'était. Pandora prenait le temps d'admirer les beautés de l'univers. Alors oui, ils auraient pu s'entendre merveilleusement. Leandre n'en doutait pas. Un jour peut-être, aurait-il la chance de faire les présentations. Pour le moment, il était assis dans l'herbe, au milieu d'un espace vert qui lui semblait bien plus grand vu d'en-bas. Ne souhaitant pas la vexer, l'hoplite se retint de dire qu'il ne comprenait pas son intérêt pour l'endroit. Tout lui semblait normal. Aucun détail n'attirait son regard. Rien de bien intéressant. Il attendit sagement qu'elle lui fasse découvrir ce qui la fascinait. Il espérait ainsi pouvoir partager son engouement mais rien n'attirait son regard pour le moment. Pandora s'installa à côté de lui. Elle lui fit gentiment remarquer que ce qu'il fallait voir n'était pas au sol mais plutôt dans les cieux, dans le domaine des dieux. Ainsi, elle se permettait d'espionner les dieux. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de l'athénien. Du coin de l'œil, il la vit s'allonger dans l'herbe. Dans les yeux de la jeune femme se reflétait le ciel bleu d'Athènes. Leandre leva les yeux. Le ciel était parsemé de petites tâches blanches que l'on appelait nuage. Le soleil était placé derrière eux, de cette manière aucun rayon ne venait les éblouir. En effet, ce ciel était étonnant. Les nuages avaient des formes différentes, des formes intrigantes. On y devinait parfois un animal ou un visage. Mais aussi, les oiseaux empruntaient le ciel pour voler et se déplacer librement.

La voix de l'athénienne lui parvint. Apaisant était le mot. Le temps semblait s'arrêter ici. Comme si en plongeant son regard dans le ciel, les dieux vous offraient l'éternité pour les regarder. Il comprenait maintenant pourquoi elle aimait tant venir ici. Il était heureux de découvrir cet endroit grâce à elle. Les trésors étaient toujours là où on ne le pensait pas, lui disait sa mère. Elle avait raison aujourd'hui. Qui aurait soupçonné que l'immortalité était à portée de main ? Leandre détourna le regard du ciel pour le poser sur les yeux tout aussi bleus de Pandora.

« Je vous l'accorde. C'est un endroit apaisant et magique. »

En regardant le ciel, il lui semblait possible de voir tous ses rêves se réaliser. Peut-être même qu'il pourrait voler comme ces oiseaux. Tout semblait possible. Probablement la force des dieux qu'il ressentait. Leandre se remit à étudier le ciel. Lui qui connaissait si bien la guerre et qui voyait la mort partout sur les champs de bataille découvrait aujourd'hui l'espoir, la vie et la liberté dans ce ciel. Il savait maintenant que lorsqu'il manquerait de motivation, il pourrait venir la chercher là, entre deux nuages. Pandora avait bien fait de lui montrer ce spectacle et lui, avait eu raison de la suivre. Il ne regrettait absolument pas.

« Vous venez souvent ici ? »

Il voulait être certain de pouvoir la revoir. Si il savait déjà où la chercher, les chances pour qu'il la revoit étaient déjà plus grandes. Il serait heureux de bénéficier des trouvailles de cette femme extraordinaire. Elle ne voyait rien comme les autres. Elle cherchait la beauté là où personne n'irait la chercher. Mais si il souhaitait également la revoir, ce n'était pas que pour faire de nouvelles découvertes. C'était également pour la connaître davantage. Ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes et Leandre se voyait déjà devenir ami avec elle. N'était-ce pas pathétique ? Si les dieux le décidaient, ils ne deviendraient peut-être jamais ami. Au contraire, ils pourraient très bien devenir des ennemis. Être l'ennemi d'un être aussi fragile et délicat qu'elle, impensable pour Leandre et tellement possible. Ils étaient les pantins des dieux. C'était eux qui décidaient. On ne pouvait aller à l'encontre de leur décision. Leandre ne ferait jamais rien pour les mettre en colère, il respectait leurs choix. Sa vie était entre leurs mains. Si il voulait une longue vie, il valait mieux que les dieux l'apprécient. Cependant, même si il devait détester Pandora, il ne le ferait que de mauvaise grâce.

Il arracha un brin d'herbe pensivement. Si de telles merveilles existaient, alors pourquoi les gens n'en profitaient pas ? Il ne s'était jamais douté que regarder un ciel pouvait lui procurer autant de liberté, autant d'espoir. Les athéniens étaient bien trop stupides pour s'en rendre compte. C'était tout de même un magnifique cadeau que leur offrait les dieux. Ils avaient donné la vie et le monde qui les entourait. Alors pourquoi ne pas en profiter ? Leandre prenait conscience tout doucement qu'il avait négligé cet univers. Il fallait y remédier le plus rapidement possible et ainsi, honorer d'une nouvelle manière les dieux. Pandora devrait également devenir prêtresse. Après tout, elle avait découvert bien plus de choses qu'une prêtresse. Elle devrait l'être. Pourquoi ne l'était-elle pas ? Il était plein d'interrogations la concernant. Et il ne trouvait aucune réponse. Il ne lui restait plus qu'à l'interroger mais il craignait de se faire trop collant.

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Leandre Kyros & Pandora Nell

- Je vous l'accorde. C'est un endroit apaisant et magique.

Lendra semblait réellement sincère et cela fit vraiment plaisir à Pandora. Partager était dans sa nature, son père l'avait élevé en lui disant que la générosité était quelque chose de bien, d'essentiel et de rare dans ce monde. Et puis de toute façon, elle n'avait rien à perdre en partageant ce genre de chose avec quelqu'un. La réaction de Leandre fit que l'athénienne ne regretta pas une seule seconde sa décision. Voir qu'il appréciait cet endroit autant qu'elle était une source de satisfaction pour elle. Et puis, si elle avait pu permettre à quelqu'un de s'évader, de rêver ne serait-ce que quelques instant, et bien elle en était heureuse. De nouveau, elle leva la tête afin d'admirer la splendeur du ciel. Pandora se disait qu'à ce moment précis, les Dieux aussi devaient être en train de les observer. Que pensaient-ils ? Étaient-ils fiers de ce que les Hommes étaient devenus ? De ce que les Hommes avaient fait de la terre que leur avait confié les Dieux ? Ou au contraire, étaient-ils déçus ? Tant d'interrogations dont personne ne pouvait connaitre la réponse, si ce n'est les Dieux eux même..

- Vous venez souvent ici ?

Plus souvent qu'il ne se l'imaginait sans doute. A vrai dire, Pandora venait dès qu'elle en avait l'occasion. Dés qu'elle avait un moment de libre, qu'elle ne devait pas travailler au marché, qu'elle avait accomplie toutes les tâches ménagères et que son père n'avait pas besoin d'elle. En général, elle essayait de passer une fois par jour au moins, pour se détendre. C'était en quelques sorte son moyen à elle pour ne pas perdre pied. Et jusqu'à présent, cela marchait plutôt bien.

- A vrai dire, je viens dés que j'en ai l'occasion. C'est le seul moment où je peux réellement me détendre.

Il faut dire que la vie de la jeune femme était bien remplie. Comme celle de tout le monde à vrai dire. Il fallait travailler, s'occuper de la maison, de la famille, de tout.. Ce qui laissait peu de temps aux loisirs et à la détente. Peut-être que si Leandre n'avait pas encore découvert les merveilles de la nature jusqu'à présent, c'était justement, parce qu'il n'avait pas de temps à consacrer à cela. Peut-être était-il trop préoccupé par son travail, par sa femme et ses enfants aussi, si il en avait. Alors, en y réfléchissant, Pandora comprenait pourquoi les athéniens ne se préoccupaient pas spécialement de la nature. Ils avaient une vie bien trop chargée pour penser à ça. Sans doute considéraient-ils cela comme une perte de temps, peut-être préféraient-ils consacrer le peu de temps libre qu'ils avaient avec leur famille, ou tout simplement désiraient-ils se reposer les rares fois où ils le pouvaient. Grâce à ce point de vue, elle comprenait désormais mieux. Cependant, c'était tout de même dommage, d'être trop focalisé sur le quotidien pour prêter attention aux choses qui nous entourent. Enfin, elle ne pourra sans doute jamais changer ça.

- Puis-je espérer vous voir ici plus souvent désormais ?

