L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné
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 L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné

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Orion Attis.
Orion Attis
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MessageSujet: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptyMar 9 Aoû - 15:13

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DAPHNE & ORION ♣

Que Zeus foudroie les Athéniens les plus fourbes et sauve ainsi les âmes pures qui occupaient la ville. Orion avait fulminé toute la matinée. Oh oui, il fulminait. Combien de fois avait-il repris des jeunes hommes qui n’avaient commis que des erreurs futiles ? Combien de fois avait-il accidentellement esquissé un mauvais coup d’épaule ou une mauvaise joute armée qui avait manqué de blesser son adversaire ? Le fait était là. Le fils d’Icare faisait preuve d’un professionnalisme déconcertant quand il s’agissait de son métier de professeur d’armes. Il n’était jamais déconcentré, il aimait impressionner ses élèves et leur montrer de quoi ils seraient capables plus tard. Il faisait partie de ceux qui donnaient l’exemple sans jamais montrer leur supériorité. L’humilité était toujours présente. Mais voila. Dans ce monde à la fois civilisé et sans pitié, il y avait bien une personne qui pouvait faire perdre le contrôle à Orion. Daphné. Sa chère cadette. Et malheureusement comme le soupçonnait les Athéniens présents à son cours, elle devait encore avoir fait des siennes pour qu’Orion arrive au gymnase d’une humeur massacrante, comparable à un ours mal léché. Ils n’en avaient rien dit mais ceux-ci se doutaient qu’à la moindre manifestation d’un être étranger, le cours s’arrêterait net et il leur rendrait la liberté sans aucun véritable au revoir. Chacun s’espionnait discrètement incrédule sans savoir comment réellement réagir. Serait-ce véritablement une aubaine de stopper plus tôt l'entrainement pour des raisons aussi futiles qu'une dispute entre frère et sœur ? Ils en doutaient.

Alors qu’Orion montrait à un adolescent comment manier le glaive pour ne pas se laisser avoir par sa lourdeur, un enfant débarqua brusquement à l’entrée du gymnase, intimidé par autant d’hommes armés. Chacun s’arrêta pour ne pas l’effrayer, baissant leurs armes à terre. Orion remarqua leur manège et tourna la tête pour apercevoir celui qu’il espérait depuis plusieurs heures. Enfin, il allait pouvoir laisser aller sa colère. « Hyppolite. Approche donc petit soldat, n’aie pas peur. » L’enfant s’approcha alors de lui lentement, furetant de son petit regard brun les alentours. Hyppolite était l’un des élèves de la classe que Daphné tenait depuis peu et accessoirement son petit voisin. Il ne le connaissait pas beaucoup et n’avait aperçu sa petite tête qu’en de rares fois. Mais toute la perversité d’Orion était là. Il savait que Daphné l’aimait beaucoup et lui demandait parfois quelques services en échange d’un sou. L’homme n’avait aucun mal à donner de son argent à un enfant qui vivait dans la modestie depuis sa naissance : il préférait ça que d’investir dans des esclaves à qui on ne pouvait jamais faire réellement confiance. Hyppolite savait de toute évidence où se trouverait sa maitresse en ce moment même. Et c’était tout ce qu’il voulait savoir. « Monsieur Orion Attis, je viens vous prévenir. Daphné est sorti sur le marché… » « Merci mon garçon, tu as parfaitement rempli ton contrat. Suis-moi je vais te donner ta récompense. » Il ébouriffa la tête du gamin puis se releva, retrouvant son autorité faciale. Il passa sa main dans ses cheveux puis finit par annoncer : « Malheureusement l’entrainement d’aujourd’hui sera plus court que prévu. Rentrez et reposez vous, je veux des guerriers Athéniens en forme et prêt à écraser des futures troupes. » Un fin sourire s’afficha sur son visage pour rassurer ses élèves puis il leur tourna le dos pour aller jusqu’à l’armurerie donner ce qu’il avait promis à Hyppolite : une deuxième drachme. Alors que ce dernier s’enfuit en courant après l’avoir remercié, Orion quitta les thermes pour prendre le chemin du marché. La vente promettait d’être mouvementée cet après-midi.

Orion arpentait depuis peu les étalages, se retenant d’acheter une grappe de raisins dès qu’il en voyait une. Ces fruits auraient le pouvoir de calmer la jalousie qui s’exprimait depuis toute la journée en lui mais il fallait se retenir : il perdrait toute crédibilité face à sa sœur s’il avait une grappe en main, tel Dionysos sur son sofa. Alors qu’il arrivait près des stands de céréales, son regard bleu se stoppa net sur une chevelure longue et parfaite, nuancée de reflets dorés. S’il ne ressentait pas l’envie de lui hurler dessus, quitte à provoquer un scandale public, il aurait été attendri devant tant de beauté. Daphné était si belle, si intelligente, elle aurait mérité de faire partie de la caste supérieure… Peut-être même de l’Assemblée. Mais le destin en décidait autrement. Il ne doutait pas qu’elle ferait sa place même si elle chamboulait beaucoup de traditions et qu’elle provoquait bon nombre de disputes. Parfois Orion se devait de la remettre en place. Et c’est ce qu’il allait faire. Sa voix se porta haute pendant qu’il s’approchait d’elle à grands pas, manquant de bousculer les passants qui apparaissaient devant lui : « Daphné, te voila enfin. » Elle n’était pas rentrée hier soir. Ou alors tellement tard que son ainé avait fini par s’endormir, exténué devant l’attente. Depuis l'épisode des Panathénées, il s'inquiétait sans cesse et pour n'importe quelle raison. Il se doutait qu’elle était encore avec un homme, personne ne laisserait une femme sortir aussi tard. Sauf lui. Frère indigne qu’il était, il avait manqué à ses responsabilités. Et il s’en voulait tout autant qu’à elle. Orion arriva alors à sa hauteur. Jetant un regard froid au marchand, il sortit quelques drachmes qu’il lui remit sans ménagement en main avant de lui arracher presque la commande des mains. Sans prendre le temps de lui accorder une politesse en guise d’au revoir, il saisit le bras de sa sœur avant de tenter de l’emmener plus loin. Evidemment, plusieurs yeux inquisiteurs et avides de disputes se tournaient déjà vers eux et Orion contenait tant bien que mal une colère qui s’exacerbait. Serrant les dents, il murmura d’une voix agacée : « Tu ne te rends pas compte de ce que tu fais. Es-tu donc si immature ? »
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Daphné Philippine.
Daphné Philippine
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MessageSujet: Re: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptyMer 10 Aoû - 15:30