Après tout, peut-être que maintenant que Pandora lui avait fait découvrir ces merveilles, il viendrait ici pour se détendre de temps en temps. Et peut-être qu'ainsi, la route de la jeune femme et de Leandre se croiserait de nouveau. Ce que l'athénienne apprécierait. Elle trouvait l'homme d'une compagnie agréable, et elle voulait le recroiser en suite, pour peut-être faire de plus amples connaissances avec lui.

Visiblement, cette athénienne venait souvent ici et pourtant, elle ne s'ennuyait nullement. Leandre pensait qu'à force de regarder toujours la même chose, on pouvait s'en lasser. Apparemment non. En y réfléchissant bien, c'était compréhensible. La nature changeait. Ce n'était jamais le même ciel, jamais les mêmes animaux qui venaient. Des petits détails étaient modifiés ce qui rendait l'endroit plus intéressant encore. Leandre comprenait tout doucement la fascination de la jeune femme. Il ne pouvait que la féliciter de sa trouvaille. Cette prairie était un havre de paix dans une vie quotidienne bruyante. Il avait presque l'impression que respirer, troublerait la tranquillité des animaux. Et maintenant, il savait où retrouver Pandora. Puisqu'elle venait souvent ici, il n'aurait aucun mal à la retrouver. Il lui suffirait de passer quotidiennement dans les parages. Après, les dieux décideraient si oui ou non, la rencontre devait se faire. La question de la jeune femme lui fit tourner la tête dans sa direction.

Si il viendrait plus souvent ? Sans aucun doute. Enfin, si il était certain de la retrouver car un tel lieu perdait de sa magie quand on était seul. Et si elle voulait de lui. Ce champ était le jardin secret de Pandora, il ne voulait pas s'inviter sans son autorisation. Ça ne se faisait pas. Alors oui, il reviendrait mais quand elle serait là et si elle le souhaitait. Leandre était peut-être un soldat, il n'en était pas moins bourru ou malpoli. Sa mère lui avait donné une éducation qui prônait la politesse et l'amabilité. Si elle avait appris qu'il s'invitait dans un endroit secret sans l'accord de son propriétaire, qui était une femme en plus, elle l'aurait étranglé. Oui, sa mère était d'une autorité et d'une hystérie sans pareil.

« Je reviendrai dès demain ! Si vous y consentez, évidemment. »

Il lui adressa un sourire. Il serait infiniment content si elle lui disait oui. Leandre avait encore envie d'explorer ces grandes herbes et de découvrir Pandora. Il avait déjà pu apprendre qu'elle était une femme gentille et généreuse. Loin d'être le cas de la plupart des femmes de la caste supérieure. Une petite bête rousse s'arrêta à une dizaine de mètres d'eux et les étudia. Il mesurait le danger que ces deux humains représentaient, réalisa Leandre. Un peu comme lui quand il préparait un plan d'attaque. Curieux de le voir de plus près, le soldat s'allongea dans l'herbe et se mit à avancer à plat ventre. Il n'était plus qu'à cinq mètres lorsque l'écureuil sentit le danger et s'éloigna, traversant le champ et laissant Leandre derrière lui. Celui-ci le suivit du regard tout en restant coucher. A croire qu'il n'était pas assez discret. Il se releva et revint vers Pandora. Il était loin d'avoir la même discrétion et la mince carrure qu'il avait lorsqu'il était petit. Il se rappelait que son père l'emmenait souvent se promener à l'extérieur de la Cité. Il lui montrait tout ce qu'il y avait à voir. Il lui disait même de faire attention lorsqu'il s'approchait d'un animal. Dix ans plus tôt, Leandre n'aurait fait fuir aucun animal. Lui qui avait souhaité regarder l'écureuil venait de rater son coup. Il se remit assis et lança un coup d'œil penaud à Pandora.

« J'ai fait fuir l'écureuil. »

Il avait l'impression de parler comme un enfant à sa mère. Il avait été maladroit en s'approchant de la bête. Leandre devait se faire à l'idée qu'il ne pouvait plus être aussi discret qu'avant. Les muscles, c'était bien mais pas lorsqu'on tentait d'être discret. Il s'en souviendrait la prochaine fois. Les animaux avaient un instinct incroyable. Même quand on les regardait, ils étaient méfiants. Même si Leandre les admirait, il trouvait cela casse-pied d'être toujours sur le qui-vive. En tout cas, les prochains jours, il ne viendrait pas pour regarder les animaux de plus près. Si il les faisait tous fuir, il finirait par se sentir vexer et mal-aimer. Il devrait se contenter du paysage. Ce qui était déjà pas mal, après tout. Il ne fallait pas être trop gourmand.

Heureusement, les chevaux de l'armée grecque n'avaient pas peur de lui, autrement, l'armée serait belle avec ses troupes qui se dispersent dans tous les sens lorsqu'il s'approche. Les choses changeait et on ne pouvait rien faire contre. On ne pouvait qu'accepter et regarder faire. Quand un dieu prenait une décision, il fallait savoir se taire sous peine d'être puni. Leandre avait toujours acceptées les décisions divines sans se poser de questions. Que les dieux décident qu'il ne pourrait plus approcher les animaux comme il le faisait avant, chagrinait le jeune hoplite mais il comprenait. En partant dans l'armée, il avait pris la décision de s'éloigner des cadeaux de la terre. Les animaux avaient appris à se méfier de lui et lui, de vivre sans pouvoir les approcher. Ainsi était faite la vie.

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Leandre Kyros & Pandora Nell

- Je reviendrai dès demain ! Si vous y consentez, évidemment.

Évidemment, qu'elle y consentait ! Et puis, il n'avait pas besoin de lui demander l'autorisation à vrai dire. Après tout, cet endroit était à tout le monde, alors pourquoi ne pourrait-il pas y venir ? Elle n'allait certainement pas le lui interdire. Enfin, cette demande confortait Pandora dans son opinion sur le jeune homme ; il était poli, sympathique et bien élevé, ce qui n'était pas le cas de tout le monde, avouons le. Certaines personnes étaient vraiment dépourvues de politesse et étaient vraiment très désagréable. La jeune femme était déjà tombé sur des gens odieux sans aucune raison. Enfin, chacun avait son caractère, qu'il soit agréable ou pas, et personne ne pouvait y changer quoi que ce soit. Tout le monde n'était pas nécessairement gentil, bien que c'était ce que Pandora avait tendance à croire. Elle pensait vraiment vivre dans un monde où tout était rose, ce qui n'était pas le cas du tout. Ce trait de caractère, qui lui était propre, pouvait parfois lui nuire. En effet, certaines personnes sans scrupules, pouvaient aisément manipuler la jeune femme sans que celle ci ne s'en rende vraiment compte. Son père lui avait déjà dit une bonne dizaine de fois qu'elle ne devait pas faire confiance à tout le monde, qu'elle devait être plus méfiante et mois gentille, sans doute. Cependant, elle ne l'écoutait pas, alors qu'elle le devrait. Son père avait raison, et puis, il avait beaucoup plus d'expérience qu'elle avec les gens, alors il savait sans doute mieux s'y prendre, il savait comment réagir. Bref, un sourire vint illuminer, encore une fois, son visage.

- Vous n'avez nullement besoin de me consentement, cet endroit ne m'appartient pas. Cependant, je serais vraiment heureuse de vous revoir ici.

Enfin, de le revoir tout court. Oui, elle était ravie à l'idée de revoir Leandre. Après tout, sa compagnie était réellement agréable, et puis il n'avait pas l'air d'être une personne qui désirait ce servir de la naïveté de Pandora, contrairement à d'autres. Elle désirait faire connaissance avec lui, il avait l'air d'être quelqu'un d'intéressant. Bref, un écureuil qui s'était arrêté pas très loin d'eux, la tira de ses réflexions. Elle l'observa. Comme la plupart des bêtes dites sauvages, il était vraiment superbe. Et là, elle vit Leandre qui se mit a plat ventre et qui se dirigea vers lui en rampant. Évidemment, l'animal, apeuré, partit alors que le jeune homme était à environ cinq mètres de lui. La demoiselle retint un rire. Vue la carrure imposante de Leandre, il était logique que l'animal ait prit la fuite. N'importe qui pouvait être impressionné face à lui, les animaux l'étaient encore plus, surtout de si petits êtres ! Quoi qu'il en soit, il revint s'assoir près de Pandora et lui lança un regard penaud.

- J'ai fait fuir l'écureuil.