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DAPHNE & ORION ♣

Ce qu'elle pouvait aimer le marché ! C'était un lieu où tous pouvaient se mêler, Demeter en était témoin. Il n'y avait presque plus le poids des castes, tous ondulaient entre les étals à différents rythmes, se chargeant les bras de victuailles ou autres achats plus ou moins utiles. Elle prenait un grand plaisir, réellement, à se fondre dans cette masse compacte, à se mêler au reste d'Athènes et à observer ses concitoyens. Enfin, tous n'étaient pas citoyens évidemment... C'étaient là tous les aléas de la vie, de la hiérarchie du sang, de la naissance, du pouvoir. Elle ne regrettait pas sa naissance, enfin, pas vraiment : de toute façon, elle restait persuadée qu'elle était capable de s'élever encore un peu dans la société, elle n'avait pour cela besoin que de temps et de patience. Elle patientait en flânant un peu, voilà tout.

Elle huma l'air quelques secondes, les yeux fermés, les autres sens en éveil. elle se rapprochait de l'étal d'épices, elle le sentait, c'était partout autour d'elle, ça flottait dans les airs et c'était comme un avant-goût du piquant de la vie des dieux tant aimés, vénérés, craints. Elle aimait tout ce qui lui piquait les papilles, ce qui mettait de la nouveauté et de l'action dans la nourriture. Daphné aimait particulièrement apprendre à connaître les différentes saveurs épicées des autres contrées. Elle prenait un grand plaisir à acheter de nouvelles trouvailles pour les tester, les goûter, les déguster et les détailler. L'arum romain n'était pas dans ses mets favoris mais certaines épices plus orientales par contre... Elle voyageait à travers ces sensations, elle n'avait que ça pour quitter son Athènes, sa vie, ses repères : elle aimait à se perdre dans cet inconnu. Elle se rapprocha de l'étal après avoir rouvert les yeux : on pouvait y voir de toutes petites étoiles, de quoi éclairer toute la rue. Elle passa près d'un sac d'épices qu'elle ne connaissait pas et comprit que c'était ça, ça trouvaille du jour. Elle conversa avec le marchand sur les façons de la cuisiner, de la manger mais surtout d'en découvrir absolument toutes les saveurs : Orion en serait ravi, elle en était certaine. Orion... Son frère allait encore la sermonner, elle le savait, ça aussi. Il ne tolérait pas qu'elle puisse se débrouiller seule, il ne le voulait pas et cherchait sans cesse à la protéger. Mais de quoi ? De la vie ! Elle devait se brûler pour savoir qu'il ne fallait pas trop s'approcher du feu ! Elle devait faire comme tous les jeunes dieux avant elle : apprendre de ses erreurs. Seulement, Orion n'était pas d'accord avec ça, il l'aimait bien trop, elle le savait.

Après avoir réglé son caprice culinaire, elle se dirigea vers l'étal suivant : les céréales. Elle aimait particulièrement celui-ci pour une raison qu'elle préférait garder pour elle. quand elle était certaine que personne ne la voyait, elle se plaisait à plonger doucement sa main au coeur d'un sac de graines. Cette sensation la faisait frissonner. Elle n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qu'elle ressentait mais elle aimait ça. aujourd'hui, elle s'approcha d'un sac de blé, tourna discrètement son regard de chaque côté puis glissa ses doigts fins entre les grains de blé irréguliers. Elle sentait l'écoulement des grains le long de sa main tandis qu'elle l'enfonçait un peu plus dans le sac. Elle aurait continué quelques secondes si une voix connue ne s'était pas manifestée dans son dos... Orion. Elle retira vivement sa main du sac mais ne se tourna pas de suite. Elle ne voulait pas avoir l'attitude d'une enfant prise en faute : elle n'était plus la petite fille d'autrefois et elle ne faisait rien de mal. Sauf que son frère prit es devants. Il l'attrapa sans ménagement et l'attira loin de l'étal à grains : elle sentait monter en elle une sorte de rage mêlée à une presque incompréhension de son attitude. Elle pouvait voir sur son visage crispé qu'il allait lui arriver quelque chose de tout sauf agréable. Elle devait se contenir, tout faire pour ne pas envenimer la situation, pas en place publique du moins. « Orion, je t'en prie, pas ici, pas maintenant. » murmura-t-elle à son frère. « Je ne sais même pas ce que tu me reproches. Et puis d'ailleurs, que fais-tu ici ? As-tu réellement délaissé tes hommes pour venir jouer au grand frère ? »

Ça avait été plus fort qu'elle, elle n'avait pu s'en empêcher. Un feu ardent la brûlait de l'intérieur, une envie de pousser Orion et de lui dire de la laisser vivre un peu. Qu'avait-il donc ? Faisait-elle réellement des choses dont elle devrait avoir honte ? Non, elle n'avait rien à se reprocher, elle avait une vie qui entrait parfaitement dans les mœurs, il ne pouvait pas lui reprocher d'écarts de conduite. Elle se dégagea un peu trop vivement de son étreinte pour ne pas attirer l'attention des curieux. Peu importait, elle n'était pas d'humeur à se contenir bien trop longtemps.
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Orion Attis.
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MessageSujet: Re: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptyMer 17 Aoû - 17:56