Cette fois ci, Pandora ne put s'empêcher d'éclater de rire, à cause de la tête que faisait Leandre. On aurait dit un enfant en train de se faire gronder par ses parents et cette fois ci, elle n'avait pas pue se retenir davantage. Il était peut-être déçu de n'avoir pas pu approcher l'écureuil de plus près. Cependant, les premiers jours, Pandora non plus ne pouvait approcher un animal sans qu'il ne s'enfuit. Il avait fallu beaucoup de patience et de douceur, avant que les animaux ne soient moins effrayés par elle. C'était sans doute le temps qu'ils ne s'habituent à elle. Ils s'habitueraient sans doute à Leandre aussi. C'était une question de quelques jours ou semaines.

- Ne vous en faite pas. D'ici peu, les animaux s'habitueront à vous, et vous pourrez les approcher de plus près. Certains se laisseront même caresser, dit-elle en souriant.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Elle voulait bien qu'il revienne. Et elle en était heureuse. C'était ses propres mots. Leandre avait bon espoir de la revoir et de discuter avec elle pendant des heures. Sa présence lui permettait d'oublier tous ses tracas. Il avait même oublié sa passion pour l'entrainement. Quand son père lui disait qu'une femme était capable de vous changer le plus dur des hommes, il n'y croyait pas. Aujourd'hui, il percevait la justesse de cette phrase. Cette jeune femme qu'il ne connaissait pas une heure avant arrivait à le distraire et à le faire rire. Certes, ce n'était pas un miracle. Ses proches y parvenaient aussi mais ce n'était pas la même chose. Leandre s'éloigna quelques minutes de Pandora, approchant avec sa brutalité de soldat d'un écureuil. Celui-ci ne manqua pas de s'échapper en courant. C'est avec une mine défaite que le hoplite revint auprès de l'athénienne. Il était déçu d'avoir perdu sa facilité à approcher les animaux. Enfant, il pouvait passer des heures à les observer, leur donner à manger et même parfois, à jouer avec. Avec l'âge, il avait perdu cela. Il était devenu plus grand, plus fort et plus brutal mais surtout, il s'était éloigné de la nature pour se rapprocher des armes. En ce jour, il réalisait que beaucoup de choses étaient passées à côté de lui. Il n'avait que vingt-cinq ans. Cependant, la mort était proche. En particulier pour lui. Si il ne voulait pas regretter sa vie, il allait devoir trouver une solution.

Leandre se réinstalla auprès de Pandora. Pour commencer, il allait renouer avec la nature. Cela lui faisait du bien de sentir les rayons chauds du soleil, la brise balayer ses cheveux et les oiseaux chanter. Si il devait donner une image à l'Olympe, se serait celle-ci. Un monde tranquille où le temps était figé et où la nature était telle qu'elle avait toujours été. Un endroit où on aimerait rester des heures et des heures. Qu'il devait être bon de vivre dans l'Olympe ! Les dieux avaient une chance incroyable. Ils ne s'en rendaient probablement pas compte mais ils devaient l'aimer tout comme Leandre aimait sa Cité. Il prit une grande inspiration, profitant de l'air pur. Il y avait combien de temps qu'il ne s'était pas senti aussi bien ? Des semaines, des mois peut-être. Autrement dit, une éternité. La dernière fois qu'il s'était posé tranquillement dans un coin où il n'y avait aucun bruit outre celui de la nature remontait à son entrée dans l'armée. Il avait voulu s'imprégner au maximum de cet environnement pour s'en souvenir lorsqu'il serait loin, se souvenir du pourquoi il se battait. Grâce à Pandora, il se rappelait réellement pourquoi il tuait. Pas pour protéger des civilisations entières ou pour défendre les grecs mais plutôt pour protéger ce que les dieux leurs avaient donné. Un don inestimable.

« Que diriez-vous de vous promener ? »

Il avait beau être en repos, Leandre ne supportait pas encore de rester assit pendant plus de vingt minutes. Il avait besoin de bouger ou au moins, d'être debout. Une déformation professionnelle parmi tant d'autres. Avec la découverte de ce champ d'herbes, il comptait bien remédier à son dynamisme. Après tout, il n'allait tout de même pas courir toute sa vie. Néanmoins le jour où il parviendrait à rester assit une heure n'était pas arrivé. De plus, Pandora avait peut-être d'autres endroits à lui montrer. Avant qu'elle ne lui réponde, il était déjà sur ses pieds. Maintenant, il pouvait voir toute l'étendue du champ. Une grande étendue qu'un paysan avait sûrement abandonné parce qu'il ne pouvait plus entretenir. Un jour, quand il serait bien plus âgé, Leandre reviendrait ici et peut-être, si il s'en sentait le courage, il cultiverait une partie de ce champ pour nourrir sa famille. Il avait des idées d'avenir bien éloignées de celles des autres hommes riches. Son avenir, il le voyait simple, loin de la richesse athénienne. Le jeune homme se tourna vers Pandora et lui tendit une main pour l'aider à se lever. Il lui adressa un sourire en coin.

« Vous me parlerez davantage de vous. »

Il avait envie d'en apprendre plus sur elle. Il ne connaissait que son prénom et celui de son père. Mis à part ces détails, Leandre ne savait rien. Elle semblait assez bavarde pour oser lui en divulguer davantage. Et si cela ne suffisait pas, il se lancerait, également, dans les confidences et lui raconterait sa vie.



[Désolé du retard et post pas terrible ]

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Leandre Kyros & Pandora Nell

- Que diriez-vous de vous promener ?

Pandora se contenta d'acquiescer avec comme d'habitude, un grand sourire aux lèvres. Elle avait bien envie de se promener, et puis, elle pourra se dégourdir un peu les jambes. Certes, elle aimait s'étendre dans les champs afin de pouvoir profiter de la nature, mais elle aimait aussi se balader en observant ce qui l'entourait afin de peut-être, découvrir de nouveaux endroits qu'elle pourrait explorer. Ce n'était pas en restant sur place qu'elle trouverait des lieux aussi merveilleux que celui où ils se trouvaient actuellement. Et ce n'était pas non plus en restant immobile qu'elle pourrait parcourir le monde comme elle l'avait tellement rêvé. Leandre se leva et tendit sa main a la jeune femme afin de l'aider à se lever avant d'ajouter.

- Vous me parlerez davantage de vous.

Lui parler d'elle ?! Il n'y avait pourtant pas grand chose à dire, du moins, d'après elle. Elle n'avait pas une vie passionnante.. Pandora rêvait de vivre une vie pleine d'aventures mais c'était loin d'être le cas. Non, elle n'avait pas fait le tour du monde à cheval. Non, elle n'avait pas encore visité la moindre contrée lointaines. Oui, elle ne connaissait qu'Athènes. Effectivement, malgré toutes ces envies, tous ces rêves, elle n'avait encore jamais était autre part qu'à Athènes, pour l'instant, c'était le seul endroit qu'elle avait exploré. Cependant, elle comptait y remédier un jour. Quand était la seule question qu'elle se posait. Quand pourrait-elle vraiment partir ?! Quand pourra-t-elle rencontrer de nouvelles civilisations, de nouveaux paysages ?! Ces questions restaient encore sans réponse pour le moment.. Quoi qu'il en soit, elle prit la main de Leandre avant de se relever.

- Vous risquerez de mourir d'ennui si je me mets à vous parler de ma vie ! Dit-elle en riant.

Elle prenait ça à la légère mais c'était vrai. Elle réfléchit quelques instants à ce qu'elle allait lui dire tandis qu'ils reprenaient leur balade. Le vent frais lui faisait du bien. Pandora s'était d'ailleurs toujours imaginé que le vent n'était autre que les esprits des personnes qui avaient quitté ce monde mais qui continuait à veiller sur les personnes auxquelles ils tenaient. Ainsi, ça la rassurer de croire que sa mère continuait à veiller sur elle bien qu'elle ne soit plus là. Bref, elle cessa de penser à ce genre de chose afin de reporter son attention sur son compagnon de promenade.

- Je ne sais pas vraiment quoi vous dire .. C'est mon père qui m'a élevé seul, ma mère ayant quitté ce monde quelques jours après ma naissance. A part ça, j'ai 22 ans et j'ai une vie des plus ordinaires.. Je me contente de vendre le gibier que mon père ramène de la chasse et lorsque j'ai finis tous mes tâches quotidiennes, j'aime beaucoup venir ici pour me balader, pour m'évader et rêver d'autre monde.. Mon rêve le plus cher serait parcourir le monde à cheval !

Ses yeux scintillèrent lorsqu'elle évoqua son rêve, comme à chaque fois. Une chose est sure, elle y tenait réellement, il suffisait de voir à quel point cela l'émerveillait pour s'en rendre compte. Elle était un peu comme une petite fille, d'ailleurs, son rêve était sans doute celui qu'une enfant aurait. Mais peu importe. Quoi qu'il en soit, elle avait parlé de l'essentiel, de toute façon, il n'y avait pas grand chose de plus a dire. Elle fixa Leandre, un sourire aux lèvres. C'était à elle d'en savoir plus sur lui désormais ! Chacun son tour après tout !