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DAPHNE & ORION ♣

Partout c’était l’effervescence. Les semelles en cuir claquaient frénétiquement sur les pierres pavées de la grande place de l’agora. Souvent, les éclats de voix et les conversations futiles les couvraient aisément et à observer cette foule vivante et avide de richesses alimentaire ou matérielles, on pouvait croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Athènes avait pourtant subi beaucoup d’évènements sombres et inquiétants ces derniers mois : d’abord l’attaque du port qui n’avait révélé aucun coupable à ce jour présent. Les dieux n’étaient pas décidés à punir les criminels et Poséidon avait déjà démontré son courroux. On se remettait peu à peu de la destruction des quais, le poisson recouvrait de nouveau les étals. Et dernièrement les Panathénées avaient viré au cauchemar alors que chacun des convives s’étaient vu plongés dans une espèce de transe hallucinatoires dont peu n’avait que de souvenirs –et des plus embarrassants. Autant dire que toute cette pagaille entamait sérieusement la confiance qu’Orion portait à sa cité mère. Personne n’était à l’abri d’une nouvelle attaque ou de temps plus sombres. Les hoplites et soldats de l’armée n’avaient-ils pas été de nouveau réquisitionnés ? Dorénavant, il savait qui devait-il surveiller et à qui pouvait-il confier sa vie. Autrement dit, ces personnes se comptaient sur les doigts d’une unique main. Et tous ses citoyens qui trainaient sur le marché d’apparence respectable ne parvenaient plus à trouver crédit à ses yeux de soldat inné. Ainsi, dès lors que le sang de son sang, plus connu sous le tendre nom de Daphné avait le malheur de disparaitre de sa vue pendant une trop longue durée, les angoisses reprenaient le dessus. Indubitablement.

Les effluves alléchants du marché ne suffisaient donc pas à apaiser la nervosité légendaire d’Orion. Il n’avait pas crié, pas encore du moins. Ses gestes étaient contrôlés malgré la poigne avec laquelle il avait agrippé sa cadette Daphné. Seuls quelques regards acérés qui avaient eu vent de la fusion parfois trop présente entre les deux jeunes gens pouvaient déceler sa mâchoire contractée, ses yeux azur ombragés d’une lueur de colère. Il tentait de tourner le dos au plus gros de la foule mais certains n’étaient pas dupes et risquaient déjà des coups d’œil par-dessus leur épaule pour ne rien rater de l’orage qui se préparait. Car Daphné savait tout aussi bien que sa patience avait des limites et dès lors qu’il avait du délaisser ses éphèbes de leur entrainement physique, rien de bon n’était annoncé. Sans sourciller, elle adopta la stratégie de l’innocence. C’était bien la seule femme qui osait lui tenir tête, quand bien même il la dépassait d’une bonne tête justement. Sa responsabilité de maitre d’armes lui conférait pouvoir et puissance et bien qu’il ne se sentait pas plus supérieur qu’un autre de ses compagnons du gymnase, il avait déjà remarqué quelque crainte dans leurs prunelles. Qu’on le prendrait pour Arès qu’il ne s’en porterait pas plus mal ! Son égo de mâle était satisfait. N’oubliant pas la raison pour laquelle il s’exposait aux curieux, il ne cessa de porter son attention sur Daphné, ne se préoccupant pas des autres : « Nul besoin de jouer au grand frère. Ton ainé était déjà là à surveiller tes pas que tu marchais encore à quatre pattes comme les agneaux. » Cette petite pique gratuite ne manqua pas de faire apparaitre un faible rictus mesquin et taquin que seule la jeune femme était en mesure de remarquer. Retrouvant pourtant bien vite son sérieux, il poursuivit d’une voix plus impérieuse: « Dès lors que tu daigneras regagner la maison chaque soir, tu apaiseras les inquiétudes d’un frère et tu éviterais à quelques nouvelles recrues de voir leur entrainement écourté par ta faute. » Malgré lui, ces derniers mots furent appuyés sur un ton de reproche. Le fait était là. Daphné recherchait la reconnaissance et l’émancipation et il suffisait qu’elle découche un soir pour déclencher les élans sur protecteurs et possessifs d’Orion qui l’étouffaient tant. Allait-elle se justifier ? Sans doute que non. C’était à la fois chose évidente mais tellement frustrante. Elle n’avait plus de compte à lui rendre et quand bien même il s’était promis de veiller sur elle, il fallait se rendre à l’évidence : elle n’avait besoin de personne désormais. Une vérité aussi prouvée qu’elle serrait son cœur de frère : elle était loin la petite fille qui grimpait sur son dos quand elle avait besoin de sortir de sa couche, de peur que des créatures mythique cachées sous son lit ne s’emparent de ses petites chevilles…

Enfin, alors qu’il croyait qu’il avait obtenu toute son attention, cette dernière se dégagea un peu trop vivement de son emprise, elle savait bien ce qu’il en découlerait. Davantage vexé dans son égo que surpris de ce geste, il leva les mains légèrement en même temps que sa voix : « Allez va-y, ose faire un scandale ici ! » Se rendaient-ils compte qu’ils fonçaient tous les deux droit dans le mur, et d’un seul et même élan ? C’était bien là le malheur dans la relation entre Daphné et Orion, sitôt qu’on les confrontait, on obtenait le plus fusionnel des amours fraternels ou la foudre des plus désagréables à partir du moment où elle obtenait un public avide. Et les divinités elles-mêmes étaient au premier rang au même titre des clients dont certains stoppèrent leur marche pour assister à la dispute. Distinguant peu à peu qu’il se donnait en spectacle, Orion sentit d’un coup la moutarde lui monter au nez. Une soudaine bouffée de chaleur oppressante s’empara de lui et d’un mouvement rageur, il essuya son front du revers de la main, libérant au passage quelques mèches brunes qui retombèrent devant son regard bleu. « Je vous prierai Athéniens de vaquer à vos occupations. Le théâtre n’a pas encore ouvert ses portes. » Lâcha-t-il d’un ton méprisant tandis qu’il fusillait du regard les visages qu’il croisait. Douce ironie, quand on savait que la seule personne en mesure de calmer cette boule de nerfs était également la raison de cette irritabilité…
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Daphné Philippine.
Daphné Philippine
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MessageSujet: Re: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptySam 27 Aoû - 16:53