- A votre tour de me parler de vous ! Je suis sure que votre vie doit être bien plus intéressante que la mienne !

[ J'ai quand même posté même si c'est pas terrible sorry ♥ ]

Cela ne risque pas, faillit répondre Leandre. Les yeux hypnotisant de la jeune femme semblaient lui prouver tout le contraire. Peut-être était-ce son imagination mais le soldat avait l'impression qu'elle en savait bien plus que lui sur la vie, qu'elle avait vécu des évènements que même lui n'avait jamais vécu. Il oubliait souvent que faire le tour d'une vie ne se résumait pas à trouver un travail, vivre et voir la mort. C'était bien plus que cela et grâce à Pandora, il s'en souvenait aujourd'hui. Elle lui apprendrait ce qu'était la vie. Il en était certain. Une fois l'athénienne sur ses pieds, ils commencèrent à marcher. Il dut, par la même occasion, lâcher sa main. Il n'avait plus aucune raison de la tenir puisqu'elle était debout. Alors qu'ils avançaient, se rapprochant du sentier qu'ils avaient quitté, Pandora entama son récit. Sa mère était morte. Voilà donc pourquoi elle semblait prendre goût à la vie. Elle voulait en profiter jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus. Elle n'avait connu que son père, qui l'avait élevé. Visiblement, il n'avait pas su en faire une copie parfaite des autres femmes d'Athènes. Fort heureusement. Vingt-deux ans et une vie qu'elle définissait de parfaitement ordinaire. Elle ne réalisait donc pas qu'elle découvrait des endroits magnifiques, insoupçonnés de tous ? Elle lui annonça qu'elle vendait sur le marché le gibier tué par son père. Une vie qui semblait si simple et pourtant riche. Pandora n'avait pas le quotidien d'une femme riche. Elle connaissait le dur labeur. Pourtant, elle ne semblait pas s'en plaindre. Ses traits rayonnants prouvaient que sa vie lui convenait. On ne pouvait pas dire que l'on voyait cette expression sur le visage de tous les athéniens. Elle était la seule que Leandre ait vu.

Comme il fallait s'y attendre, la jeune femme demanda à ce qu'il lui raconte sa vie. Pour la première fois de sa vie, il hésita. Devait-il lui avouer son métier ? Il craignait de la choquer ou de la faire fuir en lui disant qu'il tuait pour vivre. Dans un sens, c'était un peu ce que faisait le père de Pandora. Il pouvait donc espérer que l'information passerait tout seul. Cependant, lui ne tuait pas d'animaux. Son gibier tenait davantage de l'homme que de l'animal. Une grande différence. Leandre comprenait que des gens soient contre son métier. Il l'aurait été également dans d'autres circonstances. Mais son métier, il l'aimait. Ce n'était pas le fait de tuer qui lui plaisait. C'était ce que son travail impliquait. Il avait un rôle important. Il faisait partie de l'armée grecque. Celle-là même qui défendait les frontières de la Grèce et qui partait en campagne pour trouver de nouvelles terres. Tout le monde ne voyait pas son métier du même œil. Ils ne percevaient que les côtés négatifs. Toujours en déplacement, tuer en continu, travailler dur, dangereux, etc..

« Je vis à Athènes depuis que je suis tout petit. J'ai eu la chance de connaître mes deux parents. Je pense que j'ai eu une enfance heureuse. Et je... euh... je suis hoplite. Donc je voyage assez souvent même si profiter du paysage n'est pas vraiment mon occupation. »

Il avait hésité mais lui avait quand même donné son métier. Si il devait y avoir une amitié entre eux, Leandre se devait d'être sincère dès les premiers moments. Pour lui, l'amitié ne se fondait pas sur les mensonges mais plutôt sur la vérité. Il était donc primordiale qu'elle le sache. Et puis si cela la déplaisait, il ne pouvait rien y faire. Il n'avait pas changé de métier pour faire plaisir à sa mère ou à sa meilleure amie, il ne le ferait pas pour une parfaite inconnue, aussi hypnotisante soit-elle. Avec son métier d'hoplite, il était amené à voyager régulièrement. Néanmoins, son attention était davantage focalisée sur l'organisation de sa troupe et le plan de bataille que sur le paysage. Bien sûr, il lui arrivait, le soir venu lorsque la pause était sonnée, qu'il regarde pendant un instant le paysage qui s'offrait à lui. Mais généralement, le spectacle était gâché par les cris de douleur de soldats blessés ou par ses pensées de guerrier. Non vraiment, il ne profitait jamais du paysage. Haussant les épaules, Leandre reprit la parole.

« Je ne crois pas que ma vie soit plus intéressante que la vôtre. »

D'ailleurs, il préférait celle de Pandora à la sienne. Sa vie semblait si joyeuse et si innocente par rapport à celle du soldat qu'il était. Lui tuait à longueur de journée et même si c'était pour protéger les Grecs de l'ennemi, il n'empêchait pas que le sang coulait de sa lame. Il aurait aimé, ne serait-ce qu'une journée, vivre la vie de Pandora, loin de toutes armes, de toutes responsabilités. Ce devait être une vie reposante bien que fatigante. Après tout, elle n'avait pas la chance de vivre dans le luxe mais cela ne la gênait pas visiblement. Mais que penserait les gens d'un homme riche qui convoitait la vie du pauvre peuple ?

(c) Vickibot & (c) Misery Angel
Leandre Kyros & Pandora Nell

- Je vis à Athènes depuis que je suis tout petit. J'ai eu la chance de connaître mes deux parents. Je pense que j'ai eu une enfance heureuse. Et je... euh... je suis hoplite. Donc je voyage assez souvent même si profiter du paysage n'est pas vraiment mon occupation.

Hoplite ?! C’était un métier dangereux .. Mais nécessaire. Pandora comprenait que la cité avait besoin d’hommes comme Leandre afin de se défendre. Son métier était tout à fait honorable. Certaines personnes devaient sans doute prendre ça mal, mais que feraient ces personnes sans les hoplites ?! Athénes se retrouverait à la merci de n’importe quelle contrée voulant la conquérir et tous les athéniens seraient vulnérables.. Certes, il fallait tuer, mais Leandre n’était sans doute pas comme toutes ces brutes qui tuaient sans aucune raison valable. Elle était persuadée qu’il ne tuait pas par plaisir, mais par nécessité plutôt. Son métier devait être dangereux et elle espérait qu’il soit prudent. Enfin, il l’était sans doute, mais Pandora avait tendance à beaucoup trop s’inquiéter pour les autres, et bien qu’elle ne connaissait presque pas Leandre, elle ne voulait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit car il était sans aucun doute une bonne personne.

– Ainsi, vous défendez notre cité.. Je crois qu’au nom de tous les athéniens, je me dois de vous remercier. Que ferions nous si nous n’avions pas d’hommes comme vous, qui soient suffisamment vaillants pour protéger Athénes. Bien que ce métier soit plutôt dangereux.

Elle se contenta de sourire tandis qu’ils continuaient leur ballade. Elle observait ce paysage qu’elle avait déjà vue des dizaines de fois. Et bien qu’elle l’ai vue souvent, elle ne s’en lassait pas et découvrait sans arrêt de nouvelles choses. C’était ça, qui était bien avec la nature. Elle n’était jamais constante, elle changeait sans arrêt. Il y avait toujours quelque chose de différent dans chaque endroit .. Que ce soit de nouveaux animaux qui viennent d’arriver, de nouvelles fleurs et plantes qui ont poussé.. La nature nous réservait toujours des surprises. On ne pouvait pas connaître toute la faune et la flore. Et là, alors que Pandora parcourait ce sentier chaque jour, elle continuait d’admirer les oiseaux qui volaient pas très loin, les lapins qui gambadaient dans les champs.. La voix de Leandre la sortie encore une fois de ses rêveries.

- Je ne crois pas que ma vie soit plus intéressante que la vôtre.

La jeune athénienne tourna son regard vers lui. Il était sérieux ?! La demoiselle était pourtant persuadée que sa vie était beaucoup plus intéressante. Son métier lui permettait de voyager, bien qu’il ne pouvait sans doute pas profiter du paysage, de sauver des vies, de défendre des citoyens.. Sa vie avait tellement plus d’intérêt que celle de la jeune femme ! Cependant, son compagnon de ballade ne semblait pas s’en rendre compte. Ou peut-être qu’à force, cette vie l’épuisait. Peut-être qu’il s’était lassé de toute ça. Enfin, peut-on vraiment se lasser de ça ? Des vies qu’on sauve, des athéniens qu’on aide.. Leandre pouvait se sentir utile au moins. Son métier n’était pas dépourvue d’intérêt, bien au contraire. Et Pandora était sure qu’il en était de même pour sa vie. Enfin, elle ne pouvait pas vraiment en juger puisqu’elle ne vivait pas du tout la même vie que lui et sa vie devait être bien différente de celle de l’athénienne. Ce qu’elle faisait n’était pas vraiment utile à qui que ce soit. Elle ne faisait qu’aider son père en vendant ce qu’il ramenait.. Rien de bien intéressant, et encore moins, de passionnant. Mais elle ne s’en plaignait pas. Certes, elle aurait voulue voyager et se rendre utile.. Mais il y avait tellement pire dans la vie. C’était ce qu’elle se disait, lorsqu’elle voyait que certaines personnes étaient obligées de mendier sur la place du marché afin d'avoir de quoi vivre.. Oui, il y avait bien pire qu’elle. Cependant, elle aurait tant voulue se sentir utile, aider les autres .. Elle se concentra de nouveau sur Leandre, sans se départir de son sourire.

– Je suis persuadée du contraire. Vous sauvez des vies, vous défendez Athènes.. Ce doit gratifiant et passionnant à vivre, non ?! Vous pouvez vous rendre utile, vous pouvez voyager.. Je suis sure que votre vie doit être vraiment passionnante !

Au grand soulagement du soldat, l'Athénienne ne désapprouvait pas son métier. Elle le trouvait même honorable, ce qui était un bon point pour lui. Si elle pouvait le voir comme une sorte de héros, ça ne le dérangerait pas du tout. Cela l'aiderait probablement à la séduire car, oui, il en était presque certain. Cette jeune femme lui plaisait. Belle, souriante et intelligente. Elle lui faisait oublier ses problèmes. Il avait même l'impression qu'il rattrapait le temps perdu à la guerre. Leandre esquissa un sourire modeste. Le remercier, pourquoi pas mais le travail d'un seul homme ne suffisait pas à protéger une Cité comme celle d'Athènes. Le travail effectué était le dur labeur de milliers d'hommes. Chacun devrait être remercié personnellement et non que lui. Des remerciements comme celui-ci donnerait encore plus de courage aux hommes. C'est ce qu'essayait de faire Leandre tous les jours. Il tentait de remotiver ses troupes en leur donnant un objectif, en leur rappelant dans leur esprit l'image d'une Athènes libre et redevable. Sans reconnaissance, leur métier n'avait aucun but. A quoi bon risquer sa vie si on ne recevait rien en échange ? Il s'était déjà posé cette question lors de ses premières années en tant qu'hoplite, lorsqu'il était sous l'autorité d'un capitaine qui ne voyait que la victoire et qui faisait passer les ordres avec trop d'autorité. Grâce à ces critiques, Leandre avait pu apprendre de ses supérieurs afin de commander le mieux possible ses hommes. Il ne se disait pas bon capitaine. Cependant, il s'espérait meilleur que certains qu'il avait eu. D'ailleurs, ses hommes venaient lui parler comme à un soldat ordinaire sauf qu'ils lui avaient juré allégeance. Il savait qu'il pourrait toujours compter sur eux, qu'aucun ne le laisserait tomber. Ils formaient une grande famille alors quand l'un était en difficulté, c'était toute la troupe qui lui portait secours. Un comportement qui pouvait être dangereux face à l'ennemi mais qui démontrait leur cohésion. Leandre avait de quoi être fier de ses hommes et il l'était. Un sourire amusé naquit sur les lèvres du soldat. Ce fut sur un ton amusé qu'il répondit à Pandora.

« Ainsi, une vie intéressante signifie risquer sa vie ? Allons donc défier un groupe de voleurs et vous verrez comme ma vie est bien plus effrayante que passionnante. »

Il n'avait aucune envie de refroidir son enjouement pour sa vie mais il devait être réaliste. Pour lui, la vie qu'il menait n'avait rien d'intéressante. Il répétait continuellement les mêmes gestes, il ne voyait que la même chose. Il se faisait l'effet d'un moulin à eau dont la roue tournait sans cesse. Alors que Pandora, elle, variait ses activités. Un coup elle vendait et rencontrait de nouvelles personnes ou parlait avec des habitués, ensuite, elle partait à la découverte de nouveaux endroits magiques comme celui qu'ils venaient de quitter. Si cela lui chantait, elle pouvait même partir pendant quelques jours. Elle était bien plus libre que lui. Et au moins, elle ne risquait pas de se blesser avec la lame d'un ennemi. Même la maladie et la famine représentaient une aventure ! De l'avis de Leandre, le quotidien de la jeune femme était bien plus passionnant que le sien. Il ne changerait pas d'opinion. A part si Pandora avait une preuve incontestable. Il le sentait, ils allaient converser sur ce sujet durant des heures et des heures.


« La vôtre est bien plus enrichissante que la mienne, je peux vous le promettre. »

Du regard d'une majorité d'Athéniens, la vie d'un soldat était magique. Il partait sur son beau cheval au galop vers des contrées lointaines pour conquérir ou sauver leur territoire de l'envahisseur. Il revenait vainqueur quelques jours plus tard, après un dur combat durant lequel sa lame encore ensanglantée avait fait de nombreuses victimes. Leandre avait partagé cette image avant d'entrer dans l'armée. Aujourd'hui, il aimerait dire à tout le monde qu'être soldat ne ressemblait pas à cela. C'était plutôt morbide. Certes, il fallait du courage. C'était d'ailleurs la seule chose vraie dans l'image du soldat. Il fallait être vaillant pour affronter une armée, pour oser risquer sa vie. Mais le métier d'hoplite, c'était surtout la mort. Il laissait derrière lui un sillage de cadavres et une odeur pestilentielle car les morts pourrissaient. Ça n'avait rien de bien glorieux. Surtout à la fin de la bataille, lorsque les soldats rentraient au camp. Ils étaient couverts de sang, de poussière, le visage noirci, la peau collante de sueurs et les pieds salis par la terre. Sans oublier le regard ternis par ce qu'ils venaient de faire. Leandre ne disait pas du mal de l'armée. Au contraire, il adorait se sentir utile. Néanmoins, garder les pieds sur terre était important. Il ne fallait surtout pas se prendre pour un immortel ou pour quelqu'un au-dessus de toutes ces morts car ça conduisait à la mort.

« Cependant, si vous souhaitez voir à quoi ressemble la vie d'un hoplite, peut-être pourriez-vous assister à un entrainement. »

(c) Vickibot & (c) Misery Angel
Leandre Kyros & Pandora Nell

- Ainsi, une vie intéressante signifie risquer sa vie ? Allons donc défier un groupe de voleurs et vous verrez comme ma vie est bien plus effrayante que passionnante.

Le sourire de Pandora s’effaça. Elle n’avait pas voulue dire que risquer sa vie était intéressant. Elle voulait juste dire que ce qu’il faisait dans sa vie avait l’air bien plus important que ce qu’elle faisait. Il pouvait aider des tas de gens. Et jusqu'à preuve du contraire, vendre de la viande n'apportait rien aux gens. Enfin si, cela les aidait à se nourrir. Cependant, cela ne sauvait pas de vie et ce n'était pas indispensable. Enfin, vue le ton amusé qu’employait Leandre, il disait peut-être ça pour la taquiner. Heureusement, puisqu'elle n’avait nullement souhaité l’offensé ou quoi que ce soit d’autre.

- La vôtre est bien plus enrichissante que la mienne, je peux vous le promettre.

Enrichissante ?! Vendre de la viande était enrichissant ?! On pouvait dire que ça lui apportait certaines connaissances en matière de gibier, de viande, mais ce n'était pas vraiment utile dans la vie. Enfin, tout dépend de ce qu’on veut dire par enrichissante. Certes, son métier avait quelques avantages. Par exemple, elle qui était très sociable, elle était heureuse de pouvoir discuter avec les clients qu’elle avait. L’athénienne avait d’ailleurs rencontré beaucoup de ses amis au marché. Et puis, en travaillant au marché, elle savait tout ce qu’il se passait à Athènes. Évidemment, ce n’était pas les ragots qui intéressaient la jolie blonde. Mais lorsqu’il s’agissait de chose importante, Pandora aimait être informée, et le marché étant un endroit où certaines personnes aiment se retrouver afin de discuter, elle pouvait donc aisément se tenir au courant. Enfin, c’est sur que vue comme cela, la vie de Pandora n’était pas si terrible et ennuyeuse que ça. Tout dépendait du point de vue.