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DAPHNE & ORION ♣

Par les dieux, ce qu'il pouvait l'agacer ! Alors que des murmures commençaient à se former tout autour d'eux de façon plus insistante, Daphné ne pouvait se soustraire au regard accusateur de son aîné. Elle n'en avait pas envie : le soutenir était sa façon de lui montrer qu'elle était sous sa protection, certes, mais pas sous ses ordres. Elle le défiait. Elle savait ce que ça allait induire mais elle avait été prise par surprise, ne s'était pas préparée avant de recevoir les foudres d'Orion et s'emportait. La nuit précédente... C'était donc ça ? Il s'inquiétait à cause de ça ? Non, il ne s'inquiétait pas, il était en colère, il n'aimait pas ne pas avoir le contrôle de la situation et Daphné échappait à son contrôle... Elle n'aimait pas avoir à lui rendre des comptes, à se justifier à tout va. Par Athéna ! Elle était une femme dotée de bon sens et son frère le savait ! Pourquoi en faisait-il une situation douteuse ? Pourquoi montait-il ainsi sur ses grands cheveux ? Doutait-il de sa soeur ? Avait-il des doutes sur sa conduite, ses actes, ses paroles ? Comment pouvait-il avoir si peu confiance en elle ? Peut-être que le temps avait agi bien plus que ce qu'elle avait cru, peut-être que le fait de grandir avait fait muer leur relation... Mais elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait pas se dire que Orion n'avait pas confiance en elle ou que, pire, il la considérait comme une jeune femme désirant vivre dans la débauche, l'excès. Daphné voulait profiter de sa jeunesse, mais elle se contentait d'activités respectables, elle avait été élevée ainsi et Orion le savait.

Il devait y avoir autre chose, c'était forcément ça. Orion ne pouvait pas penser de telle chose de sa cadette, il ne pouvait pas la voir comme une jeune fille apposant une marque négative sur leur famille. Daphné se demandait parfois si son aîné n'avait pas du mal à accepter le fait qu'elle ait grandi et qu'elle soit capable de prendre ses décisions et surtout, de ne pas lui demander constamment son avis. Elle volait de ses propres ailes et perdre le contrôle sur cette petite soeur devenue indépendante bien trop vite devait le perturber. Il n'avait pas réellement eu le temps de s'y habituer. Oui, la jeune athénienne préférait cette justification-là. « Orion, arrête, par Zeus, arrête... » murmura-t-elle à son aîné. « Veuillez nous excuser, nous venons de perdre un cousin. » dit-elle plus fort pour tenter de dissiper la foule. Ils n'avaient pas besoin de ça, ils n'avaient pas besoin de se donner en spectacle pour le plaisir de la foule : il y avait le théâtre pour cela, qu'ils y aillent et qu'ils profitent des acteurs spécialisés dans le domaine. Daphné détestait tout ce qui se rapportait aux rumeurs, aux claquement de langues des vipères bavardes qu'on retrouvait à chaque étal du marché. Elle se débrouilla pour qu'Orion la suive vers un coin plus isolé, où les oreilles indiscrètes ne seraient plus un problème. Elle se devait de maintenir sa réputation pour espérer conserver son travail.

Elle croisa les bras sur sa poitrine, délaissant le sourire charmeur qu'elle avait affiché pour les curieux. Elle le fusillait à nouveau. Même si elle savait que son frère n'avait pas forcément tort, elle se refusait à accepter son inquisition. Premièrement, sa propre vie ne concernait qu'elle tant qu'elle ne ternissait en aucun cas la réputation de leur famille. Deuxièmement... Elle n'aimait pas être prise en faute comme lorsqu'elle était enfant. Orgueilleux les enfants d'Icare ? Oui, bien sûr, c'était ce qui faisait que la relation au sein de la fratrie était sans cesse en mouvement. De la complicité à la dispute, des rires aux cris... D'un extrême à l'autre pour ces deux personnes au sang chaud et au caractère fort. « Je peux savoir en quoi mes activités personnelles te concernent ? J'ai tout le même le droit d'avoir des loisirs autres que tenir notre maison en ordre, enseigner l'art de la littérature aux enfants et t'écouter me raconter les exploits de tes soldats, ne crois-tu pas ? Je suis une personne à part entière Orion, pas une extension de ta propre personne. Tu ne peux pas me contrôler à ta guise, je ne suis plus l'enfant qui te suivait partout et qui voulait copier chacun de tes gestes. » Lâcha-t-elle d'un ton sec. « Rends-toi à l'évidence : tu n'apprécierais pas que je vienne avec toi auprès de tes soldats et que je joue de mes faibles muscles de femme, n'est-ce pas ? » Demanda-t-elle, un sourcil levé, sur un ton légèrement altier. Elle allait se calmer mais il fallait que ça sorte, que ce trop-plein soit déversé afin de retrouver une relation plus calme, plus complice.
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Orion Attis.
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MessageSujet: Re: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptySam 24 Sep - 9:24