– Si vous le dites. Mais permettez moi d’en douter.

Une légère brise arriva, faisant voler légèrement les cheveux dorés de la jeune athénienne. Elle écouta le murmure à peine perceptible du vent. Il lui arrivait parfois de s'imaginer que le vent n'était autre que le message des Dieux. Qu'à travers celui ci, les Dieux tentaient de transmettre un messages aux athéniens, de les avertir d'un danger quelconque. Enfin, jusqu'à présent, personne n'avait démontré une telle chose, et la jeune femme avait beau essayer de faire attention, lorsqu'elle écoutait le vent, elle n'entendait rien de vraiment audible. Elle reporta son attention sur Leandre.

– Cependant, si vous souhaitez voir à quoi ressemble la vie d'un hoplite, peut-être pourriez-vous assister à un entraînement.

Assister à un entraînement ?! Un immense sourire apparut sur les lèvres de Pandora. Elle serait vraiment ravie de voir Leandre s’entraîner. Ainsi, elle aurait un aperçut de la vie que menait l’hoplite. Elle pourrait voire ce qu’il faisait tous les jours. Cela lui permettrait de le connaître un peu mieux. Et la jeune femme ne demandait que ça, en savoir plus sur lui.

– Vous êtes sérieux ? Cela serait avec plaisir ! Dit-elle, enthousiaste.

Comme à son habitude lorsque quelque chose la plaisait, elle se montra très enthousiaste. Peut-être même trop enthousiaste. Mais bon, elle était comme ça. Il en fallait peu à Pandora pour qu’elle ne fasse preuve d’engouement. Elle était comme une enfant, émerveillée par un rien. Certaines personnes trouvaient cela plutôt adorable, d’autres trouvaient cela agaçant. Ca pouvait l’être. C’est vrai, qui supporterait une femme de 22 ans qui se montrait trop facilement enthousiaste, qui passait son temps à rêvasser et qui n’était dans le fond, qu’une grande gamine ? Peu de personnes avaient la patience nécessaire pour cela. Mais bon, qui sait, peut-être qu’avec le temps, la jeune athénienne changerait.. Enfin, il ne faut pas trop y compter.

Le malheureux ! Il venait de faire perdre le sourire à la jeune femme. C'était bien la première fois qu'il se sentait aussi mal d'avoir gêné une personne. Alors pour lui changer les idées, Leandre lui proposa la première chose qui lui passa par la tête : venir assister à un entrainement. Elle verrait de cette manière combien son métier pouvait être dangereux sans toute fois qu'une personne ne meurt. Et cela permettait à l'hoplite de la revoir. Il n'avait pas vraiment réfléchi en lui proposant cela mais il y trouvait son compte et Pandora également. La réponse enthousiaste de cette dernière jaillit d'entre ses lèvres et arriva avec soulagement jusqu'aux oreilles de Leandre. Il avait rattrapé son coup et elle retrouvait enfin son sourire. Jamais il n'avait souhaité couper court à sa joie ou porter atteinte à son bonheur. Voyant sa camarade recouvrer un minimum le sourire, l'athénien en fit de même. Les curieux étaient nombreux à venir regarder les soldats s'entrainer au gymnase. Il y avait aussi ceux qui venaient profiter des bains qui profitaient du spectacle quelques minutes avant de vaquer à leurs occupations. Une femme de plus ne gênerait personne. Pandora serait une spectatrice parmi tant d'autres. Ainsi, Leandre n'aurait pas à justifier la présence d'une femme dans le gymnase. Cependant, en faisant cette proposition, il avait oublié que sa blessure l'empêchait de s'entrainer. Ce ne serait donc pas lui qui s'entrainerait lorsqu'elle serait là. Il fut quelque peu déçu, oui c'était le mot. Pourtant, il n'avait rien à lui prouver, non ? Ils ne se parlaient que depuis une demie heure. Et elle n'irait que pour avoir un aperçu de la vie d'un hoplite et non pour le voir, lui. Il n'avait aucune raison de vouloir l'impressionner. Quoique, après l'histoire de l'écureuil effrayé, il aurait bien besoin de redorer sa réputation. Néanmoins, le jeune athénien rangea bien profondément sa fierté pour se concentrer sur la conversation.

« Vous n'aurez qu'à venir au gymnase lorsque vous le pourrez. »

Bien qu'il ait un poste important, Leandre ne s'était jamais mis en avant volontairement. Il restait dans l'ombre jusqu'à ce que le bon moment arrive. Ainsi, ses interventions étaient toujours pertinentes. Mais cette fois-ci, face à cette jeune femme, il semblait oublier l'humilité qui le définissait. Un bien grand tort qu'il allait réparer. Ses parents ne l'avaient pas élevé pour être sur scène et pour briller devant l'acclamation du public. Autrement, il serait devenu comédien et se serait lancé dans de nombreuses pièces de théâtre. Aujourd'hui, il serait probablement connu, ou pas d'ailleurs, si il avait été mauvais acteur. Au contraire, ses parents avaient fait de lui un homme humble et discret. Il savait où était sa place et les limites. Il ne débordait pas sur les responsabilités des autres, il n'intervenait pas là où il n'avait pas le droit. Il restait bien sage. Sauf si on le lui demandait. Mais surtout, il était discret. Il ne se mettait pas en avant et ne fanfaronnait pas lorsqu'il était parvenu à battre un adversaire. Cela avait tout de même de mauvais côtés. A trop rester dans l'ombre, on perdait des opportunités de gravir les échelons par exemple. Le hoplite ne s'en plaignait pas. Son tour viendrait et il n'aurait pas besoin de faire des signes pour qu'on le remarque. Certes, il s'agissait d'une attente frustrante mais il attendait. C'était d'ailleurs de cette manière qu'il avait fini par devenir capitaine. Et plus tôt qu'à l'ordinaire. Tandis qu'ils marchaient en silence vers un lieu inconnu, Leandre se tourna vers la jeune femme et l'interrogea.

« Savez-vous manier une arme ? »

Sa question pouvait paraître bien étrange mais pour le soldat, elle avait un sens bien particulier. Une jeune femme qui se promenait seule dans les bois, sans arme et sans aucune protection, était une proie facile pour un assassin ou un voleur. Il espérait de tout son cœur qu'elle sache manier une arme ou s'en fabriquer une rapidement. En effet, tout objet dans la nature pouvait se transformer en arme. Certes, on n'allait pas bien loin avec un brin d'herbe face à un poignard mais une pierre ou une branche d'arbre étaient de bonnes armes pour se défendre. Elles étaient, du moins, suffisantes pour assommer son assaillant et permettre à la victime de s'enfuir. L'idée que Pandora puisse se promener sans moyen de défense lui faisait froid dans le dos. Elle avait eu de la chance de tomber sur lui, aujourd'hui, mais un autre jour, elle pourrait en avoir beaucoup moins. Sa nature pessimiste revenait au grand galop. En tant que soldat, il apprenait à imaginer le pire d'une situation afin de mieux envisager les problèmes. Ici, si Pandora ne semblait pas s'inquiéter de sa sécurité, il n'avait pas à le faire. De plus, elle connaissait les environs, elle serait capable de semer son adversaire. Néanmoins, Leandre continua son interrogatoire.

« Vous promenez-vous avec une arme ? »

Il connaissait déjà la réponse : non. Non, elle ne savait pas se défendre. Non, elle ne portait pas d'arme. Quand l'on croisait son regard, on voyait combien elle adorait la nature. Elle serait incapable de faire du mal. Toutes les femmes devraient apprendre à se battre dès leur plus jeune âge. Elles étaient les cibles préférées des bandits. Pour Leandre, il était incompréhensible que personne n'y ait encore pensé. Lorsque sa future femme lui donnera des enfants, il leur enseignerait l'art de se battre. En particulier à ses filles. Il voulait être certain qu'elles seraient en sécurité à tout moment. Avec toutes les horreurs qu'il avait vu dans les villages dévastés par la guerre, il ne pouvait que se le jurer. Toutes ses femmes et ses enfants morts à cause de cruels soldats qui n'avaient rien d'autre à faire que de les tuer sur leur passage.

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Leandre Kyros & Pandora Nell

- Savez-vous manier une arme ?

Cette question surpris la jeune femme. Manier une arme ? Pourquoi devrait-elle savoir se servir d’une arme ? Elle était loin de ce monde là. En effet, Pandora avait beau admirer le courage des hommes qui partaient défendre la cité d’Athènes, jamais elle ne se servira d’une arme. Elle était incapable de faire du mal à qui que ce soit. Elle était sans doute beaucoup trop gentille et naïve pour ça. Pour elle, tout le monde avait de bonnes intentions. Certes, elle savait que des êtres peu fréquentables faisaient parfois le mal autour d’elles, mais elle se disait que si elle tombait sur une de ces personnes, elle arriverait à la calmer. Elle croyait davantage en le pouvoir des mots qu’en celui de la violence. Ce qui était sans doute une grossière erreur. Ce serait fort étonnant qu’un homme qui avait l’intention de l’agresser cesse ses agissements uniquement car l’athénienne aurait tenté de le raisonner. Puis, il y avait beaucoup plus de personnes mal intentionnées que ce que Pandora croyait. Elle était bien naïve de croire que ces individus ne représentaient qu’une minorité. C’était sans doute même l’inverse. Cela avait beau être malheureux, mais c’était la stricte vérité. Cependant, elle préférait fermer les yeux afin de se dire que tout le monde était bon et qu’il ne lui arriverait jamais rien. La jeune femme faisait sans doute beaucoup trop confiance en l’humanité. Et puis, si elle n'avait pas peur des bêtes parfois sauvages qui peuplaient la forêt, elle n'aurait pas peur d'un homme. Il lui suffirait de le semer si cela s'avérait nécessaire.

- Vous promenez-vous avec une arme ?

Deuxième question plutôt surprenante. Avait-elle l’air d’être le genre de femme qui se baladait armée ? Ce n’était évidemment pas le cas. Elle ne voyait pas l’utilité de se balader avec une arme. Elle aurait peur de se blesser, ou de faire du mal à quelqu’un par inadvertance, à cause d’une maladresse. Alors, Pandora préférait éviter les armes autant que possible. Voir quelqu’un s’en servir ne la dérangeait pas, mais autant éviter de lui mettre une arme entre les mains car, bien que ses intentions ne soient pas du tout néfastes, elle pourrait faire mal, voir même blesser mortellement quelqu’un et ça, elle ne le supporterait pas. De toute façon, elle n’était pas la seule athénienne à se promener sans arme et à ne pas savoir manier cela, si ? Cela l’étonnerait que chaque athénienne soit formée à se battre avec une arme. Enfin, certaines femmes savaient très bien s’en servir, parfois mêmes, elles utilisaient ça mieux que certains hommes. Mais ce n’était pas le cas de beaucoup d’athénienne. Bref, tout ça pour dire que non, Pandora ne savait pas manier d’arme et non, elle ne se promenait pas avec ce genre d’équipement.

- Je dois avouer que je ne me promène pas avec une arme et que je sais encore moins en utiliser une.

Il était peu probable qu’elle sache en utiliser une un jour. Son père était bien trop occupé pour le lui apprendre et c’était la même chose en ce qui concernait Andreas. De toute façon, elle n’en voyait pas l’utilité. Alors autant éviter de faire perdre du temps à quelqu’un qui lui aurait appris tout ce qu’il fallait, si c’était pour ne pas vouloir s’en servir après. Parce qu'il était évident que même si elle avait su manier cet équipement, elle n'aurait jamais voulue s’en servir, et même si cela lui serait utile contre un éventuel agresseur. Elle préférait le semer, plutôt de que s’en prendre à une personne, aussi mauvais soit cet individu.

- De toute façon, je ne vois pas à quoi cela me servirait. Je n'oserai même pas m'en servir, de peur de blesser quelqu'un.

Doucement, ils revenaient près d'Athènes, au rythme de leur conversation et de leur pas mais cela ne semblait pas les embêter. Ils étaient pris dans une conversation qui les intéressait et ils apprenaient à se connaître. Parallèlement à leur discussion, Leandre était plongé dans ses pensées. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait de nouvelles rencontres. Avec la guerre, il n'avait pas l'occasion de faire des rencontres. Il voyageait sans jamais se plonger dans les traditions et le quotidien des locaux. Il ne faisait que détruire les paysages et les habitants de l'endroit. En même temps, si une armée ennemie envahissait la Cité, il ne croit pas qu'il le prendrait bien. Il serait méfiant et vigilant. On retrouvait le même comportement partout. Alors il préférait encore la guerre plutôt que de ressentir la haine de personnes parce qu'il s'était installé avec son armée à proximité d'une ville. Ça donnait une autre apparence à la guerre. Depuis qu'il était revenu de campagne, il n'avait pas vu beaucoup de personnes. Ses parents, le maitre d'armes et bien sûr, sa meilleure amie. Celle-ci semblait avoir faire la rencontre d'un parfait inconnu dont elle était follement amoureuse. Sympa. Leandre devait encore le rencontrer pour se faire une idée sur la personne. Il savait déjà qu'il aurait un avis plutôt méfiant sur cet homme. Il ne voulait pas que l'on fasse souffrir la jeune femme. Elle était un peu comme sa sœur de cœur alors il prenait soin d'elle et veillait sur elle. Bien qu'il ne soit pas toujours là, il rattrapait le temps perdu quand il revenait. Sauf cette fois-ci. Il était parti et revenu comme un voleur. Il était parti sans la prévenir parce qu'il voulait lui éviter de s'inquiéter pour sa vie et il était revenu à Athènes sans le lui dire. Parce qu'il était blessé et qu'il ne voulait pas qu'elle le voit comme ça. Il savait qu'elle ne manquerait pas de lui crier dessus et de l'empêcher de retourner à la guerre. Et aussi parce qu'il était parti sans le lui dire, donc techniquement, il était toujours dans la Cité même si elle avait sûrement remarqué son absence. Résultat, son calcul avait été mauvais. Il savait que maintenant, il était contraint de prévenir Circée quand il partait plus d'une journée de chez lui, sous peine de se faire arracher la tête et de subir de nouvelles devinettes barbantes. C'est fou comme le rôle de meilleur ami pouvait être prenant et plein d'obligations.

Leandre s'intéressa davantage à la jeune femme. Elle se promenait seule en dehors d'Athènes, les passages étaient moins fréquents mais pas pour autant inoffensifs. Il pensait que son père lui aurait au moins appris à manier une arme ou qu'elle porterait un simple couteau pour effrayer les bandits. Mais apparemment, non. Elle était désarmée et elle parlait aux gens sans s'inquiéter des conséquences. Devant l'air interrogateur et surpris de Pandora, Leandre voulut lui expliquer ce à quoi il pensait. Il ne souhaitait pas qu'elle prenne peur en se disant qu'il se renseignait pour savoir si elle était inoffensive. « Si je vous pose la question, c'est parce que se promener en dehors de la Cité sans arme peut-être dangereux. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose. » La prochaine fois qu'il la verrait, ça serait probablement au gymnase pour assister à un entrainement d'hoplites. Elle aurait également le droit à un cours particulier de maniement d'armes. Enfin, si elle le souhaitait. Il se ferait un plaisir de lui enseigner quelques mouvements. Même si elle ne voulait pas se servir d'une arme contre une autre personne, c'était toujours mieux de savoir se servir d'une arme. Bien qu'il ne le lui souhaitait pas, elle verrait un jour que savoir manier une arme pouvait être utile. Juste savoir utiliser un poignard. Ce n'était pas une longue lame ni une arme lourde. C'était parfait pour une jeune femme. En plus, on pouvait la glisser n'importe où. Les hoplites, eux, la mettaient dans leurs chaussures, histoire d'avoir une arme de secours si jamais ils se trouvaient désarmés. Certes, le poignard nécessitait d'avoir confiance en soi et de ne pas avoir des contacts physiques parce qu'il fallait être assez prêt de l'adversaire pour pouvoir l'atteindre. Cependant, il devinait qu'avant de lui apprendre à se servir d'une arme quelconque, il allait devoir la convaincre. Trouver les meilleurs arguments. Il devait trouver la motivation de Pandora pour qu'elle ait envie d'apprendre. Ce n'était pas gagné. Il venait tout juste de la rencontrer. Et puis, ils ne se connaissaient pas. Pourquoi voulait-il à tout prix lui enseigner une matière alors que ça ne faisait qu'une demie heure qu'ils parlaient ensemble ? Il s'emballait bien vite. « Si je puis me permettre, j'aimerais vous enseigner des techniques pour vous défendre. On ne sait jamais... »

HJ : voilà ENFIN ma réponse. Désolé du retard Pandynette

(c) Vickibot & (c) Misery Angel
Leandre Kyros & Pandora Nell

- Si je vous pose la question, c’est parce que se promener en dehors de la Cité sans arme peut-être dangereux. Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose. 