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DAPHNE & ORION ♣


A quoi servirait-il de le conjurer d’arrêter, Daphné savait tout aussi bien que lui que tous deux avaient hérité de l’obstination paternelle. Celle qui avait fait d’Icare le maitre d’armes le plus reconnu d’Athènes, celle qui avait faire d’Icare le père le plus inflexible comme le plus disponible, le pater familias dont tout le monde aurait rêvé, celui qui vous fait craindre les foudres du ciel mais qui est capable de se rouler dans la fange pour le simple plaisir de jouer encore avec ses progénitures. Oui, ces dernières avaient toujours été aussi bornés l’un que l’autre et si on reconnaissait à Daphné une force de caractère, l’acharnement d’Orion relevait bien plus de celui d’un âne plutôt capricieux. Alors qu’il avait enfin réussi à l’avoir à ses côtés –et Hestia savait que les moments où ils étaient réunis ensemble dans leur foyer devenaient de plus en plus rares, il n’allait certainement pas obéir sagement et s’en aller gaiement après avoir collé un baiser affectueux sur la joue de la jeune femme. Lorsque Daphné prétexta la mort d’un proche, Orion fit une grimace dégoûtée tout en marmonnant dans sa barbe hirsute quelques blasphèmes à l’encontre des passants. Si son égo appréciait qu’on l’admirât lors de ses démonstrations intrépides dans l’antre réservée du gymnase, il exécrait d’autant plus qu’on puisse penser du mal de lui parce qu’il exhibait un peu trop à son goût les affaires familiales sur la place du marché. Prenant une grande inspiration, il ouvra alors la bouche pour faire une remarque cynique à l’adresse d’un homme dont le regard avide était un peu trop subjugué par les formes de sa cadette. Mais celle-ci, perspicace, eut la présence d’esprit de l’attraper par le bras pour l’éloigner de la foule et de recueillir un peu plus d’intimité. C’était moins de deux. La colère d’Orion devenait proportionnelle à sa capacité à se comporter comme un ours, poils et violence compris. Si sa jalousie diminuait au fur et à mesure que le silence reprenait doucement ses droits, il n’en était pas moins apaisé et au vu de la moue de Daphné, le mauvais quart d’heure ne terminerait pas de sitôt. La joute était même engagée.

Les traits contrits, les lèvres pincées, Orion écoutait d’une sourde oreille les justifications de sa sœur. C’était toujours la même rengaine qui retentissait. Oui elle était une femme libre. Oui elle avait ses propres droits sur sa vie et sur ses activités. Oui elle pouvait tout à fait se promener comme bon lui semblait sans rendre de compte à personne. Ne voulait-elle pas acquérir le droit de vote aussi lors de l’Ecclésia ? Ou même s’engager dans les rangs de l’armée ? Sa dernière réflexion lui arracha un sourire amusé et railleur. Il ne manquait plus qu’elle vienne empiéter sur son territoire militaire ! Tout juste parvenait-elle à soulever le lourd glaive, il n’osait imaginer si elle se décidait en plus à le manier férocement. Le sérieux sur le visage de Daphné contrastait à présent avec la mine réjouie d’Orion qui se moquait clairement d’elle. Elle était si naïve… « Je ne te laisse pas assez de libertés ? Etais-je au courant que tu venais ici ? M’en avais-tu pipé le moindre mot ? » Non, c’était le petit Hyppolite qui lui avait soufflé en échange de quelques drachmes corrompus. Encore un secret qui s’étouffait dans l’or. « Tu crois réellement que je t’enferme à double tour dans ta prison familiale ? Pardonne-moi si toutefois ton chez toi ne te convient plus, peut-être devrais-je te marier à un riche marchand ? A défaut de te laisser faire ce que tu désires, peut-être apprécieras-tu d’être contrainte à rester chez toi du moment que tu as quelques belles draperies pour compenser ta solitude ? Peut-être même te laissera-t-on le choix d’en choisir les tissus ! » Parfois, même souvent, Orion se comportait comme le propre mari de Daphné. Possessif, terriblement macho et misogyne, il entrait parfaitement dans la catégorie des futurs maris traditionnels. Bien qu’en apparence, il paraissait plutôt libéré des idéaux athéniens, amical et séducteur, il n’en restait pas moins un homme étouffé par ses responsabilités. Il souhaitait tellement faire comme son père, être le meilleur des hommes, le meilleur des frères, le meilleur des maris qu’il en oubliait qu’il n’en avait pas encore la maturité suffisante. Orion compensait le célibat trop tardif de Daphné dont il rejetait la faute sur lui-même en agissant comme tous les hommes qu’il n’aurait justement pas voulu voir au bras de sa belle.

« Le fait que tu sois encore seule ne te confère pas le droit de te penser supérieure aux autres femmes. » Tandis qu’il pointait le doigt vers ces femmes, quelques mètres plus loin, qui derrière leur sourire épanouis dissimulaient grande frustration sociale, il fixait Daphné d’un air accusateur. Malgré lui, les mots dépassaient sa pensée. Et en plus de lui rappeler qu’elle devenait vieille fille, il la remettait à sa place d’athénienne, autrement dit à quasiment rien. Il avait toujours secrètement rêvé à l’élévation de Daphné, il la soutenait même parfois dans ses initiatives de s’émanciper de sa condition. Mais les craintes demeuraient et avaient si tôt fait d’aveugler Orion. Soulevant devant ses yeux le paquet de vivres qu’il avait sèchement payé au commerçant plusieurs minutes plus tôt, il poursuivit, légèrement tremblant : « Tu es faite pour ça. Pour enseigner aux plus jeunes, pour pavaner dans les rues, pour te délecter des arômes, pour exhiber ta beauté. » Rabaissant son bras, il sentit sa voix défaillir : « Quand bien même tu es la plus intelligente des femmes, aussi courageuse qu’Athéna, aussi tenace qu’Artémis, je n’ai pas le droit de te laisser aller à ton gré. Tu es sous ma responsabilité. Tu n’es plus une enfant mais tant que tu demeures seule, c’est à moi que tu devras rendre des comptes. » Il retrouva son autorité agaçante. « Que tu le veuilles ou non. »
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Daphné Philippine.
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MessageSujet: Re: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptyMer 2 Nov - 14:47