Pandora ne put s’empêcher de sourire. Elle trouvait ça plutôt adorable que Leandre s’inquiète ainsi pour elle alors qu’il la connaissait à peine. Cela prouvait que le jeune homme était vraiment quelqu'un de bien. Quoi qu’il en soit, il avait beau y avoir des personnes dangereuses en dehors de la Cité, jamais la jeune athénienne n’oserait se servir d’une arme. Même si quelqu’un ayant de mauvaises intentions s’en prenait à elle, elle serait incapable de le blesser, de crainte de le toucher mortellement, parce qu’au fond, même si elle ne faisais que se défendre, elle s’en voudrait sans doute éternellement. Cela pouvait paraitre idiot puisqu’après tout, il était parfaitement normal de se défendre lorsqu’on se faisait agresser. Mais bon, Pandora était dans son monde à elle, et dans celui-ci, l’usage de toute violence sous n’importe quelle forme que ce soit, lui était inutile.

- Si je puis me permettre, j’aimerais vous enseigner des techniques pour vous défendre. On ne sait jamais… 

Pandora hésita quelques instants. Leandre ferait ça pour elle, alors qu’il la connaissait depuis à peine une demi-heure ? C’était généreux de sa part, mais elle ne savait quoi répondre. Devait-elle accepter ou refuser ? La jeune blonde ne voulait pas lui faire perdre son temps. Si elle acceptait, elle pourrait sans doute passer plus de temps avec l’hoplite et apprendre à le connaitre davantage, ce qui était loin de lui déplaire, mais elle craignait qu’il ne lui proposait cela uniquement par politesse, bien que cela l’étonnerait que l’athénien propose cela à tout le monde dans le simple but d‘être poli, il lui demandait sans doute cela parce qu’il souhaitait l’aider. Elle réfléchit donc durant quelques secondes, tandis qu’ils se rapprochaient petit à petit d’Athènes, laissant un bref silence s’installer. Il ne s’agissait pas d’un de ces silences mal à l’aise, bien au contraire, c’était plutôt un silence apaisant. Finalement, elle préféra s’assurer que cela ne déranger pas le jeune homme de lui consacrer du temps, il avait sans doute mieux à faire.

- Je ne voudrais pas vous importuner, vous avez sans doute mieux à faire que vous occuper de moi.

Cependant, Pandora se disait qu’il valait mieux qu’elle accepte l’offre que lui avait faite l’hoplite. Après tout, ça n’était pas perdue, elle n’y voyait que des avantages. Elle aurait l’occasion de revoir Leandre, de plus, ce qu’elle apprendrait ne serait pas perdue puisque même si elle ne s’en servait pas, elle aura au moins agrandis ses connaissances, ce qui était déjà pas mal. De plus, même si elle n'aimait pas la violence, il valait mieux prévenir que guérir, et ce qu'allait lui apprendre le jeune homme était sans doute inoffensif. L'athénienne se tourna donc vers Leandre, un sourire aux lèvres, comme à son habitude.

- J’accepte votre offre, si cela ne vous dérange vraiment pas, évidemment.

[ Désolée pour l'énooooooooooorme retard, je suis impardonnable là x_x ]

Avec Pandora, il savait d'avance qu'il n'avait pas intérêt à lui apprendre des techniques qui risqueraient de blesser son attaquant. Alors il lui faudrait apprendre des techniques purement défensives, des techniques qui pourraient désarmer l'assaillant et peut-être même l'assommer ou l'étourdir pendant quelques secondes, juste le temps qu'elle prenne la fuite. Leandre respectait sa volonté de ne blesser personne. Elle était pacifiste et c'était remarquable. Elle respirait la douceur et la fragilité, elle serait incapable de faire du mal à quelqu'un. C'était plutôt agréable, surtout qu'il côtoyait régulièrement des hommes armés qui ne réfléchissaient pas deux minutes avant de foncer sur l'ennemi. Ils étaient brutaux et irréfléchis, ce qui contrastait largement avec cette jeune femme. Cette élève ne serait donc pas comme les autres. Leandre devra aborder son cours d'une toute autre manière, il devra trouver une manière de la rassurer et de la mettre en confiance. L'apprentissage mettrait beaucoup plus de temps qu'avec des gamins prêts à se battre pour défendre leur territoire. Cela représentait un réel défi pour l'hoplite. Défi qu'il relèverait avec joie. Ce côté angélique et fragile de Pandora surprendrait n'importe quel adversaire si il était combiné à une bonne technique d'auto-défense. Qui pourrait soupçonner que cette athénienne au regard si innocent pouvait désarmer un homme ? Un bon effet de surprise qu'elle pourrait également mettre à profit pour désarmer ou fuir son adversaire. Et peut-être que par la suite, elle accepterait d'apprendre davantage. Il pourrait alors lui enseigner l'art de manier une arme. Il lui donnerait alors un poignard. C'était l'arme la moins impressionnante qui existait. De plus, il ne voyait pas Pandora se promener dans les champs avec une épée à la main. Il s'agissait d'une arme plutôt lourde et difficile à manier. Le mieux serait donc le poignard. Enfin, il n'en était pas encore là. Le but de Leandre n'était pas de la transformer en monstre tueur de méchants bandits. Il espérait qu'elle resterait elle-même tout en prenant conscience des dangers de la vie. Il voulait continuer à savoir qu'elle se promenait dans les champs avec son insouciance. Sans pour autant courir de danger. « Vous pourrez être certaine que vous ne me gênerez pas. J'ai tout mon temps, ces dernières semaines, alors je me ferais un plaisir de vous enseigner quelques techniques. » Un peu d'action ne lui ferait pas de mal. Son quotidien était plutôt calme ces derniers temps. En l'entrainant, il ne pourrait pas aggraver sa blessure, n'est-ce pas ? Puisque Pandora travaillerait physiquement plus que lui. Et puis tant pis, il pourrait toujours demander à une autre personne de faire les démonstrations ou il les ferait lui-même si il se sentait capable.

Les premières silhouettes de bâtiments d'Athènes apparurent. Il était temps de se quitter. Leandre se tourna vers la jeune femme. Il avait l'espoir de la recroiser un jour et que sa proposition l'enthousiasme autant qu'elle avait semblé le dire. Ainsi, il pourrait la retrouver, apprendre à la connaître davantage. Ils avaient découvert le monde de Pandora aujourd'hui. Elle lui avait montré son champs, son petit coin de paradis. La prochaine fois qu'ils se rencontreraient, l'hoplite lui ferait découvrir son monde à lui, celui des armes. Il souhaitait sincèrement qu'elle viendrait le voir au gymnase. C'était le maitre d'armes de la Cité qui verrait d'un mauvais œil la venue de cette jeune femme. Si Orion refusait que Leandre l'entraine au milieu de ses propres élèves, ils trouveraient un autre endroit. Toujours est-il qu'il lui montrerait dans quel monde il évoluait. Il y tenait. Ainsi, il lui montrerait une facette de l'armée, elle qui semblait si fascinée par cela. Une fois qu'ils furent à l'intérieur de la Cité, il se tourna vers Pandora tout en s'arrêtant de marcher. « Ma chère amie, nous allons devoir nous quitter. Si ma proposition vous plait encore, peut-être nous reverrons-nous au gymnase. » Il esquissa un léger sourire. Aucun doute que, dans les prochains jours, il allait passer ses journées à proximité du gymnase afin de la voir arriver. Il serait idiot de la louper alors qu'il lui a proposé de lui donner des cours. Il ne voulait pas donner une date où se retrouver, de peur qu'elle se sente forcée de venir. L'obliger à lui rendre visite serait contraire aux valeurs de Leandre. De plus, il ne souhaitait pas qu'elle vienne par dépit plutôt que par envie. Les sentiments de chacun seraient alors faussés. « Passez une agréable journée, Pandora. Et faites attention en vous promenant. » Il lui fit un signe de la main puis s'éloigna pour rejoindre sa maison. Il était heureux d'avoir fait cette nouvelle rencontre et il se demandait ce qui allait en découler. Mais surtout, si ils allaient se revoir car une rencontre dans les champs ne liaient pas forcément deux personnes même si ils avaient discuté pendant quelques minutes. Les Dieux décideront de ce qu'adviendra leur relation.