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DAPHNE & ORION ♣

Daphné serrait les dents tandis que son frère déballait sur elle les affaires de leur vie. Le fait qu'elle soit une femme célibataire, qu'elle se doive d'être correcte aux yeux des citoyens, qu'elle était sous la responsabilité de son aîné... Elle savait tout ça et le pire, c'était qu'elle savait qu'Orion avait raison. Si elle ne voulait pas le lui avouer, ce n'était pas une vaine question d'orgueil, c'était juste pour faire vivre cette illusion aussi longtemps que possible, elle voulait croire que cette flamme de liberté qui dansait sous ses yeux et qu'elle poursuivait n'était pas une chimère mais qu'elle pouvait finir par s'en emparer. Elle n'avait pas des rêves de grandeurs, d'or de reconnaissance... Non, elle voulait juste exister. Elle voulait vivre, cueillir le jour et ne pas se sentir opprimer par des conventions ne s'appliquant sur elle uniquement parce qu'elle était issue du sexe "faible" et qu'elle n'était pas aussi bien née qu'une autre. Peut-être qu'au fond, ces envies étaient déjà bien trop grandes, bien trop ambitieuse pour une toute petite préceptrice comme elle... Elle préférait l'espoir et c'était pour cela qu'elle n'en faisait qu'à sa tête, pour ne pas baisser les bras et se laisser envahir par ce que voulaient les coutumes. Malheureusement, Orion en pâtissait et ça, ça n'avait pas été prévu. Daphné n'aurait jamais imaginé que son frère puisse s'inquiéter à ce point, qu'il puisse y voir plus de mal que de bien et surtout, que certaines personnes extérieures lui en fassent part... C'était ce qu'elle avait compris de tout ça : si Orion avait vent de tout ce qu'elle faisait alors qu'elle pensait être discrète, c'était bien parce que d'autres individus lui rapportaient ses actes. Bien ou mal attentionnés, aux yeux de la belle athénienne, ça ne restait que médisance et commérage de bas étage. Certes, ils avaient raison d'un certain côté de mettre au courant celui qui était responsable d'elle, mais en même temps, en parler signifiait que c'était mal, n'est-ce pas ? Quel mal y avait-il à vouloir s'instruire ? En quoi l'envie de découvrir le monde était-elle répréhensible ? Dans une Athènes changeante et se modernisant, la fille d'Icare agonisait encore et toujours. Elle étouffait sous un amoncela de règles et de regards mauvais. Un simple coup d'oeil lancé en direction de l'effervescence de la rue en disait long : des passants faisaient mine de regarder ailleurs alors qu'ils ne faisaient en réalité que les observer, elle et Orion. Elle en avait des hauts le coeur. Toute cette hypocrisie la rebutait.

« Je sais tout cela, Orion. Tu me l'as répété à tellement de reprise qu'il me sera impossible d'oublier la moindre de tes paroles même lorsque les Trois Vieilles Dames auront décidé de mon sort. Seulement, n'est-ce pas pour aller au-delà de ça que nous nous battons ? » murmura avec une force paradoxale la jeune femme à l'attention de son frère. Elle ne voulait pas être entendue. Elle ne voulait même pas avoir cette conversation ici avec son frère seulement, les dieux en avaient visiblement décidé autrement. Daphné ne voulait pas d'esclandre, elle devait donc peser chacun de ses mots pour ne pas irriter son aîné... Elle devait aussi prendre sur elle pour ne pas se laisser aller à la colère. « Il me semble que nos parents nous ont élevés dans les valeurs de la démocratie et c'est en ça que nous devons être fidèles... Je conçois que l'on doive se plier aux règles et c'est en ce sens que je respecte le fait que je sois sous ta protection mais... » Elle inspira longuement, laissant sa phrase en suspend. C'était dur d'aborder un tel sujet, mettant en scène des souvenirs d'enfance heureux. Leurs parents n'étaient pas morts, certes, mais leurs visites si peu fréquentes laissaient tout de même un vide en elle. « ... ne devons-nous pas savoir où commencer à vivre notre liberté ? »

Elle lisait beaucoup, beaucoup trop peut-être. Se nourrir de récits de guerre romancés n'était pas la meilleure chose à faire pour une jeune femme comme elle... Elle ne devrait pas s'identifier à ces femmes ayant pour compagnons des hommes droits, justes, cherchant la liberté et l'égalité à tout prix... Elle ne devrait pas se bercer d'illusions et pourtant, elle n'y pouvait rien. Et cela créait en plus de nombreuses sources de conflit... Elle était lasse de ces disputes reprenant sans cesse le même refrain : elle comprenait, il avait raison mais de toute façon, elle recommençait toujours car elle avait au fond d'elle ce petit quelque chose qui la poussait à vouloir affronter les limites afin de les faire battre en retraite. Daphné n'aspirait plus qu'à une chose, interrompre ces disputes, même si ça signifiait laisser de côté un débat non clos : Orion et elle y reviendrait forcément dès que l'occasion se présenterait, c'était inévitable. Seulement, elle préférait que ça se passe chez, elle voulait avoir l'occasion de donner de la voix, de pouvoir dire ouvertement ce qu'elle pensait, d'entendre son frère pester tout haut. Elle aimait quand ils ne se préoccupaient pas du monde extérieur, quand ils n'étaient que tous les deux... Là, c'était juste impossible... « Orion, rentrons s'il te plait... »
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Orion Attis.
Orion Attis
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MessageSujet: Re: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptySam 7 Jan - 13:15

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DAPHNE & ORION ♣

Combien de fois lui avait-il répété tout ça maintes et maintes fois avec toujours le même espoir que Daphné ne finisse par l'imprimer et ne se décide enfin à redevenir la petite fille qui ne pouvait sortir sans son frère ? La référence de sa cadette au sujet des Trois Vieilles Dames emplit Orion d'effroi. Allier les maîtresses de la mort à la juvénile Daphné était tout bonnement impossible. Pourquoi diable les femmes devaient-elles toujours s'inquiéter de l'avenir, au prix du moment présent ? Il portait déjà bien assez le poids de son futur pour elle sans même réclamer rien en retour sinon de l'attention et quelque peu d'obéissance il fallait l'avouer. Elle usait d'un ton à la fois mielleux et encourageant, comme à chaque fois qu'elle tentait de maîtriser les pulsions colériques d'Orion. Elle savait pertinemment que peu importe l'endroit ou le moment, si toutefois il sortait de ses gonds, les Dieux eux-mêmes n'auraient pas de mal à entendre de quoi il en retournait. Il se retenait tant bien que mal parce qu'il tenait à son immaculée réputation à laquelle la sagesse de son père avait longtemps contribué. Nerveux, Orion ne tenait plus en place. Son regard scrutait chaque détail du visage féminin, ses oreilles étaient aux aguets du moindre indiscret qui oserait vouloir recueillir des échos juteux. Son talon faisait s'envoler la poussière de l'asphalte et sa main droite qui tenait encore la commande pressée que Daphné n'avait eu le temps d'achever agitait le paquet comme s'il ne contenait rien d'important. Si les Athéniens en quête de vivres n'étaient pas si proches de lui, peut-être même aurait-il joué avec le pommeau de sa lame, tic irrépressible et douteux qui accompagnait généralement une angoisse envahissante. Commencer à vivre sa liberté ? Ne le faisait-elle déjà pas quand leurs parents les avaient laissé à leur propre destinée, sacrifice que peu de citoyens auraient effectué ici. Il n'était pas rare de voir dans les rues d'Athènes des foyers où jusqu'à 3 générations se réunissaient parce que la valeur de la famille était plus importante au dépit de l'individualité. Daphné Philippine n'était pas un exemple de femme à plaindre. A son âge, aurait-elle déjà du être épouse depuis quelques années et peut-être déjà mère. Orion savait malheureusement que là n'était pas son souhait et qu'elle trouvait finalement son compte à son exigence quant à ses éventuels prétendants. Tôt ou tard, leur mère les rappellerait à l'ordre mais pour l'instant chacun vaquait à son propre quotidien et avoir un œil sur elle en faisait partie. « Donne-moi l'exemple, toi qui sais si bien. Toi la préceptrice, détentrice du savoir, apprends-nous l'inconnu. Apprends-toi l'indépendance et lègue-moi la solitude. Vis ta liberté, trouve-toi un foyer décent. Tiens. TIENS !  » Hurla-t-il tandis qu'il s'emparait violemment de la main de Daphné pour y laisser tomber son achat.

A peine venait-elle de le conjurer de rentrer, qu'Orion tournait déjà les talons mais dans l'intention de rentrer seul cette fois-ci. Interrompre son entraînement, renvoyer des apprentis soldats chez eux sans même savoir si le lendemain on les enverrait novices à la guerre. Chaque fois il délaissait sa fonction pour ses frasques, elle n'en voulait pas mais chaque fois il ne pouvait s'en empêcher. Parfois même le petit Hyppolite qu'il engageait à l'occasion s'empressait de venir le voir pour les moindres nouvelles même inintéressantes. Quelques adolescents s'étaient risqués à s'entretenir avec lui pour tenter de le rassurer, lui qui abandonnait pourtant sa vie de famille à l'entrée du gymnase dès lors qu'il devenait le maître d'armes engagé. Il n'avait jamais pipé mot sur sa sœur entre ses murs mais ils étaient tous au courant de la relation conflictuelle qu'il entretenait avec Daphné. Même quand on s'y refusait, les rues d'Athènes finissaient toujours par connaître la vie de ses habitants. Les divinités y façonnaient leur divertissement – lorgner sur ces pauvres âmes en attendant qu'elles ne viennent les rejoindre. Alors qu'il traversait à longues enjambées le grand marché qui s'étendait sur plusieurs mètres, faisant tinter le métal de son armure. Il ne passait pas inaperçu d'autant plus lorsqu'une jeune femme en fleur lui courrait après. Car telle était le tableau parfait : l'un fuyait l'autre le rattrapait. Des aimants toujours trop proches et trop éloignés à la fois. Il ignorait ses appels et aspirait à rejoindre les thermes pour s'y défouler en toute quiétude. Soudain, dans la précipitation, il risqua un œil derrière lui comme l'enfant qui cherchait à ce qu'on le suive. Sans s'en rendre compte, il percuta de plein fouet un marchant qui portait entre ses bras robustes une dizaine d'amphores en équilibre avec une adresse venue de nulle part. Malheureusement, le choc lui fit lâcher le contenu entier, fracassant au sol milles morceaux. « Qu'Hadès ne vole ton âme dans la seconde avant que je ne fasse de ton corps de la viande pour ses chiens ! » Proféra l'inconnu tandis qu'il s'avançait menaçant vers Orion. Peu effrayé pour un sou mais pantois du revirement de situation, il se contenta de lâcher d'une voix monocorde : « La maladresse n'est défaut que lorsqu'on ne regarde pas devant soi. Je m'excuse de la méprise. » « J'en ai rien à faire de ta méprise, athénien. » D'une main puissante, le marchand mécontent repoussa Orion en arrière. Il avait beau le dominer d'une tête – chose rare quand on considérait la taille d'Attis, l'état impulsif dans lequel il s'était mis quelques minutes plus tôt ne le poussait pas à la plus grande des politesses. Tandis que des yeux abasourdis et avides se posaient sur les deux hommes, Orion avait occulté toute présence de sa sœur. Elle seule pouvait pourtant reconnaître la lueur sournoise qui illuminait son regard bleu. La même lueur que lorsqu'il frappait habilement le mannequin adversaire, lorsqu'il admirait une lame fraîchement affûtée, lorsqu'il regardait passer les hoplites en rangs passer la capitale. « Je vous avise de retourner à vos étals maintenant. »
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Daphné Philippine
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MessageSujet: Re: L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné   L'anxiété est la foudre des ménages ♣ Daphné EmptyMer 1 Fév - 15:35

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DAPHNE & ORION ♣

« Orion ! » cria-t-elle en vain... Son aîné avait déjà tourné les talons pour s'éloigner au plus vite d'elle. Daphné savait dans quel état d'esprit il se trouvait, elle ne le connaissait que trop bien et était bien consciente que la retraite était la tactique la plus appropriée pour la situation... Seulement elle n'avait pas envie de conclure cette discussion sur une dispute, sur un désaccord profond : elle n'avait pas envie de subir le regard noir d'Orion lorsqu'il finirait par rentrer dans leur foyer. Elle y était certes habituée mais ça ne signifiait pas qu'elle aimait ça. Elle tentait de le rattraper, de réduire la distance entre eux qui, à son grand désarroi, ne faisait que croître : était-ce une transposition de la distance qui s'installait dans sa relation avec son frère ? Elle ne voulait y croire. Ils avaient toujours eu de nombreux différents, bien avant le départ de leurs parents, ils avaient grandi en se confrontant l'un à l'autre, c'était ce qui avait fait leur force, leur amour fraternel. Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui tout devait-il se compliquer autant ? Bien sûr qu'elle voulait être libre de ses mouvements, de ses pensées, de ses choix mais les dernières paroles d'Orion l'avaient foudroyée sur place. En lui disant de se trouver un foyer, c'était comme s'il l'avait chassée de chez eux, comme s'il lui disait que sa présence n'avait pas d'importance à ses yeux, comme si... Elle était un fardeau. Après tout, Orion était célibataire et leur ménage à deux ne dérangeait donc personne... Seulement, le jour où il daignerait enfin prendre une épouse, que ferait-il de sa soeur ? La placerait-il dans une maison ? La garderait-il au sein de leur foyer encore un peu tout en s'activant réellement pour la marier ? Daphné ne voulait pas se marier. Pas tout de suite : elle se disait encore jeune et avoir beaucoup de choses à vivre avant de devenir maîtresse de maison mais la réalité était tout autre. Le belle athénienne espérait secrètement obtenir un mariage d'amour, elle espérait pouvoir rencontrer son Orphée. Elle voulait croire en cette âme-soeur, cette personne façonnée par le Destin pour elle. Elle se berçait d’illusions et tout cela c'était à cause de ses lectures, de ses loisirs. La majorité de la littérature se déclinait en thèses scientifiques, en thèse philosophique mais certains orateurs savaient parfois conter de belles épopées dans lesquelles les protagonistes réussissaient à déjouer les plans des dieux les plus mesquins et étaient récompensés par les autres dieux de l'amour, le vrai. Pourquoi pas elle ? Parce qu'elle n'était qu'une fille du peuple, parce qu'elle n'avait pas un nom qui se murmurait à travers les contrées, parce qu'elle était seulement la fille d'Icare, jeune femme trop curieuse enseignant quelques petits choses à des enfants qui eux étaient voués à de grandes choses...

Elle fut alors bousculée dans ses pensées par un grand fracas. Elle avait suivi son frère en laissant ses pensées s'aventurer dans de nombreuses directions et elle en avait oublié de rester attentive. Seulement, là, elle allait devoir faire très attention : son frère avait bousculé un marchand et celui-ci n'avait guère apprécié le contact... Et la perte de sa marchandise. Daphné d'en voulut : si Orion était dans un état de colère avancée, c'était entière de sa faute et c'était donc de sa faute s'il ne gardait pas son calme... Parce que c'était de ça dont il s'agissait : elle pouvait voir dans ses yeux toute la frustration et la colère qu'elle avait engendrées reportées sur le marchand qui venait d'avoir la très mauvaise idée de poser sa main sur le fils d'Icare... La belle athénienne aurait aimé pouvoir fermer les yeux et changer d'endroit mais elle savait que ça ne serait nullement efficace. Elle devait trouver le moyen de calmer son frère et cet homme qui faisait une affaire d'un petit rien : après tout, Orion l'aurait remboursé, cela ne faisait aucune doute. « Orion, nous sommes en retard... » tenta-t-elle en souriant faussement au marchand dont le regard semblait s'aligner sur l'état d'esprit de son frère. Elle prit le risque de se placer entre les deux hommes ce qui n'était ni une chose à faire lorsque deux coqs s’apprêtaient à battre des plumes, ni lorsque l'on était une femme. Encore une fois, elle allait trop loin mais selon elle, c'était pour la bonne cause, c'était pour son frère, pour l'aider, pour éviter le scandale... « Ecoutez monsieur, nous allons payer pour les dommages infligés, nous sommes réellement désolés. » Elle tendit une main vers Orion espérant qu'il lui remettrait une bourse pleine à vider... « Je n'ai que faire de votre argent, je vais simplement vous apprendre à regarder devant vous. » cracha-t-il en direction d'Orion, posant une main sur Daphné pour l'écarter de sa route... Elle garda l'équilibre de justesse, ne s'attendant pas à ça...

Le marchand venait de commettre l'ultime faux pas... Orion était furieux mais il aimait sa soeur, Daphné n'en doutait pas. Elle savait surtout ce que cela signifiait : l'homme allait le payer et elle ne le volait pas...

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